A coup de chiffres, d’une large couverture médiatique, de termes choisis comme « l’élégance française », le tourisme est devenu ces dernières heures le mot coqueluche des politiques, des journalistes et de tous ceux qui de loin ou de près imaginent qu’ainsi la France va être sauvée.
Bien sûr que le développement du tourisme peut « rapporter gros » pour plagier une publicité bien connue, mais à quel prix ? 100 millions, ce sont combien de touristes en plus à Paris qui est déjà à saturation ? Le mutisme sur ce chiffre est curieux, comme l’est aussi celui relatif au développement du tourisme nocturne à Paris qui est pourtant dans le même paquet de mesures car nous le savons un groupe de travail dont nous avions dénoncé la composition, a été amené à plancher sur ce thème afin de dégager des propositions.
A l’heure où la Mairie de Paris annonce une probable impasse budgétaire de 300 millions €, les annonces du Ministre des Affaires Étrangères ont de quoi faire frémir les parisiens et les habitants de notre quartier en particulier.
Paris ne risque-t-il pas de devenir un gigantesque parc d’attractions et de fêtes au détriment des parisiens ? Des améliorations sont indéniablement nécessaires en matière d’accueil des touristes, sans doute aussi d’ouvertures de certains commerces le dimanche et de création d'emplois. Mais il n’est pas juste de ne parler que des recettes supplémentaires attendues.
Ces mesures ont en effet un coût non négligeable pour la collectivité ? Outre les désagréments au quotidien, conséquence de l’afflux de visiteurs, il y a les dépenses de propreté, les incidences dues au bruit, les débordements liés à l’alcoolisation et ce n’est pas l’amendement autorisant la publicité sur l’alcool récemment voté qui va réduire ce phénomène inquiétant.
Le paradoxe est qu’une nouvelle fois des décisions sont prises en faisant totalement fi de l’avis de ceux qui sont le plus concernés, à savoir les habitants et riverains (ou leur représentants). Ils ne seront toutefois pas oubliés quand il s’agira de régler impôts et taxes nécessaires au financement des conséquences de ce surcroît de visiteurs.
Alors pourquoi les discours officiels, comme les commentaires qui les accompagnent, occultent-ils tous ces points ?
Dominique Feutry