Des gobelets à la volée jetés à terre
Face à la montée de la consommation de cafés à emporter, des sénateurs berlinois proposent d’appliquer une taxe "de 10 à 20 centimes" sur chaque café vendu afin de pallier la problématique des gobelets qui jonchent les rues et qui sont devenus avec les cartons à pizzas (qui seraient taxés eux aussi) une réelle plaie pour la ville.
Les estimations portent à 280 millions le nombre de gobelets et tasses jetables vendues chaque année dont une part importante ne finit pas dans les poubelles...
Les pollueurs, c’est-à-dire les commerçants, supporteraient cette taxe qui risque fort d’être répercutée sur les consommateurs qui ne changeraient sûrement pas leurs habitudes. En revanche la ville aurait ainsi une rentrée fiscale non négligeable de 56 millions € par an, ce qui donnerait des moyens accrus pour améliorer la propreté, mener des campagnes de sensibilisation et disposer de davantage d’agents pour verbaliser …
Affiche de la dernière campagne de prévention de la Mairie de Paris en faveur de la propreté
On peut même se demander si cette initiative ne risque pas d'agir comme un catalyseur du comportement incivique. On a affaire ici, c'est vrai, à des allemands .... Avec des français, dont l'esprit frondeur est connu, sachant que le traitement des déchets est frappé d'une taxe ad-hoc nos compatriotes se sentiraient autorisés à se débarrasser de l'objet encombrant en le jetant sur la chaussée sans aucune vergogne.
L’idée n’est pas nouvelle, toutefois, puisque le "Grenelle de l’Environnement" avait imaginé une "taxe pique-nique", vite enterrée, de 0,90 € par kilo de vaisselle jetable (4 milliards de gobelets sont utilisés en France chaque année).
Celle-ci mériterait d’être ressortie des cartons car Paris, et d’autres villes, rencontrent les mêmes problèmes qu’à Berlin (canettes, verres et tasses jetables, mégots, bouteilles et verre cassée …). Ce n'est pas en effet, même si elle est louable, la campagne annonçant une amende de 35 € à tout contrevenant en train de jeter à terre une canette ou une boîte de pizza et de surcroît pris sur le fait qui va enrayer ce type d'incivilité, sachant qu'il n'y aura comme d'habitude personne pour les constater.
Il ne pourrait plus nous être opposé, comme souvent, que les moyens manquent pour améliorer la propreté, sa prévention et celle de l’alcoolisme. Sauf que, on peut prendre les paris, cette manne aurait tôt fait de combler d'autres déficits sans aucun rapport avec le sujet qui nous occupe.
Car chacun le sait, la Ville de Paris cherche des recettes supplémentaires. Alors, pourquoi pas, qu’elle ose comme Berlin taxer les pollueurs ! Et que l’on ne nous dise pas qu’une telle décision risquerait de désavantager Paris dans cette soi-disant course-compétition entre grandes villes de vouloir figurer au premier rang des destinations pour les fêtes nocturnes…
Dominique Feutry