Mur pignon du 95 de la rue Vieille du Temple, à l'angle de la rue des Quatre-Fils (IIIe), devant la porte du siège de la division "Propreté de Paris" pour la zone Est (Photo VlM)
En l'état actuel du mur, c'est tellement laid que c'en est beau ! Exactement ce qu'on disait de Michel Simon dans le rôle de Méphisto du Faust (La Beauté du Diable) de René Clair dans les années 50.
Michel Simon dans le rôle du diable
On a envie de dire aux auteurs de ces prestations immondes : continuez, allez jusqu'au bout de l'horreur vous en ferez peut-être un chef-d’œuvre.
Le mur n'a pas toujours été dans cet état. Début 2013, les services de la Mairie de Paris intervenaient pour refaire l'enduit et l'avaient laissé d'un blanc-crème uni à rendre jalouse une hermine. Trop propre au gré d'un désaxé qui décida de le bombarder de poches de peinture de couleur. En toute honnêteté c'était plutôt décoratif mais le geste avait une allure de mauvais présage pour la suite des évènements.
Le 29 mars 2013, Jean-Philippe (sur son échelle), membre de l'association, élevé au rang de conservateur du mur, dut se dévouer pour réparer les outrages d'un autre maniaque qui laissait à l'époque des messages débiles peints un peu partout dans le quartier.
Peine perdue, une armée de barbouilleurs et de poseurs d'affiches en tout genre fondirent sur ce panneau encore vierge pour en faire ce qu'il est aujourd'hui. Le propriétaire de l'immeuble refusa que la mairie intervienne à nouveau, non pour protéger le patrimoine d'art de la rue ainsi constitué dont il devenait détenteur, mais dans la crainte que le traitement au Karcher n'entame la solidité du mur porteur.
Jean-Philippe eut des velléités de trouver une solution au problème mais n'y parvint pas.
Heureusement, les élections municipales arrivaient. Le candidat Pierre Aidenbaum, sensible à notre émotion, prit alors une décision : soumettre ce cas à Mao Péninou, Maire-Adjoint de Paris chargé de l'environnement et de la propreté et obtenir un engagement de l'Hôtel de Ville pour un traitement approprié et durable du problème.
Nous avons publié le 19 janvier 2014 un article qui signalait un autre site dans le IVe, ainsi que la réponse de M. Péninou : "L’entretien des murs demeure ..... une obligation du propriétaire selon l’article 23 du Règlement sanitaire départemental. Le responsable du service local de propreté lui a de nouveau rappelé la réglementation : il semblerait que la réalisation d’une fresque sur ce mur soit à l’étude".
Le Maire Pierre Aidenbaum, brillamment réélu en mars, nous en reparla par la suite. Il continue de penser que la réalisation d'un "décor" (fresque ?) est la solution pérenne que nous privilégions. Cette pétaudière à deux pas du musée Picasso, qui vient de rouvrir et attire le monde entier, n'est pas digne du cadre ambiant. A moins évidemment qu'en l'état le mur devienne une œuvre d'art à part entière et que son classement soit décrêté. En ces temps de paradoxes tout est possible. Dire que nous le souhaitons serait probablement exagéré.
Gérard Simonet