Rue Rambuteau, carrefour avec rue Saint-Martin, été 2003, trottoirs, chaussée et bancs publics la nuit ne désemplissent pas (Photo Renato H.)
Au moment où nous sommes tentés de nous réjouir de l'achèvement des travaux d'aménagement de la portion de la rue Rambuteau qui va de Beaubourg à Archives (IIIe et IVe arrondissements), nous découvrons la détresse des habitants qui vivent la même transformation depuis bientôt deux ans le long du tronçon Sébastopol-Saint Martin.
Bars à vins, crêperies, stands de vente à emporter, jazz-bands "live" tard dans la soirée, restaurants fenêtres ouvertes diffusant leur musique, bancs publics assaillis, ivresse, bagarres, hurlements, odeurs..... Voilà en vrac ce que les riverains nous rapportent.
Un collectif s'est formé. Cette année, lassés d'attendre que les choses rentrent dans l'ordre, ils ont signé une pétition en date du 23 juin à destination des Maires du IIIe et du IVe, Pierre Aidenbaum et Christophe Girard et du Préfet de Police de Paris. Ils rappellent justement que ce secteur fait l'objet d'un arrêté du Préfet de Police n° 00082 de 2010 portant interdiction de la vente à emporter la nuit. C'est pourtant ce genre de vente et la consommation qui s'en suit qui sont à l'origine des nuisances qu'ils subissent.
Le Préfet de Police leur a répondu le 30 septembre, sous la signature de Yvan Cordier, directeur de Cabinet, pour leur notifier des informations qui de notre point de vue peuvent infléchir sérieusement le cours des évènements :
- avertissement et neuf jours de fermeture administrative pour le bar à vin SERDA,
- neuf jours également de fermeture administrative pour dépassement d'horaire, extension de terrasse et rixe, à la "Crêperie de Paris",
- procès-verbal de terrasse abusive à l'encontre de la "Crêperie Chouchou"
En revanche, l'établissement "Le Cavalier Bleu", qui a changé de gérant au 1er janvier, affiche depuis un comportement civique.
On voit que la préfecture de police est décidée à ne tolérer aucun dérapage. Il est utile de préciser qu'un procès-verbal n'est pas une sanction anodine. Il donne généralement suite à une comparution devant le Tribunal de Police de Paris, dont les sanctions peuvent être lourdes de conséquences, surtout en cas de récidive. Ceux qui après une ou plusieurs fermetures temporaires ont été conduits à arrêter leur exploitation s'en souviennent amèrement.
Le collectif a édité un album photos des nuisances nocturnes que ses membres subissent depuis de longs mois. Un exemplaire a été remis à Frédéric Hocquard, le conseiller auprès du Premier Adjoint à la Maire de Paris, Bruno Julliard, en charge précisément de "la nuit". Nous soupçonnons qu'il a été nommé à ce poste au départ pour promouvoir la nuit débridée à Paris. Nous l'avons rencontré depuis et nous espérons qu'il a bien compris depuis que "la nuit" c'est aussi la période où ceux qui travaillent, les enfants, les personnes âgées ou malades, cherchent le repos.
Travaux rue Rambuteau, dernier tronçon. Septembre 2014. (Photo VlM)
Cet épisode nous met en garde contre les dérives qui pourraient maintenant se manifester sur la portion de cette rue Rambuteau dont les deux maires d'arrondissements nous ont fait la faveur d'un réaménagement de même nature. Ce que nous en voyons aujourd'hui, à quelques jours de la fin des travaux, est de bon augure.
Ils n'ont pas lésiné sur la qualité en nous offrant du granite partout pour le dallage des trottoirs. La rue est donc pavée des meilleures intentions. Nous veillerons à ce qu'elle ne devienne pas un enfer, forts de l'expérience de nos amis du secteur Beaubourg. L'association des commerçants de la rue, dont les membres ne souhaitent pas voir la rue envahie par la vente à emporter et les piques-niques spontanés de jour comme de nuit, sera notre alliée pour une surveillance active.
Gérard Simonet