Animateurs de "Vivre la Ville !" : de gauche à droite : Olivier Chalvignac - ARREN (Strasbourg), Daniel Ehret - CABA Alsace, Gilles Pourbaix - Réseau "Vivre Paris!", Nicole Nussbaum - Calme Gutenberg (Strasbourg) et Lars Johanson - les Rues de Graslin (Nantes), devant le Parlement Européen à Strasbourg
Le 4 février, le Réseau « Vivre la Ville ! » a adressé à Mme Michèle Rivasi, députée européenne (groupe des Verts) et membre de la commission ENVI (Environnement, santé publique et sécurité alimentaire) un courrier sur la question des nuisances sonores nocturnes dont les habitants des centres-villes sont victimes.
Le 29 avril une délégation du Réseau, "Calme Gutenberg" (Strasbourg), "CABA Alsace", "Les Rues de Graslin" (Nantes), "ARREN" (Strasbourg) et « Vivre Paris! », a rencontré Mme Rivasi au Parlement Européen à Strasbourg.
Les points qui ont été présentés ont porté sur une demande d’objectivation des nuisances sonores par des mesures par des sondes. Le réseau a confirmé qu'il était pour la fête mais dans des endroits dédiés et adaptés et à l’intérieur. Il a été souligné que la concertation dans les grandes villes était un leurre surtout lorsque la politique de la ville se traduisait par le développement effréné de la vie nocturne. En effet la promotion de la vie nocturne est devenue une politique gouvernementale depuis l’inclusion du tourisme dans les attributions du Ministre des Affaires Etrangères mais elle ne doit pas se faire au détriment des habitants des villes.
Le problème « premier » est que le droit n’est pas appliqué. On détruit un écosystème humain, les centres des villes étant de plus en plus livrés à la mono-activité des bars avec disparition des commerces de proximité, renchérissement des baux locaux et baisse des loyers et du foncier d’habitation. D'autre part, les centres des villes sont livrés à la location saisonnière ou de courte durée. La mixité (générationnelle ou sociale) se réduit, une question qui renvoie à l’aménagement du territoire tant dans l’espace que dans le temps (jour-nuit). Du fait de leur muséification les villes deviennent des décors de théâtre vidées de leurs habitants. La compétition entre les villes induit une logique marchande où le client devient roi et a tous les droits avec en sus un fort lobbying des alcooliers.
Plusieurs pistes ont été évoquées par Michèle Rivasi.
Installer des boîtes de nuit à l’extérieur de la ville avec mise en place de transports (comme à Clermont-Ferrand). Faire appliquer le droit (bruit, ivresse publique, drogue…). Favoriser une concertation avec les riverains avant toute implantation d’un établissement susceptible de générer des nuisances (étude d’impact). Il est en fait nécessaire d'avoir une politique de consensus. Les lieux musicaux doivent être insonorisés. Pas d’insonorisation entraînera le refus d'autoriser la diffusion de musique. Il pourrait d'ailleurs être possible d'inciter à l’insonorisation des lieux musicaux sous la forme d’une participation des villes (1/3 pour la ville, 2/3 pour l’établissement). Sur cette proposition, le réseau est en désaccord car agir de la sorte serait la porte ouverte à tous les excès. Il faut qu'après 22h les portes des établissements soient fermées avec la musique à l’intérieur ou arrêtée.
Le parlement européen à Strasbourg
Les représentants du réseau se sont adressés à la membre de la commission ENVI pour évoquer la
double question de santé publique, d'une part la privation de sommeil pour les habitants qui sont doublement victimes du bruit et des autorités lorsqu’ils essaient de se plaindre (plaintes
pas prises en compte, police ne se déplaçant pas, insultes des patrons de bars et de leurs clients…)
D'autre part l'hyper alcoolisation des jeunes (voire moins jeunes) avec ses conséquences nombreuses, comas éthyliques, violence aux personnes, décès par noyade, viols de femmes comme d’hommes, coût pour la collectivité (police, nettoyage, SAMU, hôpitaux…)
Affiche de la préfecture de Police contre l'alcoolisation des jeunes
"Vivre le Ville !" souhaite un modèle de ville durable, avec un aménagement du territoire de la nuit, à la fois dans le temps et dans l’espace, pensé de façon globale. Les Villes veulent développer la vie nocturne, ce qui est concevable, mais on ne peut pas continuer à multiplier et concentrer les bars et
établissements de nuits dans des lieux qui sont habités et deviennent alors inhabitables.
Il faut prendre en compte les principes de prévention des risques, le premier étant d’éloigner la source de nuisances des populations concernées (plutôt que de proposer aux victimes de se bunkeriser, de dormir avec des bouchons d’oreilles ou bien de déménager, ce qui correspondrait aux niveaux 2 et 3 de la prévention des risques : protéger la population menacée avec des équipements, et évacuer la population menacée quand l'application des niveaux 1 et 2 ne sont pas possibles).
Les propositions de Michèle Rivasi rappellent la proposition de résolution du Parlement européen sur la stratégie en matière d’alcool. Elle suggère deux pistes d’actions. Faire une demande auprés de la commission ENVI de procéder à une audition sur la problématique des nuisances sonores en Europe avec convocation d’experts, d’associations… Cette audition pouvant déboucher sur une résolution (texte discuté par tous les groupes politiques au Parlement Européen). Le Parlement fera alors des recommandations qui pourront ensuite déboucher sur un acte législatif (une directive).
Le réseau "Vivre la Ville !" prend le dossier en main.