La rue des Francs Bourgeois (IVe), zone piétonne le dimanche
La rue des Francs-Bourgeois vient de perdre en quelques semaines trois enseignes, le magasin "Filofax" au N°32, "Oliviers and Co" qui était installé au N°34 dans une ancienne pharmacie (voir notre article du 23 mai 2009) et le magasin "Art du Bureau" présent depuis plusieurs dizaines d'années au N°47. Un à un, tous ces commerces sont remplacés par des boutiques de mode qui ont progressivement détrôné les autres activités, notamment de bouche. Seuls subsistent le magasin de surgelés Picard et les quelques bars-restaurants (l'un d'eux au N° 23 a fermé il y a quelques mois au profit de la marque Tam-Tam). La chaîne Amorino avec ses glaces et ses chocolats a toutefois ouvert discrètement un point de vente à l'automne dernier au N°1 (tout près de la place des Vosges).
L'ancienne boulangerie du N° 29 avec son panneau central peint, devenue magasin de prêt à porter
Les panneaux extérieurs du XIX° siècle d'une boucherie en face du N°6 ou ceux protégés de la vitrine et du plafond de deux boulangeries aux numéros 23 et 29 attestent des activités exercées par le passé. Les paysages et les scènes qui sont représentées sont des toiles peintes fixées sous verre. Quant à la dernière épicerie qui se trouvait juste à l'angle du passage qui mène à l'entrée du square des Blancs Manteaux, elle a fermé dans les années 90, lorsque sa propriétaire a pris sa retraite. Vêtements, bijoux de fantaisies (l'ouverture du magasin Fred au N° 6 qui proposait des pièces de joaillerie a vite tourné court), parfums, fragrances et produits de beauté, décoration « vintage » bordent le parcours des passants pour la plupart des touristes.
Filofax, l'enseigne qui vient de fermer ses portes
Depuis 1999, la rue des Francs-Bourgeois est classée zone touristique, ce qui a provoqué l'accélération d'une mutation déjà entreprise plusieurs années auparavant. N'a t-on pas parlé alors d'« une rue aux boutiques pour shoppeurs bobos » ! Merveilleusement située, piétonne le dimanche, l'artère est en plein cœur de Marais sur l'axe très touristique « Centre Pompidou / Place des Vosges ».
Les enseignes ont collé à cette évolution, un phénomène que l'on rencontre d'ailleurs dans d'autres endroits dans Paris ou dans d'autres villes, ce qui crée une forme de monotonie puisque ce sont toujours les mêmes marques qui s'installent. Certains nostalgiques se font une raison car pour eux ainsi va l'évolution du commerce qui suit les habitudes de consommation, les modes et la mutation des quartiers. "Vivre le Marais !" estime qu'il en va autrement et est favorable à ce que tout soit mis en oeuvre pour refaire de cette rue une zone d'achalandise diversifiée. Il est regrettable que les autorités qui savent pourtant se doter des moyens nécessaires lorsqu'il le faut, restent passives face à ce glissement.
Dominique Feutry