Christophe Girard aux côtés de Gérard Simonet, quai des célestins (IVe) en mars 2014 (Photo VlM)
Nous remercions le Maire du IVe Christophe Girard pour sa réponse à notre article du 13 juin 2015 dans "Vivre le Marais !". Sans aller jusqu'à parler de "dialogue de sourds", il serait exagéré de prétendre que nous avons été globalement entendus.
Nous parlons "maintien de l'ordre", il répond "identité"... Nous publions intégralement sa réponse sans commentaire. Il appartient à chacun d'en juger. Pour les actions engagées, il reste quelques mois avant les prochaines échéances électorales pour vérifier si elles portent des fruits. Dans une mairie, comme dans une entreprise, il ne suffit pas d'affirmer qu'on s'active, il faut que les résultats soient au rendez-vous.
Il y a un point néanmoins sur lequel il nous parait important de réagir. Nous affirmons que le IVe est fait de quartiers où la diversité règne. Nous refusons avec vigueur toute étiquette réductrice. Le Marais n'est pas un quartier de juifs, de chinois, d'homos, d'hétéros, de blancs, de noirs, de jeunes, de vieux, de bobos ou autres. C'est un secteur sauvegardé avec un patrimoine collectif exceptionnel et un kaléidoscope de populations qui côtoient un nombre grandissant de visiteurs du monde.
Des gens qui n'ont qu'un souhait : vivre et travailler en harmonie avec leur environnement. Le Marais, qui s'étend sur les IIIe et IVe arrondissements, bien au-delà de la rue des Archives dont il est fait mention, aucun groupe communautaire n'a le droit de se l'approprier et les lois de la République valent pour tous avec la même rigueur et la même justice.
Pour le reste, voici la lettre de M. Girard :
Paris le 17 juin 2015
Objet : Réponse à votre article du 13 juin 2015 dans « Vivre le Marais »
Monsieur,
Vous avez, dans le cadre d’un article publié sur le blog de Vivre Le Marais, exprimé votre opinion sur un certain nombre de sujets importants du 4e arrondissement. Je tiens à vous apporter des éléments de réponse, votre article ne faisant pas mention des actions que j’ai entreprises avec mon équipe municipale en lien avec la Mairie centrale.
En ce qui concerne les « flyers », je suis, comme vous, très préoccupé par la pollution engendrée par ces milliers de prospectus distribués et que l’on retrouve, par voie de conséquence, sur le domaine public.
Dès le début de la nouvelle mandature, je me suis attaqué à ce problème complexe en déposant un vœu au Conseil d’arrondissement et au Conseil de Paris de juillet 2014, qui a été adopté par ces deux assemblées.
Ce vœu, relatif à la distribution gratuite de prospectus commerciaux dans le 4e et à Paris, comportait un certain nombre de demandes, dont la mise en application est actuellement à l’étude par la Préfecture de Police et la Ville de Paris.
Au travers de ce vœu j’ai notamment demandé à la Préfecture de Police l’inclusion du Marais dans la liste des lieux où la distribution gratuite de prospectus commerciaux écrits ou imprimés est interdite, dispositif prévu dans le cadre de l’arrêté préfectoral, n°2004-17923 du 13 septembre 2004, modifié par l’arrêté préfectoral n°2007-20990 du 6 septembre 2007. Cette liste d’interdictions spécifiques comprend des lieux tels que la Place de l’Etoile, l’Avenue des Champs-Elysées, ou une partie de la rue de Rennes et du Boulevard Saint-Michel.
S’agissant de la législation actuelle, seule la personne qui jette le prospectus sur la voie publique est susceptible d’être verbalisée. Une évolution législative est nécessaire pour interdire la pose de prospectus sur les biens meubles dont font partie les véhicules de particuliers. À ce jour, aucune majorité n’est susceptible de se dégager sur ce sujet au Parlement, un grand nombre d’élus de territoires ruraux et de petites villes étant opposé à toute restriction de la distribution de prospectus gratuits.
Récemment, j’ai par ailleurs demandé au Commissaire du 4e arrondissement, pleinement conscient de la situation, d’écrire directement aux commanditaires de ces distributions afin de les appeler à davantage de modération. Cette problématique fait l’objet d’une vigilance aussi grande que possible du Commissariat en sachant que les évènements du mois de janvier ont impliqué une mobilisation très importante des services de Police parisiens, mobilisation toujours en cours dans le cadre du Plan Vigipirate renforcé.
Pour que les mesures ne soient pas uniquement répressives, nous travaillons dans le cadre du Conseil de la nuit, instance pilotée par Frédéric Hocquard, Conseiller parisien en charge de la nuit, sur des moyens de communication innovants à proposer aux établissements nocturnes dont l’activité nécessite une certaine publicité.
S’agissant du Cox et plus globalement des établissements gays du Marais et de la rue des Archives, permettez-moi de faire un point de contexte et d’histoire. La présence de ces établissements fait partie de l’identité du quartier, tout comme l’As du Fallafel dans la rue des Rosiers fait partie de l’identité du Pletzel. La capitale est aussi reconnue comme une ville de tolérance grâce à l’existence et à la diversité historique de ces quartiers.
Par ailleurs, j’entends aujourd’hui beaucoup d’inquiétudes sur la gentrification du quartier, l’arrivée d’enseignes haut de gamme installées par le secteur privé ou le départ d’habitants et de certains commerces de proximité qui ne peuvent plus assumer les prix pratiqués par les propriétaires. Mon rôle en tant que Maire est de veiller aux équilibres et de trouver avec les habitants et les acteurs économiques des solutions concrètes et respectueuses. Ainsi je m’étais opposé à l’ouverture d’une nouvelle boite de nuit devant l’école Saint-Merri/Renard mais je suis favorable au maintien de la vie nocturne caractéristique du Marais et de ces établissements dans le respect de chacun.
Autre exemple : pour la traditionnelle Fête de la musique j’ai fait part de mon avis favorable à la fermeture de la rue des Archives pour permettre au plus grand nombre de profiter de l’ambiance de la rue, le Marais étant attractif bien au-delà des frontières de l’arrondissement. Pour autant je me suis opposé à l’installation d’éléments acoustiques et amplifiés sur l’espace public incitant les établissements à privilégier les ambiances musicales entre leurs murs plutôt que dans la rue dans un souci constant de maitrise du volume sonore.
La recherche du compromis passe bien évidemment par une attention portée par les établissements à leur environnement en matière de propreté et de nuisances sonores. J’y travaille avec mon équipe municipale en lien avec les Adjoints de la Maire de Paris et les associations. Mais cela passe également par une certaine acceptation de l’identité de ce quartier que nous ne voulons pas voir disparaitre.
Nous voulons avec Anne Hidalgo, Maire de Paris et Bruno Julliard, son premier Adjoint chargé de la Culture et de la Nuit, garder l’image d’une ville ouverte, tolérante et riche de ses diversités. Nous avons donc tous des efforts à faire.
Enfin j’aurais aimé que vous preniez en considération le climat nouveau qui touche notre arrondissement depuis le 11 janvier dernier et les efforts remarquables de notre ville, de la Préfecture de Police et du Commissariat pour assurer la sécurité de tous.
Christophe Girard
Maire du IVe