Au printemps 2010, Bertrand Delanoë, sur l'insistance de Ian Brossat qui n'était à l'époque que le président du groupe communiste à la Mairie de Paris, faisait voter un budget pour l'organisation "d’états généraux de la nuit" en réponse au lobbying des industriels de la nuit et de la boisson qui estimaient qu'on ne fréquentait pas assez leurs établissements la nuit à Paris.
En réaction à cette annonce, une douzaine d'associations "environnement, cadre de vie", dont "Vivre le Marais !" décidaient de s'unir au sein du réseau "Vivre Paris !" (RVP) pour porter la voix des habitants parisiens dont l'immense majorité travaillent le jour et veulent se reposer la nuit. Le Maire consentit à les recevoir et leur apprit à cette occasion que le dossier était repris par un de ses Adjoints, Mao Péninou, chargé d'organiser les premiers "états généraux de la nuit".
Ian Brossat (à gauche) et Mao Péninou (à droite)
Ces "états généraux" se sont tenus en novembre 2010. Nous en avons rendu compte pour dire que "chacun avait vu minuit à sa porte" (notre article du 15/11/2010).
Il y a eu depuis de nombreuses réunions de suivi au cours desquelles "Vivre Paris !" a courageusement défendu le droit au sommeil des parisiens, de plus en plus dérangés la nuit par des débordements de foules qui confondent fête et alcoolisation. Il en fallait sans doute davantage pour neutraliser l'action de lobbying des professionnels de la nuit qui sont à l'Hôtel de Ville comme des poissons dans l'eau et embrassent comme du bon pain tous ces gens qui consacrent leur temps à œuvrer pour que le business de la nuit prospère.
En 2014, ils en recueillaient les dividendes. La Maire nouvellement élue, Anne Hidalgo, attribuait à son Premier Adjoint, Bruno Julliard, une "délégation à la nuit". Lui-même déléguait à un autre élu Frédéric Hocquart la responsabilité d'un "conseil de la nuit" et un conseiller venait le rejoindre en la personne de Thierry Charlois pour renforcer l'équipe.
Une réunion de RVP avec Frédéric Hocquard ( de face) dans son bureau
Comme si cela ne suffisait pas, nous avons reçu ce 11 octobre un message nous apprenant la nomination d'un chargé de mission supplémentaire auprès de Frédéric Hocquard, Gilles Srédic, ancien syndicaliste étudiant comme Bruno Julliard. Ce sont donc désormais cinq personnes de haut niveau (ils ne nous démentiront pas !) et des assistants, qui se trouvent chargés de penser et organiser nos nuits à leur manière.
On se sentirait flattés si on n'avait pas conscience de la réalité sous-jacente. On vient de la découvrir : de manière sournoise car le sujet n'a jamais fait l'objet de discussions et encore moins d'un accord, la Mairie de Paris vient de lancer un "appel à candidatures" pour constituer un "conseil des noctambules", composé nous dit-on de 15 femmes et 15 hommes, qui seront tirés au sort au cours d'une soirée le 3 novembre au Rex Club (si vous êtes candidats, dépêchez vous car la clôture des inscriptions est annoncée pour le 27 octobre !)
On y voit une sorte de réincarnation du "maire de la nuit" qui avait défrayé la chronique mondaine il y a quelque deux ans et qui fort heureusement est resté dans les limbes de sa propre rêverie.
Voilà à quoi jouent les élus de la Ville de Paris, au moment où la sécurité est gravement menacée chez nous avec des forces de police débordées qui n'ont d'autre recours que de faire la gréve du zèle ? Nous nous apprêtons à véhiculer un message de protestation auprès des personnes citées mais il importe maintenant que les parisiens réagissent par tous les moyens qu'offrent les réseaux sociaux pour que la Maire Anne Hidalgo, dont les ambitions personnelles sont palpables, comprenne qu'elle aurait tort de continuer à nous manipuler.
Si vous avez du mal à le croire, cliquez ici pour visualiser le tract d'annonce