Georges nous envoie cette photo du jardinet et de l'espace qui font l'angle de la rue des Archives et de la rue des Blancs-Manteaux (IVe). Que voit-on ? De nombreuses motos et scooters et un lopin végétalisé au fond, dont le mur est tagué et le sol couvert de détritus.
Des riverains, à travers le conseil de quartier compétent, c'est-à-dire "St Gervais", pleins de bonnes intentions, se sont dit qu'il faudrait aménager cet espace pour laisser moins de place aux motos. Ils se sont tournés vers le dispositif de "budget participatif" que la Mairie de Paris a mis en place depuis 2014 en imaginant une végétalisation susceptible de repousser les deux-roues motorisés encombrants. Leurs dossier a été approuvé par l'arrondissement et l'Hôtel de Ville. Le projet validé a été exécuté et on en voit le résultat aujourd'hui.
Georges nous rappelle ce qu'était en quelque sorte le cahier des charges du projet : "Le budget participatif change la ville" est écrit sur l’étiquette trouvée sur une des jardinières. On peut lire par ailleurs :" Voté en 2016 par 435 personnes - 2.000 € - description : implantation complémentaire d’un petit jardin. A l’angle de la rue des Blancs Manteaux et Archives, le projet a pour ambition de compléter le petit jardin présent afin de limiter les stationnements gênants des deux-roues motorisés, par l’installation de jardinières.
Et Georges de conclure : "Le « petit jardin » est toujours dans un état lamentable et les jardinières sont bien sur le côté pour ne pas prendre la place des deux roues...
Y a t il une évaluation de ces projets à court et moyen terme ? On dépense une fois la somme et après, on n’y touche plus ?"
C'est vrai qu'on a envie de dire : "tout ça pour ça...". Doit-on pour autant condamner le principe de ces budgets participatifs ?
Des raisons objectives existent et poussent à le faire. Les questions se bousculent. Pourquoi donner à des individus qui n'ont aucun mandat électif le droit de décider de l'affectation de 5% du budget d'investissement de la collectivité ? Est-il logique de n'avoir pas le droit de voter CONTRE un projet mais uniquement POUR ? S'agit-il d'une mesure de démocratie participative ou une manipulation sournoise des administrés pour leur faire accroire qu'ils exercent une forme de pouvoir ?
Ces questions sont pertinentes et il est difficile d'y répondre par la négative. Cependant, l'initiative n'est pas nouvelle, elle est née à Porto Allegre au Brésil en 1989 et elle a fleuri un peu partout depuis. On dénombre actuellement autour de 2.000 programmes de ce type à travers le monde. Lancée en 2014 par la municipalité de Paris elle suscite des critiques certes mais une adhésion aussi de citoyens qui n'étant pas des élus souhaitent peser néanmoins dans la balance des décisions qui les concernent.
L'impact politique de la suppression de cette mesure suffira sans doute à en dissuader ceux qui tiendront les rênes à l'Hôtel de Ville. Mais qui qu'ils soient il ne sera pas inutile d'en revoir les modalités à la lumière des analyses qu'on peut faire dès aujourd'hui des résultats de terrain, comme nous l'avons fait avec Georges qui vit rue des Archives...
Dans l'intervalle, il serait intéressant que nos lecteurs, par le biais des commentaires, nous disent ce qu'ils en pensent et éclairent les politiques sur les attentes des parisiens en la matière.
GS
à Louis Rossel
Comme vous, je suis attentivement l'évolution des projets retenus pour le budget participatif sur le site que vous indiquez. merci tout de même!
Malheureusement, je ne vois guère d'avancée en ce qui concerne celui que j'ai cité...
MGD
Rédigé par : mgd | 15 novembre 2018 à 08:50
Elles sont relativement laides et encombrent l'espace public mais c'est quand même mieux que les uritrottoirs...
Rédigé par : Adrien | 15 novembre 2018 à 00:08
Ces jardinières ne sont pas inutiles, cher Adrien.
Il est vrai qu'il est regrettable que ces jardinières ne soient pas entretenues mais l'objectif recherché semble atteint. Dans la rue Pastourelle à côté de la poste des bancs et des jardinières ont été posés (accord de proximité = és) depuis bientôt 2/3 ans certes non entretenus mais l'objectif était peut être de combler un espace vide ou de repousser les SDF munis de tentes. Que sais je ? Bref, le suivi est à revoir.
Quant au vote sur le site du budget participatif, il est exacte que le nombre de votant "pour le projet" est donné et celui des opposants est occulté. Un correctif s’impose donc.
Pourquoi donc ne pas donner à des individus qui n'ont aucun mandat électif le droit de décider de l'affectation de 5% du budget d'investissement de la collectivité. C'est notre argent après tout. Confier cette affectation à des technicien mais lesquels?
Aussi, on ne doit pas condamner le principe de ces budgets participatifs.
Quant à savoir ce que sont devenus les autres projets, acceptés, votés ? Il suffit d'aller sur le site et vous verrez le suivi des projets acceptés.
Rédigé par : jp75003 | 14 novembre 2018 à 18:18
Le budget participatif mériterait qu’on y mette un terme tout de suite. Qu’on ne puisse pas voter contre un projet est pour le moins un déni de démocratie. Tel projet, « plébiscité » avec 435 voix pour, est adopté. Comment savoir s’il n’y en aurait pas eu 5000 contre ? Un projet devrait ainsi voir le jour, à la consternation de plusieurs personnes (après tout, qu’est-ce qui nous dit qu’il n’y en pas 5000 ?) : le projet d’ouverture sur la rue de Rivoli du square de la tour Saint-Jacques, « au droit de la tour, dans l’axe de la rue Nicolas-Flamel » nous dit-on. Tout l’intérêt et le charme de ce square, rénové à très très grands frais il y a quelques années, est précisément ne pas être ouvert directement sur la rue de Rivoli et de constituer ainsi un petit havre de verdure coupé de l’infernale circulation de la rue voisine. Il y a même à parier que c’est cette impression de rupture avec l’environnement immédiat que recherchent les personnes qui le traversent ou s’y arrêtent, ne serait-ce que quelques minutes, le temps d’oublier la ville. Contrairement à ce que ce projet pourrait laisser croire, le square n’est pas fermé, quatre belles entrées aux quatre coins permettent d’y accéder sans contraindre à quelque détour compte tenu de sa petite taille et aucun vilain mur maçonné ne le cache aux yeux des passants, non, seule une grille parfaitement transparente le cerne, puis une belle haie, peut-être trop touffue aux yeux de certains. À quoi rime de vouloir anéantir les choix opérés lors de sa rénovation ? Car bien sûr, ce n’est pas par hasard qu’il est clos, que les paysagistes en charge de son dessin on choisit, à l’époque, de lui donner un caractère intime, préservé des voitures. Et nous touchons là à un autre grand problème de ces funestes projets du budget participatif : l’absence de l’indispensable formation spécifique qui permettrait de décider en conséquence de cause. Ce sont trop souvent ce que l’on appelle des « non-sachants » qui proposent et défendent avec force des projets qu’aucun professionnel de la profession ne soutiendrait. C’est Madame Z qui se croit apte à décider de la décoration de tel bâtiment public parce qu’elle vient de faire rénover sa salle de bains, et parce qu’elle a un petit pouvoir, ou parce que personne ne peut s’y opposer, un projet absurde, mal ficelé est mis en chantier. À cela s’ajoute, hormis les problèmes évoqués par l’article, la légèreté avec laquelle certains projets sont acceptés par une mairie, puis brillamment élus, sans que leur faisabilité n’ait été vérifiée à un moment ou un autre. À croire que seuls les effets d’annonce comptent.
Rédigé par : CDT | 13 novembre 2018 à 16:22
Ces jardinières inutiles et complaisantes sont à l'image de la mandature Hidalgo. Du point de vue esthétique, c'est ce qui se fait un peu partout à Paris en ce moment et qui rend la ville si désagréable.
Rédigé par : Adrien | 13 novembre 2018 à 13:39
D accord avec vous Marie sur la mauvaise gestion et le mauvais suivi des projets, l idee est bonne le suivi et les réalisations moin....
Et pour ce qui est des loyers dans le marais je suis plus circonspect quand au fait qu un jeune (ou moin jeune d ailleur car sur ces fameux 50% il n y a pas que des jeunes....) décide de vivre dans 20 m2 pour 900 e aussi beau le quartier soit il alors que dans d autres arrondissements pour le même prix vous avez 10 voir 15 m2 de plus .
Alain
Rédigé par : Alain | 13 novembre 2018 à 11:16
@MGD :
"Que sont devenus les autres projets, acceptés, votés ?"
Réponse ici : https://budgetparticipatif.paris.fr, rubrique "suivi des réalisations".
Cordialement,
Rédigé par : Louis Rossel | 13 novembre 2018 à 10:48
Alain: pour 900 €/mois on a entre 20 et 25m2 dans le marais, donc quand on commence dans la vie active célibataire avec 1800 €/mois on est souvent content d'habiter même un endroit tout petit dans un quartier aussi beau.
Mary, vous parlez "d'offrir des pots de fleur à des riverains aisés qui s'en fichent". N'oubliez pas que les riverains aisés paient aussi des impôts, plus que ceux qui sont moins aisés d'ailleurs, ils contribuent donc très largement aux dépenses collectives, sociales, d'équipements etc... de toutes sortes, les pots de fleur compris.
Là, le problème est simplement que la Mairie bâcle la réalisation de ces projets "participatifs" et leur suivi... et qu'il y a toujours quelques idiots pour s'amuser à taguer les murs ( et ceux la sont rarement des "riverains aisés")
Cela montre que ce budget participatif est effectivement une gabegie démagogique, sans cohérence et qui intéresse bien peu de Parisiens au vu des taux de participation au vote
Rédigé par : Marie | 12 novembre 2018 à 18:41
Oui, Alain, ceux qui ont payé pour ces «pots de fleurs » n’habitent certainement pas le Marais. C’est bien ce que je suggérais.
Je voulais juste souligner que l’argent public qui est géré par des élus est le fruit du sacrifice et de l’effort de contribuables extrêmement modestes pour la plupart. Jeter par la fenêtre, pour des projets ineptes, l’argent de leurs impôts est monstrueux, insultant et un manque de respect révoltant.
(Précisément, pour garder en tête la valeur subjective de ces 2000€, il faut réaliser que 13 millions de salariés gagnent moins de 1800 euros par mois et doivent en offrir à la collectivité (pour les moins misérables d’entre eux) 2000 € en impôt sur le revenu ... Alors, selon moi, les “pots-de-fleurs abandonnés“ du Marais, offerts à des riverains aisés (et peu motivés par leur propre projet apparemment), par de la soit-disant “démocratie participative”, c’est indécent.
Rédigé par : Mary | 12 novembre 2018 à 15:51
Mary, avec 1800 € net par mois et célibataire de surcroît je ne connais pas grand monde qui serait dans la capacité de se loger dans le Marais vu le prix dans notre secteur et que généralement il est demandé de gagner au minimum 2 fois le loyer...
Qu' avons nous dans le Marais pour 900 € par mois ???? Un placard à balais ?
Rédigé par : Alain | 12 novembre 2018 à 13:54
Encore, dans ce cas, y a-t-il eu quelque chose de fait.
Que sont devenus les autres projets, acceptés, votés ? par exemple le projet de Pierre COLBOC d'un théâtre pour les enfants dans le IVème?
MARAIS SOURIRE, l'avait-il dénommé...
MGD
Rédigé par : MGD | 12 novembre 2018 à 10:06
EN France 50 % des salariés gagnent moins de 1800 euros net par mois . Si vous êtes célibataire vous payez, dans ce cas, 2000 euros d’impôts sur le revenu. C’est dur, quand on a si peu, surtout à Paris, de sacrifier plus d’un mois de salaire pour remplir les caisses de l’Etat. Alors quand on voit que ce lourd sacrifice d’un modeste citoyen sert à payer un bac à fleurs pour des bobos qui s’en contrefichent, je sens qu’il est temps de des mesures...
Rédigé par : Mary | 12 novembre 2018 à 02:27
Tout projet d’envergure comme celui-ci mérite un budget annuel d’entretien. Manquant ici, il me semble. Sinon l’investissement en capex [capital expenditure = montant investi - NDLR] est perdu. Dommage. C’est notre argent
Rédigé par : Davidson | 11 novembre 2018 à 21:40