Portail de l'Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal (IIIe), en travaux (Photo VlM)
C'est à l'Hôtel de Vigny qu'a germé l'idée de réhabiliter et restaurer le Marais. En 1961, la découverte et le nettoyage de plafonds à poutres et solives peintes de style Louis XIII conduit le Ministère de la Culture à le classer à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et à le sauver ainsi d'une destruction programmée. Des visites-conférences sur le Marais sont organisées dans l'Hôtel de Vigny et on assiste à la naissance d'un mouvement avec pétitions et démarches multiples pour la sauvegarde du Marais. Le mouvement se développe et débouche sur la création en 1962 du Festival du Marais.
Une loi du 4 août 1962 relative à la protection d'ensembles urbains, dite loi Malraux, permet de décréter en 1965 le quartier du Marais secteur sauvegardé. Dès lors, ce n'est plus seulement tel ou tel édifice qui est visé mais un domaine urbain dans lequel chaque élément architectural constitutif se trouve de facto protégé.
La construction de l'Hôtel de Vigny date du début du XVIIème siècle. Surélevée au XIXe siècle, la façade de logis est décorée au niveau du rez-de-chaussée par un très beau portique en pierre, rythmé de pilastres ioniques, peut-être dessiné par Louis Le Vau. A l’arrière, le logis donne sur un jardin en partie préservé avec une façade et un portique dont la modénature rappelle celle de la façade sur cour.
Hotel de Vigny. Façade sur cour à gauche et façade sur jardin à droite
Le bruit avait couru en 2015 qu'une société du Golfe en ferait un hôtel 5 étoiles, mais il n'en fut rien. C'est Mariage Frères le leader mondial du marché des thés de luxe qui en fit l'acquisition et qui s'emploie désormais à en faire le siège social de la société. Il y aura là au rez-de-chaussée un salon de thé et un magasin de vente.
Ces travaux consacrent la réhabilitation du dernier des monuments à subir une opération de restauration dans le Marais, après avoir été celui qui inaugura le processus de sauvegarde de l'ensemble du secteur. Comme a dit quelqu'un de célèbre : "Les premiers seront les derniers..."
Autre paradoxe de l'hôtel de Vigny : c'est dans cet hôtel, non restauré, que s'est installée, à la fin des années 1960, la SOREMA (Société de restauration du Marais), société d'économie mixte de la ville de Paris chargée de mener, à titre expérimental, la restauration des immeubles d'un îlot et demi (l'îlot Payenne-Elzévir et la moitié de l'îlot Perle-Barbette). Quelques hôtels, ey d'abord l'hôtel de Marle (11 rue Payenne et 10 rue Elzévir, où s'est installé le Centre culturel suédois) ont été restaurés par leurs propriétaires. Deux premiers immeubles (Hôtel de Savourny, 4 rue Payenne, et hôtel Chassepot de Beaumont, 5 rue de la Perle, ont été les premières réalisations de la SOREMA qui les a revendues, comme prévu, par appartement en 1971). La pari de l'expérimentation a été réussi puisqu'on connaît la suite de la restauration des hôtels des XVIIe et XVIIIIe siècles et la réhabilitation du quartier (le 3e arrondissement était, en 1970, celui de Paris où le revenu moyen des ménages était le plus faible), puis sa "boboïsation", que certains regrettent, et la transformation des commerces (tout aussi problématique).
L'hôtel de Vigny a donc été doublement le point de départ de la restauration du Marais ... et à ce jour le dernier à être restauré (il en reste fort peu qui ne l'ont pas encore été, même si ces restaurations ont été de qualité inégale).
Pierre MERLIN
Rédigé par : Pierre MERLIN | 30 avril 2019 à 09:01
A t'on une idée du montant de cette acquisition par la maison des thés de luxe ?
Rédigé par : jp 75003 | 30 avril 2019 à 08:51
J'espère que les travaux ne dénatureront pas cet hôtel !
Rédigé par : Adrien | 29 avril 2019 à 19:02