l'ADVTV (association des victimes de troubles du voisinage), change de nom pour s'appeler "association anti bruit". Elle existe depuis 30 ans au niveau national. Elle a tenu le 30 janvier des assises, à l'auditorium Jean Dame, mairie du IIe. Le Maire Jacques Boutault a tenu a accueillir les participants et à leur adresser un message de soutien, alors même qu'il commence à être la cible de critiques sévères à propos de l'aménagement de son secteur.
L'ADVTV, section Paris, est membre du "Réseau Vivre Paris !" dont nous vous annoncions le lancement dans notre article du 24 janvier. Autour de la présidente Anne Lahaye, et de la responsable parisienne Eliane Bado, un panel de personnalités était réuni : Dr Philippe Ritter, membre du conseil national du bruit, spécialiste des pathologies causées par le bruit, Clément Boyé, psychothérapeute des maladies liées au bruit, la lieutenante Gaudelas et la brigadière Marck, de la préfecture de police de Paris, une avocate du barreau de Paris, Me Boccara, et un représentant de la magistrature, le tout sous la présidence du député Eric Diard, président du conseil national du bruit.
Les médecins sont formels : le bruit a des effets dévastateurs sur la santé. Pour celui qui en est la cause, le reste du monde n'existe pas. Seul son intérêt compte. Chez celui qui le subit, avec répétition (c'est le cas d'une musique amplifiée), le procédé s'apparente aux techniques de torture par le réveil. Au plan psychologique, la victime le vit comme une agression de la part d'un adversaire qui agit sciemment à son encontre. C'est le phénomène de la "fixation paranoïde".
Comment lutter efficacement contre ce fléau que les français considèrent comme la plus grave des nuisances environnementales ?
Il y a les bruits de la rue. Ils sont le fait des terrasses et des consommateurs qui boivent et fument sur l'espace public. Il n'y a pas de base juridique solide pour verbaliser bien que les gérants d'établissements soient tenus pour responsable du comportement de leurs clients. En revanche, une façon de lutter contre l'invasion des terrasses est d'en limiter le nombre et la taille. La Mairie de Paris semble découvrir l'étendue du phénomène. C'est pourtant elle qui délivre les autorisations !
Rue Montorgueil (IIe) : les terrasses occupent la quasi totalité du trottoir. Les bars/restaurants exigent à présent de la Ville de disposer de toute la largeur. 15 bars/restaurants du quartier ont mandaté un avocat à cet effet. Justification : les piétons peuvent marcher sur la chaussée. C'est un faux argument, que nous combattrons : des véhicules circulent sur la chaussée, notamment les deux-roues motorisés. Les personnes fragiles ont besoin de la sécurité d'un trottoir.
Il y a ensuite la musique diffusée par les établissements qui accueillent du public : bars, restaurants, discothèques. Trop d'entre eux sont ouverts toute la nuit. Les intervenants de la préfecture ont rappelé l'existence du "bureau d'action contre les nuisances". Il faut s'adresser à eux par écrit (*). Ils réagissent immédiatement et viennent constater chez les plaignants s'il y a effectivement une émergence sonore répréhensible au titre du décret de 2006 qui qualifie d'infraction un bruit "nuisant". Elle l'est à partir de 3 décibels (au-dessus du bruit de fond), la nuit. Rappelons que 3 décibels correspondent à un doublement du volume sonore.
L'infraction pour tapage diurne ou nocturne est du ressort du pénal. S'il s'agit de voisins, il est conseillé de demander l'intervention de la police d'arrondissement, qui pourra rédiger un procès-verbal destiné au Procureur du tribunal compétent.
Si elle est le fait d'un professionnel (bar, discothèque), l'intervention de la préfecture pourra déboucher sur une "étude d'impact", à charge de l'exploitant, qui déterminera s'il y a matière à des mesures d'insonorisation ou de limitation de volume des amplis (dépenses à la charge du gérant), mais aussi à des décisions de fermeture administrative particulièrement dissuasives.
La pression du lobby des boissons et de la nuit a atteint son paroxysme ces dernières semaines. De nombreux journalistes nous ont appelés pour comprendre ce que pensent les habitants de cette campagne. Nous avons répondu qu'elle est artificielle car Paris n'a jamais accueilli autant de visiteurs (29 millions par an, selon Wikipedia) et n'a jamais été aussi active la nuit. Les professionnels en veulent encore plus. Ils ne se soucient pas des habitants. C'est une erreur de leur part : privée de ses citadins, privée de vie, la ville de Paris n'aurait plus d'attrait et deviendrait un vulgaire parc d'attractions. En ce qui nous concerne, notre choix est fait : il est hors de question de partir et notre modèle, s'il en faut un, est plutôt Rome que Las Vegas.
(*) Préfecture de Police de Paris, Direction des Transports et de la Protection du Public (DTPP), Bureau d'action contre les nuisances, 12 quai de Gesvres - 75 004 - Paris - Tél. 01 49 96 35 06
Pour adhérer à l'association "Vivre le Marais !", cliquer ICI
Merci pour l'intéressant compte-rendu de cette réunion à laquelle je n'ai malheureusement pas pu me rendre...
Elle prouve que ni les autorités ni le législateur n'ont vraiment la volonté de régler ce problème de santé publique pourtant prioritaire et urgent !
Rédigé par : Monique B-F | 02 février 2010 à 19:23
La présentation faite par le Dr Ritter au cours des assises confirme ce que dit MG Dorgeuille dans son commentaire ci-dessus. Notre oreille interne comporte des "cils" qui sont mis en vibration par les sons et transmettent l'information au cerveau. C'est comme ça que nous entendons. Nous naissons avec un capital de cils. Sous l'effet d'une exposition trop forte aux bruits, ces cils se brisent comme du verre et les dégats sont irréversibles.
Les photos prises au microscope qui nous ont été montrées sont malheureusement très explicites.
Gérard Simonet
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 01 février 2010 à 18:58
"les nuances sonores sont en voie disparition dans beaucoup de lieux publics... où le bruit ambiant est tel qu'il empêche les gens de s'entendre et de discuter sans parler fort" dit Christian Hugonnet, Président de la semaine du son qui s'est achevée il y a peu (voir l'étude du Figaro, 11 janvier 2010). Il va jusqu'à évoquer une forme d' "addiction aux décibels".
Et les sons ne sont plus ce qu'ils étaient... "On fait marcher le cerveau en surrégime" avance le Président du syndicat des audioprothésistes, P. Arthaud, se référant aux manipulations réalisées sur les sons grâce aux techniques nouvelles.
Chez les musiciens, les jeunes instrumentistes jouent de plus en plus fort et entendent de moins en moins bien: témoignage de Mélanie Thiébaut, chef d'orchestre.
Résultat d'une enquête sur des adolescents de moins de 17 ans: plus d'un adolescent sur 10 souffre d'un début de surdité.
"On a réussi à diminuer les surdités d'origine professionnelle.... et on va observer une recrudescence de celles dues à des expositions de loisirs". Or
les séquelles sont irréversibles.
Notre santé physique aussi bien que mentale est en cause.
Ainsi, cet authentique cri d'alarme n'est pas seulement celui de tel ou tel quartier, il nous concerne tous et partout.
Rédigé par : MG Dorgeuille | 01 février 2010 à 17:35
Le statut juridique de ce quartier pose en effet un problème
IL a été conçu comme "à circulation réglementé", car il y a parking, clinique , etc et donc des trottoirs
Un des objectifs était de redonner les trottoirs aux piétons, lesquels étaient encombrés par les camions /voitures
Le Maire du 2e est très "vélos"
Il souhaitait que les vélos puissent circuler dans les 2 sens
le seul moyen, était de qualifier la zone"piétonne"
Elle a donc été qualifiée de "piétonne"
mais elle ne peut pas être vraiment piétonne
et le Maire explique que c'est une zone pas vraiment piétonne, même si elle est qualifiée comme telle.
Pour éviter toute procédure, il suffirait de revenir à la situation juridique antérieure , puisque J P Maurel a précisé que désormais, il était possible de décider que les vélos pouvaient rouler à contre sens même si la zone n'est pas piétonne
Rédigé par : Anne | 31 janvier 2010 à 20:54
"Rue Montorgueil (IIe) : des véhicules circulent sur la chaussée, notamment les deux-roues motorisés."-la circulation y est réglementée, mais elle n'est pas appliquée aux deux-roues motorisés qui ont transformé le quartier piéton en un vaste champs de courses et/ou parking (on le voit sur la photo...). Jamais ces véhicules ne sont verbalisés-mais c'est un autre sujet (quoique le bruit nocturne en résulte).
Rédigé par : André | 31 janvier 2010 à 18:49