La façade de la boutique sans nom du 42, rue de Sévigné (IIIe). (Photo VLM)
Au N° 42 de la rue de Sévigné (IIIe), face au lycée Victor Hugo, est installée depuis peu une nouvelle boutique, peinte de couleur bleue assez doux, et qui attire l’œil du passant car aucun nom n'est inscrit . La curiosité aidant, il suffit donc de bien regarder, s'ouvre alors à nous un long local de 65 m2, un espace très sobre, une sorte de petite galerie.
Nous sommes en présence d'un nouveau concept de magasin entièrement consacré aux modèles haut de gamme de la marque Adidas ! Plutôt mode et moins sport, il s'agit de la première implantation de ce type à Paris. D'autres ont déjà été réalisées à Londres et à Berlin. Les murs intérieurs sont cirés mais abîmés d'apparence, une fausse verrière dont des spots reconstituent la lumière du jour est supportée par des poutrelles métalliques. Le plâtre, le béton et l'acier dominent. Le must est donc de se retrouver dans une boutique Adidas sans imaginer qu'elle pouvait être implantée à cet endroit. Le nec plus ultra de l'abstraction en matière de vente... et cerise sur le gâteau, il existe derrière cette surface de vente, un autre espace de 340 m2 masqué par une cloison d'acier. Il sera consacré aux animations artistiques.
Intérieur de la boutique N° 42 rue de Sévigné (IIIe)
Pour l'anecdote, précisons que le groupe Adidas était à l'origine une petite entreprise de pantoufles appartenant à un savetier bavarois du nom de Dassler. Lorsque les 2 fils héritent de l'affaire, ils fabriquent des chaussures de sport. Le nom de la marque est la réunion du surmon "Adi" d'un des frères prénommé Adolphe et de "Das", 1ère syllabbe de Dassler. A la suite de démêlés avec les autorités américaines consécutifs à la Seconde Guerre Mondiale, les deux frères deviendront des ennemis et lorsqu'ils pourront reprendre les rênes de l'affaire après que leurs femmes respectives aient assuré une sorte d'intérim durant leur absence, l'un d' eux préféra partir et créer sa propre entreprise. Il s'agit de Puma !
Un "remake" de cette mésentente familiale s'est aussi produit en France entre les frères Veron puisque l'un d'eux restera à la tête des voitures miniatures Majorette alors que son frère créera Norev (Veron en verlan) qui deviendra son concurrent direct ! Pour revenir à Adidas, nous nous souvenons de la reprise de cette affaire par Bernard Tapie puis des différents développements qui s'en suivirent et des difficutés, surmontées depuis lors, de l'entreprise. Aujourd'hui Adidas qui contrôle aussi Reebock est cotée en Bourse depuis 1998.
Nous nous réjouissons de l'arrivée de cette enseigne, parmi les 10 marques les plus connues au monde, qui a choisi notre quartier pour implanter en France son nouveau concept, ce qui démontre que le Marais est aussi autre chose qu'un ensemble muséal.
Dominique Feutry