"Commission" en pleine session sur l'un des nombreux sujets dont les participants se sont saisis (Photo VlM)
C'est un grand "happening" qui se déroule en ce moment place de la République (IIIe, Xe, XIe). Les animateurs proposent des thèmes de travail et des discussions s'organisent par petits groupes comme celui ci-dessus, de jour et de nuit.
Une partie de la place est réservée à l'accueil de sans-abris, dans des campements de fortune avec lits de camp, couvertures et duvets. Comme on y est debout la nuit, on y dort le jour.
"Sleeping area". Le calicot dit : "Nuit debout, Valls à genoux" (Photo VlM)
La Maire de Paris avait invité les parisiens à se réunir la nuit du 2 avril "n'importe où pour discuter de n'importe quoi". On doute que cette initiative ait trouvé un écho. Depuis son élection en 2014, elle fait tout pour empêcher les parisiens de dormir. Il n'a pas fallu attendre longtemps cette fois pour que, de manière spontanée, une foule de gens se rassemble sur la place de la République avec l'intention d'y siéger toutes les nuits.
On n'est pas encore dans une phase insurrectionnelle mais les ingrédients sont présents et la Ville et le Gouvernement doivent y faire attention. Pour le moment, les victimes de la situation sont une fois encore les riverains.
Immeubles qui bordent la place au sud. De nombreux habitants vivent là, travaillent le jour et veulent se reposer la nuit (Photo VlM)
Un riverain de la place nous envoie ce message de détresse :
J’habite place de la République 75003 et vous pouvez imaginer les difficultés que nous rencontrons ma famille et moi-même depuis le 31 mars et le début des évènements organisés place de la République intitulés « Nuit débout ».
Je n’ai absolument rien à redire quant au droit de manifester. Le collectif a déposé des demandes d’autorisations en préfecture pour l’occupation de la place conformément à la législation en vigueur. En revanche passé minuit il est insupportable pour nous autres, riverains de la Place, que des concerts spontanés de percussions, cuivres, flutes, chants collectifs puissent avoir lieu en toute impunité jusqu’à 4 à 5 heures du matin.
Si un tel évènement n’est pas maitrisé par les associations ou collectifs qui en ont la charge la préfecture ne devraient pas délivrer d’autorisation.
J’ai tenté à 4 reprises de joindre le commissariat du 3ème cette semaine. Ils ont envoyé une fois une voiture à 4 heures du matin pour faire cesser une concert sauvage de « batucada » et m’ont indiqué une autre fois que cela se jouait au niveau national et pas à « leur niveau ». Les deux autres fois il ne s’est rien passé.
Nous ne dormons plus depuis une semaine et nous sommes à bout mes enfants et moi-même.
Le programme mis en ligne (lien ci-dessous) pour ce weekend prévoit des concerts et nous avons beaucoup d’appréhension sur la manière dont les nuits vont se dérouler
J’ai trouvé vos coordonnées en faisant quelques recherches sur Internet et je me demandais si vous pouviez avoir l’extrême gentillesse de me guider dans mes démarches ou votre expérience pour faire cesser ce type de nuisance est beaucoup plus riche que la mienne.
Je vous remercie de toute l’attention que vous pourrez porter à ma demande.
Ce père de famille est de bonne composition. Il ne proteste pas contre les manifestations mais il a raison de dire que la police a l'obligation de faire cesser le tapage nocturne car le droit s'impose autant pour ceux qui manifestent que pour ceux qui subissent. Nous avons donc accepté de soutenir sa demande d'aide auprès des autorités.
Dernière nouvelle : le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum demande l'arrêt de "Nuit Debout"
Pierre Aidenbaum le Maire du IIIe est intervenu dimanche 10 avril vers 18h00 sur iTélé et lundi matin 11 avril sur France Info pour demander l'arrêt de Nuit Debout et le dégagement de la place de la République qui "doit être accessible à tous". Ses administrés, ceux notamment qui ont exprimé leur désespoir de ne pouvoir se reposer la nuit et de voir leurs familles en souffrir savent désormais qu'ils ont un allié dans leur combat pour le droit au libre accès à la place et au repos la nuit.
La balle est désormais dans le camp d'Anne Hidalgo et du Préfet de Police de Paris Michel Cadot. Le patron des socialiste Jean-Christophe Cambadélis, de façon plus nuancée que Pierre Aidenbaum, a reconnu que cette manifestation subit des dérives inacceptables. Le préfet a décidé de faire évacuer la place ce lundi matin. Va-t-elle se remplir à nouveau dans l'après-midi ?