Le rêve des uns est le cauchemar des autres. Voilà près de 40 jours et 40 nuits que durent les manifestations autour de "Nuit Debout". Les commerçants, les riverains, regroupés désormais dans des "collectifs" qui ont vocation à défendre leur outils de travail, leur tranquillité et leur sommeil s'expriment régulièrement sur le calvaire qu'on leur fait vivre.
Que font la mairie de Paris, le Préfet de police et le gouvernement ?
Anne Hidalgo devrait se mordre les doigts d'avoir avant le 30 mars appelé les parisiens à se retrouver la nuit du 2 avril pour discourir entre eux de n'importe quoi n'importe où. Elle a donné le "la" de la réunionite nocturne. Elle l'a obtenu au-delà vraisemblablement de ses espérances. Depuis, une sainte contrition l'amène à dire qu'elle est favorable à l'occupation permanente de la place de la République mais qu'elle condamne les exactions variées qui en découlent.
Pas de péché originel chez le Préfet de police qui reflète l'opinion du Ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Il affirme lui aussi - du bout des lèvres - qu'il est favorable aux manifestations, puisqu'elles sont inscrites dans la Constitution, mais qu'il ne saurait tolérer ses dérives. Dérives qui en un mois ont fait plusieurs centaines de blessés parmi ses troupes, policiers et gendarmes.
Bien que le bon sens commande aujourd'hui qu'on en finisse avec l'agitation, les autorités poursuivent leur traitement homéopathique de la situation. Les arrêtés se suivent et se ressemblent. Le dernier applicable au 6 mai 2016 vient de nous être communiqué. Les thèmes en sont les mêmes : silence de minuit à 07h00, interdiction de cortèges, du port de projectiles potentiels, de la consommation d'alcool, de la vente à emporter et du stationnement de véhicules.
Si notre décompte est bon, nous en sommes au troisième arrêté de ce type. Le Préfet de police serait bien inspiré, de notre point de vue, pour rétablir durablement sa vocation et son rôle à la place de la République, de rendre ces arrêtés permanents. Et tout bonnement d'envoyer les adeptes de "Nuit Debout" à leurs couettes.
"Le Parisien" titrait hier, photo de la statue à l'appui, "La statue de la République doit retrouver son aspect".
C'est vrai aussi pour cette pauvre place....
Postscriptum du 9 mai 2016
Un nouvel arrêté a été pris ce jour par le Préfet de police. Comme pour les journées et nuits précédentes, le rassemblement "Nuit Debout" place de la République n'est pas remis en cause et reste de fait autorisé. L'arrêté en énumère les exactions constatées et insiste sur les risques à manifester en plein état d'urgence reconduit mais on cherche désespérément une interdiction qui découlerait pourtant du simple bon sens si l'idéologie ne s'en mêlait pas.
Le Préfet de police renouvelle donc son interdiction de faire du bruit, de circuler en cortèges, de disposer de projectiles, et de vendre ou consommer des boissons alcooliques. Lire in extenso l'arrêté du 9 mai 2016.