Tandis que l'ADRAQH (association pour la défense et l'animation du quartier des Halles),
au nom des riverains du secteur, lance une pétition pour le maintien du centre ouvert
pendant les travaux, Ariel Weil le Maire de Paris-centre s'adresse par courrier au président
du centre Georges-Pompidou pour exprimer son opinion sur la façon brutale dont les
travaux, leur date et leur durée ont été annoncés. Le Maire nous fait part de son
intervention et nous dévoile le contenu de sa lettre :
A l'attention de M. Serge Lavignes, Président du Centre Georges-Pompidou
Monsieur le Président,
L’annonce par la Ministre de la Culture de la décision de fermer le Centre Pompidou
pendant quatre ans à partir de 2023 a fait l’effet d’une bombe à Paris Centre.
Bien que ce ne soit pas une véritable surprise, je vous avoue ma consternation face à cette
annonce unilatérale, qui semble avoir été prise sans faire grand cas de l’environnement dans
lequel s’inscrit l’établissement que vous présidez.
Alerté en février 2020 de l’hypothèse d’une fermeture complète du site, je vous ai aussitôt
écrit pour vous demander instamment de consulter habitants, commerçants et élus locaux
afin qu'ils puissent éclairer votre choix et accompagner votre décision.
Malgré mon insistance, cette discussion n’a jamais eu lieu, pas plus qu’avec les deux
ministres de la Culture qui se sont succédé et que j'avais également sollicités. Ce n'est donc
pas le choix de la voie de la concertation qui a été fait.
Le Centre Pompidou s'inscrit dans un quartier parisien doté d'institutions, d'habitants,
d'artisans, de commerçants dont il organise l'activité et la vie. Le public précaire qui trouve
refuge à la BPI (bibliothèque publique d'information - NDLR), les associations qui lui
viennent en aide, les commerçants si durement éprouvés depuis 2019 par les grèves, les
manifestations, la fermeture de la piazza et la situation sanitaire, méritent qu'on s'intéresse
à leur sort, qu'il entre en ligne de compte.
Eux qui animent le quartier depuis parfois plusieurs décennies, il me semble qu'ils ont des
choses pertinentes à dire sur le Centre Pompidou.
Car le cœur du quartier Beaubourg bat au rythme du Centre Pompidou. Vous n’ignorez pas,
bien sûr, les conséquences économiques et sociales possiblement dramatiques d’une telle
fermeture, allant jusqu’à bouleverser durablement la physionomie, la vitalité et l’attractivité
de tout un quartier, et bien au-delà.
Dans un tel contexte, il est de notre devoir commun d’anticiper et d'accompagner les
conséquences de la fermeture de ce site avec toute l’énergie nécessaire.
Aussi me parait-il urgent que vous organisiez, sous l’égide de votre ministère de tutelle,
les rencontres tant attendues par les habitants, commerçants et élus locaux qui permettront à
la fois de connaître votre projet et d’en envisager toutes les incidences, dans un dialogue
constructif avec les principaux intéressés.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes meilleures salutations.
Ariel Weil
Maire de Paris-centre
C'est quand même trop drôle de voir la mairie se plaindre du manque de concertation!
Nous qui habitons le quartier et découvrons un beau matin que le stationnement a été rendu impossible dans notre rue, ou alors que le sens de circulation a été changé, sans aucune concertation!
Il est beaucoup plus facile de mener une concertation sur des sujets de vie quotidienne, et la mairie ne le fait pas.
Alors maintenant venir se plaindre d'un manque de concertation, cela s'appelle de la tartufferie!
Rédigé par : JeromePl | 03 février 2021 à 09:53
Que la mairie de Paris appelle à la concertation, c'est l'hôpital qui se moque de la charité. Quelle concertation pour les voies sur berges, les pistes cyclables, les plots jaunes, les tours à Paris, les JO, etc. ? Crédibilité 0
Rédigé par : Adrien | 03 février 2021 à 03:31
Monsieur Lasvignes doit savoir que l'absence de concertation est un poison qui ne passe plus inaperçue en cette période de démocratie augmentée où chaque citoyen peut s'informer et s'exprimer.
Habitué aux silences de l'institution, le Conseil de quartier avait contacté en vain le prédécesseur de Madame Bachelot pour demander de privilégier l'hypothèse sans fermeture totale.
Puis les élections sont arrivées... chaque candidat(e) évitant soigneusement le sujet (alors même que la phase de remplacement de la chenille était lancée)... puis la pandémie de COVID a tétanisé la planète... mais pour les riverains comme pour les commerçants, l'acceptabilité de la fermeture totale est restée proche de zéro.
Rédigé par : Sophie Pons | 02 février 2021 à 11:24
Moi, comme le maire, j’ai l’impression d’avoir exprimé bien souvent, mais auprès de la mairie de Paris, et sans jamais de succès, ma consternation devant des « annonce(s) unilatérale(s), qui semble(nt) avoir été prises sans faire grand cas de l’environnement dans lequel (elles) s’inscrit(vent) », l’environnement en question étant notre cadre de vie, notre quartier, notre ville.
Et ce, autant en tant qu’habitante qu’en tant que commerçante. Cette surdité me rend amère. Je crois que je ne suis pas la seule. Voilà que la Mairie découvre à son tour cette désagréable sensation de dépossession. Qu’ils en prennent de la graine.
Rédigé par : Marie | 01 février 2021 à 20:41
C'est tout de même extraordinaire que les plaidoyers pour le maintien de l'ouverture du centre pendant les travaux ne parlent que de commerce et de commerçants, comme si la fonction première d'un musée était commerciale.
Et la culture, alors ? cette étrangeté que les mêmes qui s'émeuvent aujourd'hui s'offusquaient hier qu'elle soit considérée comme "non essentielle". À la trappe, la culture. S'il fallait démontrer qu'elle est "non essentielle", c'est fait.
Quant aux commerçants - des centaines, vraiment ? - , je ne vois aucun riverain pour regretter les bouis-bouis, les mauvais sandwichs, les souvenirs made in China ou les crêpes industrielles. Cafés et restaurants souffrent, certes, mais pas des travaux sur la piazza.
Rédigé par : CDT | 01 février 2021 à 16:10