Les Serres d'Auteuil, inscrites à l'inventaire des monuments historiques, dont une partie a été sacrifiée à l'autel de l'extension de Roland Garros (Photo Géo)
Douche froide pour les tenants du projet.
Le 3 octobre, on apprenait que la décision en appel du Tribunal Administratif de suspendre l'exécution du permis de construire était annulée par le Conseil d’État statuant en cassation. Une fois de plus, pour des raisons qui mériteraient une analyse approfondie, la juridiction suprême décide en faveur de la mairie de Paris. La Fédération Française de Tennis (FFT) boit du petit lait. Les défenseurs du patrimoine pleurent devant le spectacle des bulldozers qui reprennent possession du terrain.
Puis patatras! On découvre hier soir 6 octobre que le Tribunal de Grande Instance de Paris (TGI), statuant au civil en référé à la demande des héritiers de l'architecte des Serres, Jean-Camille Formigé, ordonne "la suspension des travaux engagés ou à engager".
Les associations qui défendent l’intégrité des Serres d'Auteuil, dont la SPPEF (société pour la protection des paysages et l'esthétique de la France), le collectif Auteuil-Les Princes, France Nature Environnement, SOS-Paris... se réjouissent de cette péripétie qui contredit le Conseil d’État tandis que la FFT dénonce le jugement et parle d'une "décision prise dans des conditions douteuses et s'interroge sur une possible manipulation". Bigre !
Pour notre part, nous avons dés le début regretté l’acharnement de Paris et de ses dirigeants à maintenir le tournoi de Roland-Garros dans le cadre étriqué d'Auteuil. Il fallait de la place à la FFT. Versailles, qui n'est qu'à 25 kilomètres de Paris, proposait sa candidature et l'étendue infinie de ses espaces. C'était une occasion pour décongestionner Paris. Égoïstement et soucieux de leur ego, Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo (alors Première-Adjointe en charge de l'urbanisme) décidaient de faire l'arbre droit pour conserver le prestige d'organiser ce tournoi du Grand Chelem.
Il fallait dans ce but sacrifier une partie des Serres d'Auteuil : qu'à cela ne tienne ! Ce fut fait.
Nous suivons attentivement cette affaire car elle est significative d'une attitude que nous dénonçons : défendre à tout prix le "pré carré" de la capitale en y développant l'activité et l'habitat au détriment de la périphérie dont les habitants souffrent de devoir converger en permanence vers un Paris surpeuplé, avec les difficultés de logement et de transport que nous connaissons, et que la fermeture des berges à la circulation met singulièrement en lumière.
Gérard Simonet