Entrée des Ateliers Beaux-Arts du centre de Paris, 48 rue de Sévigné (IIIe) (Photo VlM/AP)
En 2014, la Maire de Paris et son Adjoint pour l'urbanisme Jean-Louis Missika annonçaient le plan "Réinventer Paris" pour la transformation de 23 sites parisiens. Les entreprises intéressées avaient délivré 372 projets
Forts de ce résultat, Anne Hidalgo et son Adjoint ont décidé en 2017 de renouveler ce concours sous l'étiquette "Réinventer Paris II" pour transformer les souterrains de Paris et révéler leur potentiel, avec un slogan : "sous les pavés, l’avenir !"
On apprend avec un certain étonnement que le bâtiment du 48 rue de Sévigné (IIIe) qui n'est manifestement pas sous les pavés serait concerné et court le risque d'être vendu, si l'on en croit le corps professoral des "Ateliers".
Face à cette perspective, les professeurs publient une lettre ouverte à destination des élus. Nous la publions ci-dessous :
Gardons vivants les Ateliers Beaux-Arts de la rue de Sévigné !
Nous venons d'apprendre que le centre des Ateliers Beaux-Arts de Paris où nous enseignons, situé au 48, rue de Sévigné dans le troisième arrondissement fait partie du projet « réinventer Paris 2 ».
À court terme, cela implique que d'ici deux ans environ, il sera affecté à d'autres activités et les treize ateliers le constituant seront dispersés dans des locaux aujourd'hui inconnus.
Nous voudrions vous alerter sur la façon dont cette décision a été prise : sans concertation et en niant purement et simplement la vie et l’activité déjà existante de ce centre en l’incluant dans une liste de lieux vides voire désaffectés tels que d’anciens postes de transformation, abattoirs, stations de métro, tunnels, parcs de stationnement, etc.
Nous sommes d’autant plus surpris que le dernier audit de l’inspection générale des services souligne la bonne santé des Ateliers Beaux-Arts de Paris (ABAVP) tant au service des Parisiens que du point de vue de leur coût.
Les Ateliers Beaux-Arts de Sévigné ont une histoire qui en fait une institution au sein des pratiques amateurs de la Ville de Paris. Au fil des années, le centre a acquis une réputation dépassant largement le quartier : nombre de Parisiens mais aussi de Franciliens et d'étrangers sont venus s'exercer aux différentes pratiques proposées : dessin, peinture, gravure, photographie, histoire de l'art, écriture.
Depuis plus d’un siècle, les ABAVP proposent un enseignement artistique adressé à tous, d'un niveau supérieur, correspondant à la qualité et à la diversité des 80 artistes qui y enseignent.
Répondant à une forte demande des Parisiens d'avoir un lieu central consacré à la pratique des Beaux-Arts, « Sévigné » a été créé à l'initiative de Jean Cardot, membre de l'Institut de France et inspecteur des ABAVP de 1983 à 2006. Jean Cardot avait pu convaincre Jacques Chirac, maire de Paris, de l'importance stratégique de ce lieu pour la cité. Et nous ne pouvons que nous étonner des choix d'une mairie dans la seconde moitié de sa mandature qui ferme progressivement des espaces de culture ouverts depuis tant d'années aux Parisiens.
Depuis sa création, « Sévigné » accueillera successivement le public et les professeurs du centre de la place des Vosges, autre endroit emblématique contraint de fermer ses portes en 2005, ainsi que celui de l'Hôtel de Lauzun un peu plus tard.
Sa situation géographique, dans le cœur historique de Paris a fortement contribué à son rayonnement et à son attractivité.
Nos élèves, informés de la fermeture prochaine de leurs ateliers, nous témoignent quotidiennement de leur désarroi et de leur tristesse face à la perte de cet endroit exceptionnel par son caractère historique, sa centralité, sa proximité aux musées et galeries du Marais. Celui-ci rassemble un panel d'élèves extrêmement divers et participe activement à une démocratisation des pratiques artistiques.
Bien relié par le réseau de transports en commun, il est devenu un espace de mixité sociale, ouvert à la banlieue et aux quartiers périphériques de Paris.
Si ce site ferme, n'est-ce pas la perte irrémédiable d'un certain public fort de 800 personnes, fidèle, exigeant, curieux de culture et impliqué dans la vie de la cité ?
Ensemble, avec le nouveau Carreau du Temple et l’espace des Blancs Manteaux, les Ateliers de la rue de Sévigné forment un pôle d’excellence des pratiques de la création artistique. Ensemble, ils participent au maintien des activités de création du cœur de Paris et contribuent à l’équilibre délicat de ces activités avec celles, croissantes, du luxe et du tourisme. La disparition des Ateliers Beaux-Arts de la rue de Sévigné ne risque-t-elle pas de renforcer l’image commerciale et la muséification du Marais au détriment de son identité culturelle ?
Les Professeurs du centre Sévigné
Myriam Boccara, Véronique Masurel, Olga Rochard, Mélissa Pinon, Isabelle Geoffroy-Dechaume,
Juliano Caldeira, Eric Genevrier, Sarah Verstraeten, Pierre Lancelin, Pascal Monteil, Vincent Faou
Les professeurs des Ateliers Beaux-arts Sévigné ont lancé une pétition destinée à la maire de Paris.
Vous la trouverez là :
https://www.change.org/p/anne-hidalgo-empêcher-la-fermeture-du-site-de-ateliers-beaux-arts-de-sévigné
Merci de votre soutien !
Rédigé par : Anne Pommey | 14 septembre 2017 à 15:34
Sous l'ère de Monsieur Delanoë, l'Arche Parisienne avait su garder cet état d'esprit, épris de Liberté, créativité, sensualité. Mais il semblerait que Madame Hildalgo sous de fausse apparence de Maire de gauche écolo, soit sombrée dans la désuétude de l'éco, prête à brader au plus offrant de hauts lieux symbolique de l'état d'esprit Parisien. Il est donc venu le temps à nouveau de la rébellion, je sens venir à moi l'âme de Cavroche prête à suivre la Liberté mère de toute créativité.
Rédigé par : Y.D | 15 juillet 2017 à 22:43
Je suis en train de lire les Misérables de Victor Hugo, la rue Sévigné est citée comme beaucoup d'autres rues de ce quartier historique. Le Paris d'alors c'était un monde plein de vie, où le monde ouvrier, l'artisanat, avaient encore leur place. Maintenant il faudrait faire place nette pour faire des économies de bouts de chandelle ou pour des motifs encore moins avouables. Les arts n'ont pas de prix et c'est pour cela qu'il faut en payer le prix, en préservant ce beau lieu à la disposition de tous les publics, si le mot public a encore un sens pour nos édiles. Et ce d'autant plus quand ils prétendent avoir la fibre sociale. J'ai moi-même en tant qu'élève passé des moments inoubliables dans ces ateliers. C'est non sans tristesse et même une certaine révolte que j'apprends que les ateliers de la rue de Sévigné pourraient être fermés. J'apporte donc mon soutien total aux auteurs de cette lettre. Pierre-Yves D.
Rédigé par : Pierre-Yves D. | 13 juillet 2017 à 14:16
beaucoup de tristesse une élève marie
Rédigé par : marie | 13 juillet 2017 à 10:16
C'est quoi l'idée :
- en faire une salle de shoot;
- du logement social;
- un centre pour réfugiés;
- un local pour un association amie;
- un centre Théodule...
Sans doute. La culture et l'art c'est pour le vilain bourgeois.
Rédigé par : JC | 09 juillet 2017 à 12:42
Ce centre est très apprécié. Décidément cette municipalité n'a aucun sens de l'intérêt général et se moque de la culture autant que de ses administrés.
Rédigé par : Cat | 07 juillet 2017 à 19:58
ben voyons: mettons y du logement social; ça rapporte plus de voix aux élections que de laisser ces ateliers...
lamentable...
Rédigé par : B.Alegre | 06 juillet 2017 à 23:26
ça va avec le reste : négation totale de l'art, de la culture et du patrimoine par la mairie de Paris...
Quelle tristesse...
Rédigé par : André Sanfrapay | 06 juillet 2017 à 14:09
Il faudrait créer un comité de soutien à cette institution, parrainé par une ou plusieurs personnalités.
Rédigé par : Franck Boulin | 06 juillet 2017 à 10:39
La préparation financière des jeux olympiques par la vente des bijoux de famille donne l'impression d'une mairie aux abois.
Rédigé par : P.F.ROY | 06 juillet 2017 à 09:57