Incendie du 38 boulevard Sébastopol (IVe) le vendredi 20 décembre à 5h00 du matin (Photo Valentin Bourgeois)
Il faisait nuit quand le feu a pris dans cet immeuble haussmannien propriété de l'AP-HP (assistance publique-hôpitaux de Paris). André (82 ans) et Simone (80 ans) dormaient dans leur appartement du 2ème étage dont ils sont locataires. Une odeur de fumée les a réveillés. Très vite ils ont vu des flammes et n'ont eu que le temps de se réfugier chez une voisine de palier dont l'appartement donne derrière sur la rue Quincampoix.
Deux heures après, les pompiers sont venus les chercher et les ont fait descendre par la cage d'escalier de leur immeuble, que les flammes avaient dévasté. La façade sur le boulevard de Sébastopol a dû être étayée pour éviter son effondrement. L'origine de l'incendie fait l'objet d'une enquête judiciaire. Le restaurant du rez-de-chaussée a sa cuisine en sous-sol mais rien n'indique au stade actuel qu'il ait une responsabilité dans le sinistre.
En passant devant la porte de leur appartement, ils ont constaté que tout avait brulé à l'intérieur. Ils se sont retrouvés vêtus d'une simple robe de chambre, nu-pieds, sur le trottoir du boulevard Sébastopol.
En quelques minutes leur vie a basculé. Leur chez-soi, leur mobilier, leurs vêtements, leurs papiers, les souvenirs d'une longue existence, tout est parti dans les flammes.
Simone et André Pinchard sont recueillis provisoirement par des voisins (Photo VlM)
La solidarité existe dans le quartier. Des voisins les ont pris en charge et leur ont fourni de quoi se vêtir et se loger dans l'urgence. L'AP-HP, propriétaire de l'immeuble incendié, s'est engagée à reloger sans délai les quelque dix locataires qui travaillent pour l'assistance publique. Ce n'était pas le cas de Simone et André Pinchard, locataires loi de 1948. On leur a signifié sèchement qu'ils n'étaient pas prioritaires.
André et Simone ont passé leur vie autour de la rue du Temple. André était ouvrier-orfèvre chez Lapparra, 157 rue du Temple dans le IIIe, Simone était vendeuse dans un commerce de gros rue du Temple également. L'AP-HP a évoqué la possibilité d'un logement rue Daguerre dans le XIVe, beaucoup plus petit que le 70 m² qu'ils occupaient. André nous l'a dit dans un sanglot : il ne veut pas à 82 ans et dans de telles conditions, quitter son quartier où il réside depuis 1941 !
Au vu de caractère dramatique de l'évènement, nous considérons qu'il est du devoir du Maire Christophe Girard de reloger rapidement ces deux personnes dans le quartier. Il y a eu de nombreuses réhabilitations, notamment rue Ste Croix de la Bretonnerie, rue Geoffroy l'Angevin (près de Beaubourg), et bien d'autres ... par des bailleurs sociaux de la Ville de Paris. Ce couple du quartier qui vit une épreuve douloureuse doit bénéficier d'un haut niveau de priorité dans la solidarité qui s'exprime à travers le logement social.
Gérard Simonet