Immeuble du 2 rue du Pas de la Mule (IIIe). Beau portail avec voute en "anse de panier".
On sait peu de choses sur la rue du Pas de la Mule. Simplement que son percement date de 1603 et qu'elle permet de rejoindre la place des Vosges au boulevard Beaumarchais en traversant la rue des Tournelles. Les nos pairs sont dans le IIIe, les nos impairs dans le IVe. On note qu'elle gravit une pente au-delà de cette rue pour atteindre le talus sur lequel reposent les immeubles du boulevard. On suppose qu'elle doit son nom à un dispositif dit "pas de mule" qui permettait de monter plus facilement cette rue à cheval.
Une chronique nous apprend que dès 1560, "le premier président du parlement de Paris, Gilles Lemaistre, passait par là monté sur une mule, suivi de sa femme dans une charrette et de sa servante sur une ânesse, allant le soir voir pendre les gens qu'il avait jugés le matin". Voilà qui est parfaitement sinistre et quelque peu misogyne.
Entrons par ce portail. On découvre une cour entourée de bâtiments XVIIIème siècle, que le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais considère intéressants donc "à conserver et à mettre en valeur".
L'édicule qu'on entrevoit sur la gauche n'a pas lui cette chance. Il est en "tâche jaune" donc "à démolir". Comme la tendance observée dans l'élaboration de la nouvelle version du PSMV est carrément en faveur de la conservation de l'existant, et que de surcroît ce bâtiment est fort utile car il abrite le gardien des immeubles, il a toutes les chances de survivre.
Approchons nous du portail du fond en notant le caractère féerique et exhubérant du cadre, que la photo rend bien.
On s'attend tout naturellement à trouver dans ce décor de marquise, niche, arcades et menuiseries, derrière le portail, un escalier superbe. On n'est nullement déçu.
Ce bel escalier du XVIIIème siècle avec sa rampe en fer forgé est menacé toutefois de laisser sa place à un ascenseur. C'est apparemment le voeu des propriétaires. Parions qu'il s'agit plus vraisemblablement des occupants des étages supérieurs (3ème, 4ème ?).
La Commission du Vieux Paris en a été saisie par la Mairie de Paris. Dans sa séance plénière du 15 septembre 2011, elle a émis un avis défavorable à ce projet. Le Maire de Paris n'est pas tenu de l'écouter mais nous nous permettons de dire, en cette circonstance, qu'il serait mal avisé de ne pas le faire. Le PSMV a la particularité de protéger notre patrimoine collectif, qu'il s'agisse des constructions ou des intérieurs. Les propriétaires n'ont pas sur cet ouvrage droit de vie ou de mort. C'est ainsi que la loi est faite dans les secteurs sauvegardés comme le Marais.
Un détail pratique nous échappe pour le moment : l'Architecte des Bâtiments de France doit se prononcer. Sa décision est sans appel : pas de visa conforme, pas de permis. Son service a-t-il déjà statué et de quelle manière ? Que les limiers de l'association aillent bd Morland consulter le dossier. Nous serons ravis de publier leurs conclusions. Il serait assez attristant, en tout cas, d'apprendre que le visa a été accordé et que le salut de l'escalier menacé ne tient plus qu'au fil d'une Parque dont le nom est "Commission du Vieux Paris".
Pour agrandir les images, clic gauche jusqu'à deux fois dans la photo
Intéressés par l'association : cliquez ICI
La position de l'association de sauvegarde du Paris Historique est la même que celle de la Commission du
Vieux Paris.
D'autre part, nous vous informons que l'Architecte des Bâtiments de France a bien reçu le dossier de la demande préalable pour l'installation de l'ascenseur dans un escalier XVIIIème siècle. Nous attendons son avis.
Nous constatons depuis plusieurs années que les demandes d'installation
d'ascenseur ont augmenté. Elles résultent d'un aspect, non négligeable, que l'on ne peut pas ignorer à savoir que les occupants de bâtiments
anciens et classés vieillissent et demandent en conséquence un confort
d'accès à leur appartement, pour ne pas être obligés de partir. Qui pourrait refuser ce confort à des personnes âgées ?
Un vrai débat est demandé depuis plusieurs années sur ce problème d'ascenseur. Des alternatives pourraient être trouvées : installation
de petit ascenseur qui ne viendrait pas dénaturer une cage d'escalier ancienne, l'installation sur cour, quand cela est possible, le ou les propriétaires pourraient également laisser un peu de surface de leur
appartement pour permettre l'installation...
On peut espérer que ce débat viendra un jour prochain avec les différents acteurs concernés par ce problème.
Cordialement,
Françoise Amsallem
Association de Sauvegarde du Paris Historique
Rédigé par : Françoise Amsallem | 09 novembre 2011 à 11:05
Et, à mon avis, la rampe sera conservée moyennant un petit travail de serrurerie d'art. C'est pourquoi je pense que Mme Sophie Hyafil devrait finalement donner son accord.
Rédigé par : Jean Coret | 07 novembre 2011 à 13:25
Ils réduiraient la largeur de l'escalier.
VlM
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 07 novembre 2011 à 12:15
Il me semble que même lorsqu'on installe un ascenseur il faut AUSSI UN ESCALIER.
Comment feraient-ils ?
En tout cas, la question de propriété individuelle et de patrimoine collectif est bien posée, une fois de plus.
Araxie
Rédigé par : araxie | 07 novembre 2011 à 12:13
Pour ceux que cela intéresse, je signale l'excellent ouvrage récent: ESCALIERS PARISIENS sous l'Ancien Régime (Editions d'Art SOMOGY 57, rue de la Roquette). Il mentionne page 232 "2, rue du Pas-de-la-Mule maison à porte cochère (escalier b) typologie: arcade" quand tout ou partie de l'escalier est à l'ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques -NDLR) et a fortiori classé, c'est indiqué. Ce qui n'est pas le cas ici, mais je suis d'accord avec Vivre le Marais, l'ABF a autorité en la matière.
Rédigé par : Jean Coret | 05 novembre 2011 à 12:09
Réponse à jps :
Dans un secteur sauvegardé, tout est soumis à autorisation. L'ABF est juge d'autoriser ou non les travaux. A l'intérieur du secteur, il y a des constructions "inscrites à l'inventaire des monuments historiques" (légendées en noir plein sur les plans). Elles sont protégées au titre des "monuments historiques" et soumises au contrôle de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques (ne pas confondre avec l'ABF)
VlM
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 05 novembre 2011 à 09:54
Mme Hyafil nous a refusé, dans un premier temps, un ascenseur dans un immeuble 1840 au prétexte que la rampe était à sauvegarder. or il s'agissait en l'espèce d'une rampe en fonte à barreaux droits comme il en existe des milliers dans Paris. Il a fallu se battre pendant deux ans pour l'amener à une position plus raisonnable. Dans le cas de l'immeuble du pas de la mûle, je ne pense pas qu'elle accorde un droit de démolir cet escalier. La question toutefois est de connaitre la différence entre un immeuble classé et un immeuble non classé dans un secteur protégé. Quels sont les droits et devoirs des copropriétaires dans les deux cas?
Rédigé par : jps | 05 novembre 2011 à 09:19
Nous comprenons parfaitement la position de M. Coret. Nous devons avoir un grand respect pour le handicap qui peut nous frapper tous. Il serait intéressant de savoir si dans cet immeuble la question se pose. Notre attitude en serait évidemment influencée.
VlM
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 04 novembre 2011 à 20:57
permettre aux handicapès de rester chez eux est une intention louable mais permettre aux futures générations de gambader dans les escaliers en dehors des batiments exceptionnels et classés l'est tout autant
aucun habitant ne possède l'histoire et la culture pour son usage personnel
son devoir est de les transmettre
Rédigé par : MM | 04 novembre 2011 à 20:47
J'ai une épouse handicapée et je comprends le problème des copropriétaires. Leur escalier est beau, mais certainement pas classé, et j'espère que Mme Hyafil ne fera pas obstacle à des travaux bien faits. Il faut préserver le patrimoine, mais aussi permettre aux handicapés de rester chez eux dans toute la mesure du possible.
Rédigé par : Jean Coret | 04 novembre 2011 à 20:30