Les Buttes Chaumont, dimanche 25 mars 2012 après-midi
Il y a une très belle séquence dans le film "Autant en emporte le vent" d'après Margaret Mitchell, mis en scène par Victor Fleming. Elle montre la foule des victimes sudistes à l'issue du siège et de la bataille d'Atlanta. La caméra amorce un panoramique en filmant le coin gauche d'un champ où gisent quelques soldats. Puis l'objectif tourne sur la droite et révèle petit à petit, dans un crescendo à forte tension dramatique, un champ immense de blessés qui s'étend à perte de vue.
En découvrant ce pré en pente des Buttes Chaumont, en contre-bas de la guinguette "Rosa Bonheur", l'image d'Atlanta nous est revenue. Pas de blessés ici, des gens plutôt jeunes et heureux de vivre, assoiffés de grand air et de soleil, mais assis au fesse à fesse sur une pelouse qui en perdait son charme bucolique.
Il en est ainsi de Paris, trop dense et trop active, pour qu'il soit encore aisé d'y vivre quand on a soif de quiétude. Mais qui peut s'opposer à la fréquentation d'un lieu qui attire la foule venue d'ici et d'ailleurs simplement parce qu'il est attractif ? Aucun règlement ne s'y oppose, aucune morale ne peut le condamner. On peut se plaindre du manquement à certains règlements comme ces deux-roues qui encombrent les trottoirs à l'entrée. Mais ils sont trop nombreux pour que l'autorité sévisse. Qui plus est, un dimanche.
Une seule attitude est concevable : renoncer à s'y rendre pour ne pas gonfler le nombre de ceux qui ne paraissent pas s'en offusquer.
Gérard Simonet