Motard circulant entre deux voitures (Photo Ouest France)
Admise à Paris au titre de la charte "scélérate" (car refusée par la Préfecture de Police) signée avec les motards par Denis Baupin au nom du Maire de Paris en 2007, la circulation des deux-roues motorisés entre les files de voitures est désormais autorisée en Ile de France ainsi qu'en Gironde dans le Rhône et les Bouches de Rhône, depuis la parution le 26 décembre 2015 d'un décret au journal officiel.
Le décret est ainsi libellé «...à titre expérimental et par dérogation à certaines règles..., la circulation inter-files de certains véhicules à deux ou trois roues motorisés et d'une largeur maximum d'un mètre...» sera autorisée pour «une période de quatre ans, prorogeable dans la limite d'un an... lorsque la circulation s'est, en raison de sa densité, établie en file ininterrompue sur toutes les voies, jusqu'à une vitesse maximale de 50 km/h». Elle ne pourra avoir lieu «que sur les autoroutes et les routes, dont la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h, à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotée d'au moins deux voies chacune». Bien sûr comme souvent lorsque de telles décisions sont discutables il est précisé que ce sera à titre expérimental et seulement à partir du 1er février prochain, après signature de l'arrêté et bien entendu avec force promesse de bilans annuels d'évaluation.
Les motards n'ont pourtant pas attendu une quelconque autorisation et il y a bien longtemps que ce sport qui consiste à se faufiler entre les voitures est en fonction, y compris en pleine agglomération et hors des conditions qu'impose en trompe l’œil ce décret. Pourquoi alors ne pas avoir carrément écrit dans ce décret qu'il s'agissait d'entériner une pratique devenue commune sans adjoindre des dispositions qui ne seront pas respectées ?
Illustration de la pratique (Photo Le Parisien)
Les responsables à l'origine de cette autorisation parlent de communiquer fortement auprès des motards et des automobilistes... afin de leur enseigner cette pratique. Que tout cela est bien langue de bois. Tout automobiliste sait déjà quels sont les dangers que représente ce type de pratique laissée aux motards. Impossibilité de changer de file, vigilance redoublée, obligation de se serrer soit très à droite soit très à gauche pour laisser passer les motards toujours pressés qui klaxonnent à tue-tête à l'approche de ceux qui n'obtempèrent pas, voire tapent avec le poing ou le pied sur la carrosserie du véhicule récalcitrant façon d'effrayer le conducteur et ses passagers !
Non ; répondre de la sorte et trop facilement à "la Fédération Française des Motards en Colère", groupe de pression statutairement en colère, qui tétanise les pouvoirs publics avec ses manifestations violentes et polluantes, est une très mauvaise décision pour les automobilistes et source d'insécurité et d'accidents. Après cette nouvelle avancée pour les motards qui s'ajoute à celle de pouvoir rouler sur les trottoirs, au non paiement du stationnement et à la non obligation de soumettre leur véhicule au contrôle technique, comme tout le monde, nous nous demandons quelle va être la nouvelle et prochaine revendication à laquelle les pouvoirs publics céderont piteusement afin d'éviter leurs foudres.
Une triste façon de satisfaire des intérêts catégoriels que les français et les parisiens supportent de moins en moins bien.
Dominique Feutry