Vue de Paris (Photo Hitheroad)
Le classement effectué tous les 2 ans par Anholt-GfK, un institut international reconnu pour ses enquêtes de notoriété concernant aussi bien le tourisme que les marques, vient de placer Paris au 1er rang des 50 villes les plus admirées du monde, alors que cette place avait dû être cédée par notre capitale en 2011. L’étude est fondée sur un échantillon de 5.000 personnes et sur plusieurs critères d’attractivité tels que les transports, le standing international, les conditions de logement et la qualité des équipements publics, la sécurité, la diversité culturelle…
Nous nous réjouissons de ce beau résultat pour Paris mais cette fierté est émoussée lorsque l’on songe aux nombreux nuages qui pèsent sur notre ville et le risque qu’elle a de perdre à nouveau ce titre dans les prochaines années.
Récapitulons les éléments contraires à la pérennité de la place de leader.
Tout d’abord, et nous avons beaucoup écrit à ce sujet, la ville de Paris est la plus dense d’Europe, or nos élus veulent encore l’intensifier (voir notre article du 15 janvier 2016). Au plan architectural, l’unité de Paris qui force l’admiration est menacée par des projets que nous avons dénoncés, les tours, les appels à projet dans lesquels il n’est pas exclu de proposer la construction d’immeubles sur les ponts comme au Moyen Age (voir note article du 24 juin 2014). La loi permet de rehausser une partie des immeubles de la capitale. Qu’adviendra-t-il lors du prochain classement annoncé des toits de Paris au patrimoine mondial de l’UNESCO ? L’exposition actuellement présentée au musée Carnavalet sur les 50 ans du PSMV montre ô combien la préservation du Marais ne s’est pas faite sans embuche.
Est-ce que Paris sera encore la plus admirée si jamais les compétitions olympiques de 2018 (Gay Games) et 2024 (notre article 7 novembre 2014) et l’exposition universelle en 2025, tant voulues par les édiles, lui font perdre son charme et une certaine qualité de vie, même si celle-ci est déjà de plus en plus bousculée ?
Vouloir promouvoir à tous crins et développer au-delà du raisonnable la fête à Paris, notamment la nuit avec toutes les nuisances induites largement exposées dans notre blog, constituera à n’en pas douter un élément très négatif, contrairement à ce qui est souvent avancé par ceux qui y voient un avantage. En fait le trop plein de fêtes sera plus une source de désintérêt que d’intérêt dans le palmarès d’Anholt-GfK. Le tort serait de confondre fête et culture, le meilleur moyen de tuer notre principale richesse, l’art sous toutes ses formes, l’art véritable qui fait de Paris une des premières villes de culture au monde.
Ce commentaire serait incomplet si nous ne parlions pas aussi de la propreté qui doit être encore améliorée, ni de la pollution atmosphérique qui doit régresser fortement, afin, au-delà de la santé des habitants, de ne pas être distancé par d'autres villes concurrentes qui, elles, prennent et prendront les dispositions nécessaires.
Sauf à revoir certains choix, il va être difficile de maintenir Paris au 1er rang des villes les plus admirées au monde.
Dominique Feutry