Vue du filet mi macramé, mi toile d'araignée angle rues Vieille du Temple et des Francs Bourgeois (IVe) (Photo VlM)
A l’ange des rues des Francs Bourgeois et Vieille du Temple (IVe), à deux pas des boutiques Fragonard et Repetto, un filet est tendu depuis plusieurs jours entre deux arbres. On ne sait pourquoi il se trouve là ? Pour attraper quoi ? Mais il est un fait qu’il gêne les piétons et accessoirement les plus grands d’entre eux qui doivent baisser la tête pour éviter qu’elle soit prise dans ces rets insolites qui n’ont franchement rien à faire à cet endroit très fréquenté?
Sorte de macramé géant en corde, cette installation illustre bien ce que nous qualifierons de « tout permis ». Il faut laisser l’art s’exprimer diront les complaisants !
C’est ainsi que nos murs peuvent se retrouver non seulement bariolés mais aussi couverts de carreaux de faïence saugrenus, de demi-bicyclettes scellées ou vissées à bonne hauteur et de préférence sur des bâtiments classés, de phrases réalisées avec de grandes lettres recouvertes de mousse naturelle, de cartes postales sous verre solidement collées à la pierre ou au crépis, d’immenses papiers dessinés et collés, de chaussures pendues aux arbres ou à des câbles aériens et nous en oublions car l’imagination n’a aucune limite .
Cette façon de procéder, comme aussi ces fourgonnettes mal stationnées qui gênent la circulation le matin et n'obtempèrent pas au klaxon des bus (exemple de la rue des Francs Bourgeois) ou ces pancartes annonçant telle ou telle vente de tapis ou bine la multiplication d’affiches sauvages d’inscriptions publicitaires au sol qui envahissent nos quartiers, montre à n’en pas douter et de façon symptomatique que nous sommes passés dans l’ère du « je fais ce qui me plait », « là où je veux » , « sans aucune gêne », « au diable les autres » et « je me moque des règles en vigueur»…!
Le filet avec en arriere plan l'Hôtel Hérouet (Photo VlM)
Les papiers, gobelets et mégots qui sont jetés à terre, les épanchements d’urine et autres saletés relèvent de la même « logique» ? Les personnes qui confondent les poubelles publiques aux poubelles de leur immeuble, les fêtards « professionnels » et les exploitants qui les alcoolisent empêchant les riverains de dormir, les cyclistes et motards qui circulent sur les trottoirs, les extensions illégales de terrasses sur le domaine public, les cadenas en masse accrochés aux ponts, tout cela procède du même comportement ?
Pourquoi d’ailleurs s’en faire puisque rien ne peut arriver?
Ces exemples, pourtant nombreux et non exhaustifs, illustrent un laxisme ambiant qui ne peut perdurer car il nourrit les incivilités ô combien trop courantes que nous subissons quasi quotidiennement les uns et les autres. Les autorités doivent se ressaisir avec les moyens suffisants qui existent. L’objectif n’est pas de faire régner l’ordre pour l’ordre, mais plutôt de viser une coexistence plus harmonieuse plus « civilisée », plus soucieuse des règles établies pour le bien de tous.
Dominique Feutry