Motos entassées rue du Temple (IVe) (Photo VlM)
On les trouve partout dans le Marais et dans Paris en général car la lutte - salutaire - contre la présence des voitures a précipité les usagers de la voie publique vers les deux-roues motorisés, motos et scooters, dans des proportions que personne n'attendait, à l'instar du Vert Denis Baupin, aujourd'hui député, qui déclarait, au milieu de la première mandature de Bertrand Delanoë, qu'on "n'avait pas vu venir le phénomène".
On a eu le temps d'y réfléchir depuis mais Anne Hidalgo, sollicitée par ses alliés EELV, n'a pas eu le courage de prendre à son arrivée à la tête de la mairie de Paris les décisions qui s'imposaient pour que les passe-droits dont bénéficie ce mode de transport soient supprimés. C'est de notre point de vue la condition pour un rééquilibrage en faveur de la marche à pieds, du vélo, des taxis, des VTT et des transports en commun, bus métro RER.
Aujourd'hui, le quotidien "Le Parisien" consacre une page à la "chasse aux tacots" au nom du combat vertueux contre la pollution. La Maire de Paris réaffirme son hostilité aux véhicules anciens et diésel. On l'approuve. Mais rien sur les motos !
La distorsion en faveur des motards a trois composantes : (1) ils ne paient pas le stationnement (2) ne sont pas sanctionnés quand ils stationnent sur les trottoirs et en profitent pour les envahir au détriment des piétons et (3) ils ne sont toujours pas soumis au contrôle technique qui permettrait de vérifier s'ils respectent les normes de pollution et de bruit (pots d'échappement trafiqués, le sport favoris de beaucoup d'utilisateurs).
On assiste encore trop souvent au passage d'engins, et pas seulement des Harley Davidson, qui délivrent un bruit à réveiller un mort. On s'étonne d'ailleurs qu'ils puissent ainsi continuer leur chemin dans Paris sans que les forces de l'ordre interviennent.
Prêts pour une balade en Harley (photo VlM)
On connait trop les raisons de ces anomalies. La Maire de Paris, alors en campagne en 2014, s'était avancée en disant qu'elle ne voyait pas de raison pour que les motards ne paient pas leur stationnement comme tout le monde. Le lendemain, les propriétaires de deux-roues motorisés se rassemblaient et défilaient dans Paris dans un vacarme d'enfer en ajoutant au bruit de leurs moteurs celui suraigu de leurs klaxons. Charivari orchestré par l'association des "Motards en colère" dont c'est la vocation statutaire d'être "en colère" quoi qu'il se passe.
Otage de ces manifestants, Anne Hidalgo fit alors piteusement marche arrière et prit l'engagement de ne rien changer. Voilà pourquoi nous continuons à subir des nuisances que nous sommes nombreux à dénoncer. Elles sont le fait d'une inégalité de traitement contraire aux principes de notre République.
Il y a des motards parmi nous. Quand nous en parlons, ils affirment qu'ils regrettent que trop de leurs congénères adoptent sur leur engin des comportements inciviques. Il est possible en effet d'utiliser une moto sans créer de préjudice à autrui. Nous le reconnaissons volontiers et saluons amicalement ceux qui répondent à ce critère.
Gérard Simonet