Rue du Temple (IIIe), face au musée d'Art et d’Histoire du Judaïsme. La classe ! (Photo VlM)
C'est l'adjectif "sinistre" qui convient le mieux à ce décor. Il n'est pas unique. Désormais, peu ou prou, toutes les rues de Paris sont frappées de ce mal. Caractère aggravant ici : nous sommes en secteur sauvegardé, ou "Site Patrimonial Remarquable", le Marais, en face de l'Hôtel Saint-Aignan qui abrite le Musée National d'Art et d'Histoire du Judaïsme.
L'effet des tags immondes qui souillent les murs est renforcé par la peinture à la bombe des rideaux métalliques des magasins. Des messages ésotériques, peu rassurants car enveloppés du mystère de leur anonymat et de leur signification.
A notre grand regret, nous l'avons exprimé dans notre article du 5 février, le service d'enlèvement des tags qui est censé répondre aux signalisations, présente depuis le début de l'année un électro-encéphalogramme plat.
Colombe Brossel, Maire-adjointe à l'Hôtel de Ville en charge de la Propreté et les responsables de la technostructure de la mairie de Paris s'en sont expliqué : il y a plusieurs prestataires sur les arrondissements parisiens, certains se sont montrés "défaillants". Il faut croire que nous sommes dans leur juridiction. A l'occasion de la renégociation des contrats, une nouvelle approche est proposée. La réponse "sur demande" que nous avons connue serait remplacée par des interventions "rue par rue". En clair, on s'attaque à une rue et on la nettoie de fond en comble. C'est ce que Colombe Brossel qualifie de "traitement territorialisé" dans sa réponse du 5 février à notre interpellation.
Détagage d'un tronçon de voie : la rue Quincampoix (IVe)
Cette annonce soulève une vraie question de recherche opérationnelle. Est-il plus performant de procéder ainsi ? A priori, on peut effectivement penser que la dispersion des interventions sur signalisation nuit au rendement par comparaison au traitement groupé. Mais le niveau de satisfaction peut ne pas être au rendez-vous car la méthode implique l'enlèvement aveugle, non sollicité, de souillures existantes et le choix des rues peut créer des frustrations.
Le procédé a l'inconvénient de surcroit de ne pas répondre à l'exigence de réponse immédiate (mode LIFO) seul susceptible de décourager les tagueurs car il rend leur "œuvre" éphémère.
Il y a cependant un aspect rationnel dans cette façon de redéployer les moyens puisqu'elle transforme un mouvement brownien, brouillon par essence, en travail organisé exempt des déperditions inhérentes au caractère aléatoire des demandes.
La Maire de Paris, Anne Hidalgo, qui porte au final la responsabilité de la propreté de sa ville, fait face à un enjeu d'importance car si comme on le pense elle nourrit des ambitions présidentielles pour 2022, elle doit faire la preuve qu'elle sait surmonter des situations difficiles. Comment sans cela persuader les français qu'elle saurait gérer une pandémie ou toute autre crise nationale sérieuse ?
De notre point de vue, il faut s'orienter vers une combinaison des deux méthodes : le regroupement par rues ET l'intervention ponctuelle sur signalisation à "DansMaRue". C'est possible à la condition de consacrer des ressources financières plus importantes à la propreté et à l'éradication d'un phénomène qui fait honte à Paris. Nous l'avons dit à diverses reprises : 10 % de réduction des subventions attribuées aux associations, dont beaucoup sont fantoches, libèrerait 30 millions d'€ qui sont plus que suffisants pour mettre en œuvre une politique efficace en la matière.
GS
Il n'est pas normal de tergiverser ainsi : tout tag signalé devrait être enlevé dans les 48h. Je ne comprends pas que la propreté devienne un sujet problématique. Plutôt que de dépenser des millions et des millions dans les programmes de logement, dans la subvention d'associations douteuses, d'achat d'uritrottoirs littéralement pisseux, de rénovation ratée de la place publique (la République...) et d'embellissement raté des rues, les parisiens demandent la PROPRETE et le respect de leur environnement !
Rédigé par : Adrien | 13 février 2021 à 02:46
Je crois l'avoir déjà dit ici, mais le, seul remède serait de taguer les tagueurs... Il suffirait que l'association achète des bombes de peinture chez Maquis, justement et que des volontaires "planquent" la nuit aux endroits stratégiques. Les tagueurs-arroseurs deviendraient alors eux-mêmes les tagués-arrosés. Le goût de saloper les murs leur passerait, me semble-t-il assez vite !
Rédigé par : Le Petit l'a peint | 12 février 2021 à 15:57
Ce qu’il faut mettre en place ce sont des caméras de vidéo-surveillance afin pénaliser et faire payer les tagueurs.
Rédigé par : Jr | 12 février 2021 à 15:22
Bonjour,
C'est assez cocasse de voir sur la seconde photographie, des employés de la ville qui s'échinent à enlever des graffitis, alors que l'un des premiers pourvoyeurs de bombes de peinture, "Maquis Art"*, se trouve au centre de cette photographie.
* Boutique de matériel artistique, spécialiste du graff et de l'art de rue contemporain, avec petite galerie.
Rédigé par : Pierre | 12 février 2021 à 13:33
Ce serait une erreur de procéder "par rue" au lieu d'intervenir de façon spécifique sur les dégradations signalées, au coup par coup. La méthode proposée fera que des rues entières attendront - possiblement longtemps - que les autres rues soient traitées. Pendant ce temps, puisque les tags existants incitent à plus de tags encore, les rues en attente se dégraderont de manière inacceptable. La solution est dans la mise en oeuvre de moyens financiers décuplés et le recours à des sociétés spécialisées, pérennes et reconnues pour leur efficacité. Votre suggestion de limitation des subsides distribués à des associations "bidon" et de transfert des fonds vers la propreté est essentielle.
Enfin je regrette que l'on ne prenne jamais les tagueurs sur le fait. Certaines de leurs "oeuvres" demandent pourtant du temps à être commises. N'y a-t-il jamais de signalement instantané auprès de la DPSP ? Comment pourrait on y remédier ?
Rédigé par : Ph. C. | 12 février 2021 à 13:20
Assez choquant de lire ce responsable municipal considérant sa mission remplie parce qu’il va punir des sous-traitants.
Mais qu’il sous-traite ou pas les missions dont il est responsable n’est pas le sujet. Le sujet est l’efficacité in fine et la propreté réelle.
De manière analogue, en vous promenant ce matin vous constaterez la saleté absolue de nos trottoirs pollués de déjections canines (au mieux), et l’absence étonnante des techniciens de surface. La mairie leur demanderait-elle de se protéger du froid ?
Bref il faut se rappeler simplement que notre ville et notre quartier ont été d’une saleté répugnante pendant toute dernière mandature à l’exception des 12 mois précédents les élections municipales. Et maintenant il faut se préparer à 3 nouvelles années de négligence .
Rédigé par : Renato de Lussu | 12 février 2021 à 12:58