Bouquinistes de la Seine, quai de l'Hôtel de Ville (IVe) (Photo VlM)
Bouquinistes de la Seine, quai de l'Hôtel de Ville (IVe) (Photo VlM)
Rédigé à 20:49 dans Cadre de Vie, Environnement, Evènements culturels, Tourisme, Vivre Paris ! | Lien permanent | Commentaires (3)
Le guide touristique PARISMARAIS.COM publie ce reportage :
Le mardi 6 juillet 2021, à 18h00, en plein conseil de Paris, manifestation de centaines de parisiens devant l'Hôtel de Ville contre la politique d'urbanisme et de circulation d'Anne Hidalgo et son adjoint Vert David Belliard. On n'avait jamais vu cela avec les maires précédents. La Maire de Paris a été conspuée pour sa gestion récente en matière d'environnement, de voirie et de remplacement du patrimoine urbain Napoléon III. Un rassemblement d'anonymes mais aussi de célébrités des médias, des gens très divers aux métiers différents. Et de tous horizons politiques.
Aurélien Véron, élu LR de Paris, a tenu à manifester sa présence et son engagement
Pour la plupart, c'était leur première "manif" : des panneaux amateurs sur des cartons, pas de grandes banderoles imprimées comme dans les manifs classiques, juste des "cris du cœur" écrits simplement : "sauvez le patrimoine" ils protestaient contre les rues mal entretenues, les tours, le bétonnage intensif de Paris, les végétalisations participatives fantômes et le mobilier urbain raté, les aménagements urbains dangereux... Une grande envie de beau, de paix, de classique, un besoin de calme et d'une ville apaisée.
Un orchestre de jazz fédérait tout ce petit monde peu habitué aux protestations mais sincèrement à bout de nerfs. Peu d'unité dans les revendications mais un grand ras le bol des travaux incessants de la municipalité actuelle. Espérons qu'il soit entendu.
Des amateurs en matière de "manif" mais une conviction sincère et un attachement très fort aux valeurs et à la beauté de Paris
La pandémie a exacerbé les tensions et le stress des parisiens et dans ces moments tout changement brutal est perçu comme une violence supplémentaire et un bouleversement des habitudes de vie quotidienne. Des facteurs psychologiques majeurs qui n' ont pas été intégrés par les élus locaux décisionnaires, eux-mêmes souvent protégés des effets secondaires des grands travaux qu'ils ont entrepris.
Pascal Fonquernie
Rédigé à 18:29 dans Actualité, Cadre de Vie, Environnement, Paysage de la rue, Politique, Tourisme, Urbanisme, PSMV, Vivre Paris !, Voirie/Déplacements | Lien permanent | Commentaires (2)
Hôtel de Vic (ou de Bouchotte), 77 rue du Temple (IIIe), XVIIème siècle, à double fronton semi-circulaire et en arc brisé, écusson au deuxième étage, classé monument historique en 1974. Sera-t-il partiellement transformé en résidence hôtelière ? (Photo VlM)
Depuis que le débat est ouvert sur les locations saisonnières dont Airbnb est le leader, notamment sur Paris, nous ne cessons de dire que les propriétaires de leur résidence principale, qui la louent aux touristes pour compenser leurs charges dans la limite réglementaire de 120 jours par an, ne sont pas la cause principale des tensions sur le marché immobilier.
Les propriétaires de résidences secondaires et les investisseurs qui ont recours à ce mode de location aux touristes, ont été les premiers et les plus engagés dans ce genre d'activité perçue comme hautement rentable et favorable du point de vue fiscal. Cette situation n'a pas duré. Les municipalités concernées, Paris en tête, ont réagi en instaurant l'interdiction pour les propriétaires de louer sur des courtes durées des espaces ayant le statut d'habitation, cette possibilité restant le privilège des locaux commerciaux. Le passage du statut d'habitation au statut commercial ayant été par ailleurs rendu quasiment impossible par les conditions draconiennes qui sont requises pour un tel changement.
Pendant longtemps, et malgré nos alertes, l'administration a oublié de s'intéresser à la troisième voie, celle des propriétaires d'espaces souvent très vastes précédemment affectés à des activités commerciales voire industrielles et qui depuis quelque temps sont en jachère. C'est le cas notamment dans le Marais des nombreux grossistes-importateurs de maroquinerie avec leurs ateliers et leurs magasins de stockage qui s'étendent aux caves et aux étages.
Toutes ces surfaces ont le statut commercial ; il n'était donc pas nécessaire de l'obtenir pour exercer, avec quelques transformations à la clé, une activité de loueur meublé courte durée qualifiée de "résidence hôtelière". Le phénomène a pris de l'ampleur depuis trois ou quatre ans et l'Hôtel de Ville a fini par s'en émouvoir, non sans avoir cependant délivré par sa direction de l'urbanisme une multitude d'autorisations en réponse à des "DP" (demandes préalables de travaux).
Notre Député Pacôme Rupin s'en est fort heureusement préoccupé. Peut-être avons nous contribué à lui faire prendre conscience qu'il fallait que l’État se penche sur ce dossier. Dès novembre 2019, il déposait un amendement devant la Chambre des Députés pour donner le pouvoir aux maires qui se sentent concernés d'interdire purement et simplement les résidences hôtelières qui résulteraient du processus décrit.
L'amendement a été accepté mais aucun décret d'application n'en est sorti. Trop compliqué à exprimer ! lui disait-on dans les sphères compétentes....
Presque deux ans plus tard, et grâce sans doute à sa persévérance, on peut saluer la parution du "Décret n° 2021-757 du 11 juin 2021 relatif à la location d'un local à usage commercial en tant que meublé de tourisme". Les maires vont pouvoir, dès le 1er juillet prochain, interdire la transformation de locaux commerciaux ou professionnels en meublés touristiques sous l'appellation "résidences hôtelières" et réduire ainsi les nuisances dues à ces locations.
Le Délégué au logement à l'Hôtel de Ville, le communiste Ian Brossat, a lieu de s'en réjouir mais il lui reste à mettre en place avec son collègue à l'urbanisme, le Premier adjoint Emmanuel Grégoire, les procédures et visas qui empêchent que les DP (demandes préalables de travaux) passent à l'urbanisme comme "lettre à la poste"...
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La mesure n'ayant pas d'effet rétroactif, le permis délivré ingénument par la mairie de Paris, direction de l'urbanisme, au propriétaire de 30 m² de l'Hôtel de Vic dont nous parlons en introduction pour sa transformation en résidence hôtelière pourrait ouvrir la voie aux travaux mais les autres propriétaires ne l'entendent pas de cette oreille. Ils s'appuient sur ce qu'ils qualifient de "fausses déclarations" pour exercer un recours gracieux contre le permis et l'attaquer en justice s'il le faut.
Rédigé à 09:47 dans Actualité, Politique, Tourisme, Urbanisme, PSMV | Lien permanent | Commentaires (0)
Terrasse éphémère de La Fronde, 33 rue des Archives (IVe) (Photo VlM)
La Maire de Paris Anne Hidalgo s'est exprimée ce matin sur France Info à ce sujet pour rappeler qu'elle entend pérenniser les terrasses éphémères. Comme celle-ci ? On frémit ! Gratuitement ou pas, la décision n'est pas encore prise, mais le chiffre évoqué est insignifiant alors que la Maire reconnait avoir besoin d'argent...
A propos de la démarche qui a consisté à réunir sur Zoom un boisseau de représentants des riverains et des commerçants, et sur sa finalité, nous avons pris position dans notre article du 21 avril 2021.
En résumé : (1) pourquoi faudrait-il revoir le règlement des étalages et des terrasses, un texte que nous avons négocié avec Élisabeth Borne en 2011, qui est hors du temps, paramétré pour définir l'espace public laissé aux piétons et aux exploitants de terrasses ? Si c'est pour changer à notre détriment la part qui revient aux piétons nous disons NON tout simplement ; (2) "terrasse éphémère pérenne" est un oxymore ; il n'est pas acceptable que les terrasses éphémères, qui sont un accident de l'Histoire, restent en place au-delà de fin 2021.
Pour illustrer notre position, voyons ce qu'il en est de la terrasse de la brasserie La Fronde. Nous avons déjà commenté son esthétique : elle défigure tout simplement le secteur dont on se rappelle qu'il est sauvegardé. D'ici la fin de l'année nous souhaitons qu'elle disparaisse.
Au-delà, nous pourrions admettre que l'établissement dépose devant la mairie une demande de contre-terrasse pour occuper une partie des places libérées sur la chaussée ; à charge aux services de l'urbanisme et de l'ABF (*) de l'approuver, de la rejeter ou d'en approuver une version amendée. En particulier, on observe que cette plateforme massive s'étend et enveloppe effrontément la devanture d'une agence immobilière voisine !
Une nouvelle confrontation a eu lieu hier sur Zoom avec les élues de Paris. Toutes les composantes du mouvement "Vivre Paris !" étaient présentes ou représentées. Anne Hidalgo est venue épauler son Adjointe au commerce Olivia Polski. Chacun a campé sur ses positions. Il ne pouvait en être autrement. Au-delà, soyons optimiste, un examen de chaque situation critique dans un arrondissement comme le nôtre, avec l'implication de son Maire, peut aboutir à une solution acceptable.
(*) ABF : architecte des bâtiments de France
Église Saint-Eustache, à gauche tour sud inachevée, façade classique de 1754 avec fronton et colonnades sur deux étages, ordres dorique et corinthien (Photos VlM, clic gauche pour agrandir)
L'extension de notre territoire aux quatre arrondissements du centre nous vaut quelques merveilles de plus. Il est presque injuste de les citer car ce faisant on prend le risque d'en oublier mais comment ne pas se réjouir de compter parmi les monuments de notre secteur le Louvre, la Sainte Chapelle et la Conciergerie, la Fontaine des Innocents, la Bourse.... et l'église Saint-Eustache ?
La rénovation de l'église revient sur le devant de l'actualité. "Les Échos" du 29 mars 2021 sous la signature de Marion Kindermans, rappelle que "cet édifice religieux classé, l'un des plus visités de Paris, va bénéficier d'une restauration de 8,9 millions d'€. Le plan de relance pour le volet patrimoine conforte une aide de l’État à hauteur de 2,2 millions. Leur confrère Le Parisien lui avait consacré un long article très bien documenté de Philippe Baverel il y a un peu plus d'un an. Nous recommandons à nos lecteurs de le lire si ce n'est déjà fait ("Le Parisien", 10 novembre 2019).
Face sud, arcs-boutants en soutien de la nef, ouvertures en plein-cintre façon art roman
Le mieux est naturellement de s'y rendre. On a dit beaucoup de choses sur l'architecture de cet édifice dont la version actuelle date du XVIème siècle. Certains, et parmi eux Viollet le Duc, la trouvent incohérente car elle a recours aux styles gothique, roman et renaissance. D'autres estiment au contraire que ce mélange des genres en fait tout le charme. Il démontre par exemple que le gothique n'est pas forcément incompatible avec les voutes en plein-cintre qui caractérisent l'art roman...
Ce qui surprend dès qu'on pénètre c'est la hauteur phénoménale de la nef. Il n'y a pas en France de voute de cette hauteur, pas même celle de Notre-Dame. Il n'y a pas non plus d'orgue aussi somptueux par sa taille et sa décoration (Ducrochet, buffet de Baltard, 1854). Il a la particularité de disposer de deux consoles, une en tribune et l'autre déplaçable dans la nef pour être près des fidèles.
"Vierge de douleur" à gauche et "adoration de mages" d'après Rubens à droite
Dans le double déambulatoire autour du chœur et le long de la nef, on découvre la sépulture de Colbert, dont la famille possédait l'une des 24 chapelles de l'église. La chapelle principale est dédiée à la vierge Marie. Elle abrite une sculpture de "la vierge et l'enfant" de Jean-Baptiste Pigalle. Plusieurs peintures décorent ces chapelles, notamment une "adoration des mages" qui est une copie de Rubens.
L'art contemporain a sa place. Dans l'une des chapelles on est surpris mais ravis de découvrir une œuvre de Keith Haring (1962-90), "La vie du Christ" (The radiant Child), un triptyque en bronze avec patine d'or blanc, qu'il faut décoder pour déceler tout ce que l’artiste a voulu dire (naissance, vie, mort et résurrection)...
Cette église a reçu de nombreuses personnalités en dehors de Colbert. Marivaux, Scaramouche, Rameau... y ont eux aussi leur sépulture. Le roi Louis XIV y fit sa première communion et Anna Maria Pertl, mère de Mozart, y eut ses obsèques quand la mort vint la prendre durant son séjour à Paris en 1778.
Gérard Simonet
Rédigé à 21:43 dans Evènements culturels, Religion, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (4)
Dans cette résidence de la rue du Temple (IIIe) des ateliers d'architectes ont été transformés en résidence hôtelière, louée sur le mode Airbnb. (Photos VlM)
On peut lire aujourd'hui dans le quotidien "Le Parisien" un article pleine page de Delphine Denuit sur les locations saisonnières, qui révèle enfin la véritable dimension du problème vécu par les citadins.
On a amusé la galerie pendant des années avec les fameux 120 jours qui sont la durée de location maximale autorisée pour la location de sa résidence principale. Certains en ont fait un paramètre important alors qu'il est marginal : combien de parisiens résident hors de chez eux plus de quatre mois par an ?
De façon plus efficace, la mairie de Paris s'est intéressée aux résidences secondaires et autres pied-à-terre qui représentent 9% des logements à Paris et sensiblement plus dans les arrondissements du centre. Il est interdit de les mettre en location touristique type Airbnb s'ils n'ont pas le statut "commercial". Le changement de statut d'habitation à commercial est semé d'embuches au point qu'il est devenu virtuellement impossible. Cette source de locations touristiques s'est quelque peu tarie et Ian Brossat, Maire-adjoint communiste de Paris en charge du logement, peut légitimement s'en féliciter.
Mais Ian Brossat qui n'est pas naïf reconnait que le sujet est ailleurs. Nous en avons pris conscience nous-mêmes au temps où la mairie diffusait le BMO (bulletin municipal officiel) qui donnait régulièrement la liste des demandes de permis de construire et d'autorisation de travaux. Ce document n'est plus disponible mais nous avons eu tout le loisir il y a 3 à 5 ans d'observer qu'il incluait de nombreuses demandes d'autorisations de travaux chaque quinzaine pour la transformation d'entrepôts, d'ateliers et autres espaces commerciaux en "résidences hôtelières".
Le phénomène a peu de raison de s'être éteint, car il existe encore dans nos quartiers des locaux de ce type et la mairie par la bouche de M. Brossat déclare qu'elle est impuissante à domestiquer la tendance.
Ce n'est pas totalement vrai. Nous sommes en secteur sauvegardé (SPR ou site patrimonial remarquable). La direction de l'urbanisme qui délivre les autorisations avec le visa conforme de l'ABF (architecte des bâtiments de France) pourrait si elle s'en donnait la peine veiller au minimum au respect de notre patrimoine collectif et mettre ainsi quelques contraintes à la poursuite d'une démarche endiablée vers ce qui est perçu comme un eldorado.
Quand allons-nous revoir dans les rues de Paris le stéréotype de la location saisonnière, le touriste et ses valises à roulettes ?
Au but du compte, que faut-il penser de la situation ? D'abord, raison garder. La location saisonnière est au point mort en ce moment, à cause du COVID mais aussi en raison des mesures restrictives appliquées par la mairie de Paris au parc de résidences secondaires. Il reste le risque de prolifération des "résidences hôtelières" (voir à ce propos notre article du 6 novembre 2019 et l'interview du propriétaire d'un hôtel traditionnel du Marais qui nous dit ce qu'il pense d'une concurrence qui peut être déloyale.
On ne peut pas s'opposer à tout. Il est très positif tout d'abord de constater la disparition progressive d'activités de grossistes qui causaient d'énormes nuisances dans nos quartiers avec des livraisons incessantes qui bloquaient les rues, provoquaient des concerts de klaxons, polluaient et faisaient courir des risques élevés d'incendie à la population. On doit aussi souligner le peu de considération de leurs gérants pour l'esthétique du Marais (devantures, enseignes...)
Il n'est pas choquant qu'une activité économique en remplace une autre. Il faut simplement que la nouvelle venue obéisse à des règles et des contraintes : acceptation des travaux par la copropriété, vigilance de la direction de l'urbanisme et de l'ABF sur les transformations, respect des règlements en matière d'hygiène, de sécurité, de confort et d'accessibilité. Nous comprenons que les textes sont en cours d'élaboration par l'exécutif. Ces règles seront les bienvenues. A défaut c'est la profession de l'hôtellerie qui aura son mot à dire et qui ne s'en privera certainement pas.
Gérard Simonet
Rédigé à 18:16 dans Activités économiques, Cadre de Vie, Environnement, Logement, Paysage de la rue, Société, Tourisme, Urbanisme, PSMV, Vivre Paris ! | Lien permanent | Commentaires (9)
La location saisonnière, symbolisée par les fameuses "valises à roulettes" (Photos VlM)
Le quotidien Le Parisien s'en fait l'écho ce 19 février sous la signature de Delphine Denuit : "la Cour de Cassation a rendu ce jeudi un arrêt qui valide sa stratégie de lutte contre les plates-formes touristiques comme Airbnb, Abritel ou Leboncoin. Dans son arrêt la cour juge la réglementation nationale adaptée et proportionnée".
Ian Brossat, Maire-adjoint communiste en charge du logement auprès d'Anne Hidalgo, s'en est immédiatement réjoui. Deux dispositions imposées par l'Hôtel de Ville étaient en cause : les 120 jours autorisés pour la résidence principale et l'obligation de convertir en destination "commerciale" les résidences secondaires pour avoir le droit de les louer.
Il existe en effet une typologie des locations saisonnières : On distingue le propriétaire, dont c'est la résidence principale, qui la loue pendant ses absences. S'agissant de son domicile personnel, il est improbable qu'il puisse s'en dessaisir longtemps. La réglementation à Paris en limite la durée à 120 jours par an. C'est considérable. Si le tribunal avait décidé d'étendre cette durée voire la supprimer, c'est à peine si on s'en serait rendu compte !
L'autre cas de figure concerne les résidence secondaires. On en dénombre près de 130.000 à Paris, soit 9% des logements, avec une concentration plus forte dans les arrondissements du centre. La mairie de Paris, soucieuse de soutenir le marché de la location longue durée, n'a pas pu interdire la location touristique de courte durée mais a pris des mesures pour qu'elle ne soit possible qu'à la condition d'obtenir de la Ville un changement du statut "d'habitation" vers celui de "commercial", décision dont elle a la maitrise. Elle a rendu en pratique cette transformation difficile voire impossible en l’assujettissant d'obligations drastiques pour compenser la surface d'habitation perdue.
Pour cette catégorie de logements l'enjeu était fort pour la mairie de Paris et pour les plateformes de location. L'arrêt de la Cour de Cassation donne les coudées franches à Ian Brossat pour renforcer les contrôles et sévir en relançant les contentieux en cours. Il peut légitimement se réjouir d'avoir gagné une bataille.
Il existe cependant un mode opératoire du "troisième type", très discret, mais qui se propage et prospère, et dont en apparence personne ne se soucie. Il s'agit des locaux nombreux, rez-de-chaussée, caves, étages même, qui abritaient une activité commerciale disparue ou déplacée hors de Paris. C'est le cas des grossistes-importateurs de maroquinerie et de bimbeloterie qui constituaient la mono activité de secteurs entiers des IIIe et IVe arrondissements.
Cour d'immeuble dans le IIIe avant transformation
Jusqu'à ce que la mairie de Paris cesse de diffuser par bulletin la liste des demandes de permis de construire et de demandes d'autorisations de travaux, on pouvait voir chaque quinzaine l'annonce de la transformation de nombreux locaux en "résidence hôtelières". S'agissant d'espaces ayant déjà le statut "commercial", aucune autorisation n'ést nécessaire si ce n'est celle de l'urbanisme.
Certains s'en dispensent et sont rarement inquiétés. D'autres plus consciencieux déposent un dossier, soumis à l'avis conforme de l'ABF (architecte des bâtiments de France) qui n'a pas toujours les moyens de procéder aux contrôles du respect des règles du PSMV (devenu SPR). Ils procèdent tranquillement à la transformation de surfaces considérables en espaces pouvant accueillir les clients des plateformes de location.
Par ce biais, la maitrise du phénomène de location saisonnière n'est plus vraiment l'affaire de Ian Brossat mais plus discrètement celle du Premier-adjoint à la Maire de Paris en charge de l'urbanisme, Emmanuel Grégoire, et de la technostructure dont il assure la tutelle. Ian Brossat peut se targuer d'avoir obtenu satisfaction en muselant les propriétaires de résidences secondaires à Paris, il reste démuni face à la déferlante des résidences hôtelières.
Que doit-on en conclure ? Tout d'abord qu'il y aurait moins d'engouement pour la location meublée touristique si les lois en matière de location longue durée et la fiscalité n'étaient pas aussi pénalisantes pour les propriétaires-loueurs. Le Parlement devra un jour s'en préoccuper et M. Brossat l'admettre. Dans l'état actuel des choses, il faudrait que la mairie de Paris soit exigeante, protectrice du patrimoine et transparente vis à vis des transformations qui se déroulent autour de nous. Il faudra aussi que ces nouvelles résidences hôtelières soient soumises aux mêmes règles d'hygiène, d'accessibilité et de sécurité que l'hôtellerie traditionnelle pour éviter la concurrence déloyale.
GS
Rédigé à 19:53 dans Activités économiques, Cadre de Vie, Environnement, Logement, Politique, Tourisme, Urbanisme, PSMV, Vivre Paris ! | Lien permanent | Commentaires (8)
Tandis que l'ADRAQH (association pour la défense et l'animation du quartier des Halles),
au nom des riverains du secteur, lance une pétition pour le maintien du centre ouvert
pendant les travaux, Ariel Weil le Maire de Paris-centre s'adresse par courrier au président
du centre Georges-Pompidou pour exprimer son opinion sur la façon brutale dont les
travaux, leur date et leur durée ont été annoncés. Le Maire nous fait part de son
intervention et nous dévoile le contenu de sa lettre :
A l'attention de M. Serge Lavignes, Président du Centre Georges-Pompidou
Monsieur le Président,
L’annonce par la Ministre de la Culture de la décision de fermer le Centre Pompidou
pendant quatre ans à partir de 2023 a fait l’effet d’une bombe à Paris Centre.
Bien que ce ne soit pas une véritable surprise, je vous avoue ma consternation face à cette
annonce unilatérale, qui semble avoir été prise sans faire grand cas de l’environnement dans
lequel s’inscrit l’établissement que vous présidez.
Alerté en février 2020 de l’hypothèse d’une fermeture complète du site, je vous ai aussitôt
écrit pour vous demander instamment de consulter habitants, commerçants et élus locaux
afin qu'ils puissent éclairer votre choix et accompagner votre décision.
Malgré mon insistance, cette discussion n’a jamais eu lieu, pas plus qu’avec les deux
ministres de la Culture qui se sont succédé et que j'avais également sollicités. Ce n'est donc
pas le choix de la voie de la concertation qui a été fait.
Le Centre Pompidou s'inscrit dans un quartier parisien doté d'institutions, d'habitants,
d'artisans, de commerçants dont il organise l'activité et la vie. Le public précaire qui trouve
refuge à la BPI (bibliothèque publique d'information - NDLR), les associations qui lui
viennent en aide, les commerçants si durement éprouvés depuis 2019 par les grèves, les
manifestations, la fermeture de la piazza et la situation sanitaire, méritent qu'on s'intéresse
à leur sort, qu'il entre en ligne de compte.
Eux qui animent le quartier depuis parfois plusieurs décennies, il me semble qu'ils ont des
choses pertinentes à dire sur le Centre Pompidou.
Car le cœur du quartier Beaubourg bat au rythme du Centre Pompidou. Vous n’ignorez pas,
bien sûr, les conséquences économiques et sociales possiblement dramatiques d’une telle
fermeture, allant jusqu’à bouleverser durablement la physionomie, la vitalité et l’attractivité
de tout un quartier, et bien au-delà.
Dans un tel contexte, il est de notre devoir commun d’anticiper et d'accompagner les
conséquences de la fermeture de ce site avec toute l’énergie nécessaire.
Aussi me parait-il urgent que vous organisiez, sous l’égide de votre ministère de tutelle,
les rencontres tant attendues par les habitants, commerçants et élus locaux qui permettront à
la fois de connaître votre projet et d’en envisager toutes les incidences, dans un dialogue
constructif avec les principaux intéressés.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes meilleures salutations.
Ariel Weil
Maire de Paris-centre
Rédigé à 15:06 dans Actualité, Cadre de Vie, Environnement, Evènements culturels, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (5)
Façade sud de la Samaritaine rénovée, face au Pont-Neuf (Photo VlM)
Nos amis, l'association XVIe-Demain, vient de publier sa lettre trimestrielle sur 10 pages couleurs. Elle est comme d'habitude très riche de sujets qui ont un lien avec l'urbanisme et le paysage urbain en débordant largement du cadre strict du XVIe arrondissement. Nous invitons nos lecteurs à en prendre connaissance en téléchargeant le dossier. Ils peuvent du reste s'y abonner en versant à l'association la cotisation de 25,00 € par an.
Nous avons notamment retenu un excellent article sur "La Samaritaine", magasin vedette de Paris-centre avec le BHV-Marais, dont les travaux sont en cours d'achèvement. Avec la permission de nos amis, nous en publions le contenu dans les lignes qui suivent :
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On en connait le promoteur, le groupe LVMH de Bernard Arnault, avec un budget de 750 Millions d'€, les architectes le cabinet Sanaa, Sejima et Nishizawa, le programme, un grand magasin de 20 000 m², un hôtel du Cheval Blanc de 72 chambres, une douzaine de points de restauration, des bureaux sur 15 000 m², une crèche de 80 places et 96 logements sociaux.
Historique : en 1590, le roi Henri IV fait construire le Pont Neuf, puis la pompe à eau de la Samaritaine pour alimenter le Louvre et les jardins des Tuileries. Le nom du magasin a été choisi en mémoire de celle qui a donné à boire à Jésus au puits de Jacob, selon les évangiles. En 1873, les époux Cognacq-Jay inaugurent une boutique à la Samaritaine. Au fil du temps, « on y trouvera de tout » dans ce qui sera devenu le plus grand magasin de Paris dont les quatre immeubles totalisaient 70 000 m² !
Mais, progressivement, la concurrence du boulevard Haussmann avec le Printemps et les Galeries Lafayette, ainsi que les problèmes de sécurité incendie du bâtiment, obligent le groupe de Georges Renan à fermer le magasin en 2005 et à le vendre ensuite au groupe LVMH de Bernard Arnault. Laborieux permis de construire ! Le projet a été long à concevoir. Un site aussi emblématique ne laissait personne indifférent. La Ville détenant le sésame de la Commission d’aménagement commercial et soucieuse de mixité du programme a mis du temps à obtenir du promoteur des logements sociaux. Ils sont au nombre de 96 et, tellement attractifs, qu’ils sont mis en vente par Paris Habitat !
Les recours. En outre, les associations gardiennes vigilantes des règles du PLU de la zone ont lutté trois ans contre la façade, qualifiée de "rideau de douche", de la rue de Rivoli. Le Conseil d’État a sifflé la fin de la partie le 19 juin 2015 en validant le permis au mépris du classement monument historique des façades art déco d’Henri Sauvage, l’architecte qui a construit la Samaritaine !
Le concept du centre commercial : non, vous ne pourrez pas trouver de tout à la Samaritaine comme disait le slogan d’antan. En effet, le groupe LVMH a confié la conception du merchandising à DFS group lui appartenant, basé à Hong-Kong et spécialiste du duty-free d’aéroport. Comme le précise un de ses dirigeants : la nouvelle Samaritaine sera "le plus petit des grands magasins et le plus grand des concepts stores". Sa modeste dimension de 20 000 m² ne lui permet pas de rivaliser avec ses deux concurrents du boulevard Haussmann, le Printemps et les Galeries La Fayette d’environ 60 000 m² chacun et qui, d’ailleurs, offrent eux aussi de moins en moins « de tout » compte tenu de la concurrence des grandes surfaces spécialisées de banlieue.
Le concept store Samaritaine proposera donc vêtements, bijoux, parfums, maroquinerie, horlogerie dans un univers thématique de luxe et s’adressera à une clientèle internationale haut de gamme, la même que celle des grands aéroports internationaux. Pour rester dans cette ambiance de luxe, les promoteurs proposent à la clientèle du centre et aux autres touristes fortunés de les accueillir pour la nuit à l’hôtel du Cheval Blanc, 5 étoiles, 72 chambres au prix minimum de 1 150 € la nuit, sans parler de la suite de 1 000 m2 donnant sur la Seine. Une piscine de 30 mètres enchantera d’autant plus le séjour !
Insertion dans le site. La Ville a voulu améliorer le franchissement de la Seine par le Pont Neuf. En supprimant le tunnel qui permettait aux voitures venant de la rue de Turbigo de passer sous le Forum des Halles et de déboucher rue du Pont Neuf, elle a créé une place piétonne de 5 000 m² devant l’entrée du magasin. Les trottoirs sont élargis et plantés, les circulations douces sont privilégiées. C’est ce que les urbanistes appellent la requalification urbaine.
L’ouverture. Prévue en avril 2020, elle est maintenant reportée à février 2021. Ce délai doit permettre de reconfigurer les aménagements du magasin afin de respecter les règles de distanciation sociale imposées par la Covid19.
Cible commerciale. LVMH vise la clientèle asiatique fortunée. Il espère que le nouvel an chinois de février 2021 lui apportera de nouveau ces acheteurs riches mais très soucieux de prophylaxie. Cependant, depuis la pandémie, ce pari risqué de 750 M€ repose sur une reprise de la consommation internationale de luxe et sur le renouveau du transport aérien.
François Douady
Mise au point de la mairie du Paris-centre
Le cabinet du Maire de Paris-centre nous prie de publier cette réponse :
"Nous sommes un peu atterrés par l’article sur la Samaritaine qui comprend une fausse information de taille
que nous souhaitons corriger.
Je cite : « La Ville détenant le sésame de la Commission d’aménagement commercial et soucieuse de mixité
du programme a mis du temps à obtenir du promoteur des logements sociaux. Ils sont au nombre de 96 et,
tellement attractifs, qu’ils sont mis en vente par Paris Habitat ! »
Passons sur la première phrase que nous n’avons pas comprise ; mais comment laisser imaginer une seule
seconde qu’un bailleur social soit chargé de mettre en vente des logements ? Il n’a aucunement vocation
à les commercialiser ! Sa mission consiste au contraire à mettre en location des logements sociaux financés
par la Ville de Paris afin de permettre un peuplement mixte au sein d’un quartier.
En l’occurrence, les 96 logements confiés à Paris Habitat sont en cours d’attribution à la suite des commissions
de désignation que les réservataires des logements ont tenues à partir du mois de juillet (État, Ville de Paris,
Action logement). La municipalité se félicite de l’arrivée de ces nouveaux habitants et leur souhaite la bienvenue.
sur ce site exceptionnel.
Isabelle Knafou
Directrice de cabinet d’Ariel Weil, Maire de Paris Centre
Rédigé à 16:01 dans Activités économiques, Actualité, Cadre de Vie, Environnement, Histoire, Tourisme, Urbanisme, PSMV, Vivre Paris ! | Lien permanent | Commentaires (7)
Musée Carnavalet, cour d'honneur (Photo VlM)
La réouverture du musée Carnavalet était attendue au printemps 2020. Il y a eu depuis l'épidémie du COVID 19. Les travaux ont pris du retard avec les confinements. Un an à peu près car les opérations du chantier ont été contrariées par les mesures sanitaires. L'accrochage a repris cependant, sous la conduite d'un "vitriniste" de Brême en Allemagne et la Directrice Valérie Guillaume, avec qui nous nous sommes entretenus, pense que le musée pourra ouvrir au printemps 2021, en accord avec l'Architecte en chef des Monuments Historiques Francis Chatillon .
Le quotidien Le Parisien publie aujourd'hui un excellent article à ce sujet signé Eric Le Mitouard. Nous engageons nos lecteurs à le consulter pour tout savoir sur ce que le plus parisien des musées parisiens nous réserve à sa réouverture.
Rédigé à 18:17 dans Evènements culturels, Tourisme, Urbanisme, PSMV | Lien permanent | Commentaires (1)