L'entrée du Conservatoire des Arts et Métiers 292 rue Saint-Martin (IIIe) (Photo VlM)
Le 29 septembre s’est tenu le premier conseil de quartier (CQ) de rentrée Arts et Métiers qui a fait salle comble (plusieurs personnes assises sur un second rang de sièges).
L’animateur débute la réunion par un projet de budget participatif, la végétalisation du parvis de Saint-Nicolas des Champs, vaste de 700 m2. Les trois concepteurs présentent leur souhait de mettre en valeur la façade de l’église « en plantant des arbres devant » et de sécuriser la place « dangereuse actuellement » en y créant « une ambiance de sous-bois, d’herbage vallonné et de sentier forestier ». Avec honnêteté, ils reconnaissent que, la motte d’un arbre mesurant 3x3x3 mètres, ils ignorent si leur projet est réalisable, car ils ne connaissent ni la profondeur ni la portance de la dalle du parking sous la place.Ils demandent à l’assistance de voter pour leur projet, estimé à 650.000 € et consultable sur Facebook. Sans commentaire.
L’animateur présente ensuite l’appel à idée fait aux étudiants du CNAM pour minimiser les nuisances sonores dans le quartier. Comme il déplore qu’aucune proposition ne lui a été transmise, une vive réaction de l’assistance suggère qu’au lieu de chercher vainement à atténuer les effets des nuisances, on en supprime simplement les causes par le respect de la réglementation. Les membres du CQ affirment que la mairie a tout pouvoir de supprimer le bruit et ne le fait pas. Les élus ne relèvent pas.
L’animateur enchaîne avec la présentation du gérant des bars Le Cosmo et Le Coltrane, impasse du Pont-aux-Biches, venu pour « créer le lien avec les riverains ». Le gérant affirme sa volonté de bien faire ; il a reçu 250 visites de la police, a engagé un « chuteur », et est « gentil » puisqu’il a supprimé ses soirées du mardi recevant 300 personnes jusqu’à deux heures du matin, afin que les enfants puissent dormir dans cette voie étroite, encaissée où tout résonne. Explose soudain l’exaspération des riverains, qui depuis quatre ans souffrent chaque nuit, ne peuvent plus dormir, et ne parviennent pas à vendre leur appartement (même 15% sous le prix du marché), puisque personne ne veut habiter un tel endroit. Si réellement 250 officiers de police sont venus dans l’établissement, comment se fait-il que les nuisances perdurent ???
Le gérant rétorque qu’il est en règle, que la mairie a essayé de retirer son autorisation de terrasse, mais la justice l’a maintenue. Interrogé, le Premier-Adjoint ne souhaite pas faire de commentaire, une procédure étant en cours.
Les 4 conseils de quartier du IIIe arrondissement
L’animateur déclare alors que « Le commerçant doit pouvoir travailler et gagner son argent », ce qui déchaîne une nouvelle fureur. Les assistants sont très choqués que deux cent personnes qui ne travaillent pas le matin, puissent impunément empêcher de dormir cinquante riverains, qui eux travaillent, pour le bénéfice du seul patron des deux bars. Ils évoquent leurs problèmes d’anxiété, de dépressions, de somnifères, de perte d’efficacité professionnelle, de fatigue des enfants, et la pétition transmise au maire, jusqu’à présent sans effet. un sujet que notre association a maintes fois dénoncé...
Dans l’assistance, hormis l’animateur, le gérant est défendu par une seule personne … qui s’avère être son avocat.
Pour mettre fin au mécontentement général, l’animateur passe au point suivant, les cinq vœux concernant la rue Sainte-Apolline (voir notre article du 23 septembre 2016), dont l’état est très inquiétant, faire baisser le niveau sonore des boutiques africaines (restaurants, coiffeurs, etc), faire acheter par la SEMAEST les locaux disponibles, installer une caméra de surveillance (deux des conseillers du quartier ont été agressés), faire installer par le propriétaire du parking de l'impasse de la Planchette une grille empêchant le trafic de drogue, l’urine et les déjections, obtenir de l’URSSAF que les infractions révélées par les contrôles ne soient pas sans suite. Évidemment, ces vœux sont voté à l’unanimité.
L’animateur passe au dernier point, l’ouverture au public de 7h30 à 19h30 du passage Meslay, très pratique pour aller du milieu de la rue Meslay au boulevard Saint-Martin.Le Premier-Adjoint rappelle que cette voie a été vendue par la Ville le 6 février 1900 avec une servitude de passage public, aux modalités non précisées, mais dont les copropriétaires ont eu connaissance en achetant leur bien. Le Conseil Syndical de l’immeuble rétorque que les temps ont changé et que l’ouverture au public est devenue insupportable, la gardienne a été agressée deux fois (la police ne s’est pas déplacée), les vitres sont cassées par les passants, les murs sont tagués et les déjections humaines sont quotidiennes. Depuis 2015 le conseil syndical ne veut donc plus ouvrir le samedi, « la pire journée ». Au représentant du conseil syndical qui demande des rondes de la police, le Premier-Adjoint conseille d’installer une caméra pour enregistrer les allées et venues. Une négociation est en cours entre la mairie et le conseil syndical qui s’estime bon seulement à « souffrir, payer et la fermer »
Cette formule résume une réunion mouvementée, violente et éprouvante. Depuis peu, le Haut-Marais est devenu une proie, et les nuits y tournent au cauchemar. Le sentiment d’abandon domine chez les habitants, qui sont aussi des électeurs. À la sortie de la réunion, plusieurs voix se sont élevées pour que la lutte contre les nuisances soit l’enjeu des prochaines élections.
Patrice Roy