illustration "mamour blogue"
En écho à l’article paru sur notre blog le 1er juillet, nous avons reçu d'un habitant du Marais la copie d'une lettre qu'il vient d’adresser à la Maire de Paris, Anne Hidalgo, l'invitant à prendre des mesures afin d'empêcher la circulation des deux-roues sur les trottoirs qui gênent de plus en plus les déplacements des piétons notamment dans nos arrondissements.
Avec son autorisation nous la publions in extenso.
Madame la Maire,
Je veux attirer votre attention sur l'usage des trottoirs par les vélos et les deux-roues motorisés, le plus souvent au mépris des piétons et de leur sécurité, et sur la très grande tolérance dont ils jouissent de la part de la police, et qui constitue une quasi-impunité de fait. C'est quotidiennement que les les piétons sont confrontés à cette situation et ils constatent un sans-gêne croissant de la part des conducteurs de deux-roues.
D'abord au sujet des cyclistes : le fait que quelques pistes cyclables aient été matérialisées sur les trottoirs, joint à la quasi-inexistence de répression policière, est interprétée par une majorité de cyclistes comme l'autorisation implicite d'y rouler partout. On connaît leur argument inusable : "le comportement automobilistes nous met en danger sur la chaussée", joint à l'idée la mode qu'il faut "apprendre à vivre ensemble" (remarquons en passant que le "vivre ensemble est le plus souvent invoqué à sens unique). Un de vos adjoints a préconisé d'accroître verbalisation des automobilistes pour réduire les risques encourus par les cyclistes. Il faut certes sévir contre les automobilistes fautifs, mais il faut aussi reconnaître qu'une forte proportion des cyclistes ignore le code de la route, ce qui contribue pour beaucoup aux causes des accidents dont ils sont victimes. Dire cela n'est pas dans la ligne du "politiquement correct" selon laquelle le cycliste est nécessairement "sympa" parce qu'il est écolo, étant sous-entendu que le piéton, lui, est intolérant.
Quelques exemples : sur le Quai de l'Hôtel de Ville à la hauteur du pont Louis-Philippe, il est rarissime de voir les vélos s'arrêter au feu rouge en même temps que les voitures pour laisser passer les piétons, rendant ainsi la traversée dangereuse. Une éventuelle remarque des piétons est souvent accueillie grossièrement par les cyclistes. De même les trottoirs de la rue de Rivoli sont couramment utilisés comme des contre-allées par des cyclistes qui remontent la rue, souvent en roulant vite et en rasant les piétons. C'est d'autant plus dangereux qu'on ne les entend pas venir par derrière.
En cas de choc, le piétons sont très vulnérables : un coup de guidon peut facilement casser un bras ou provoque un chute. Puisqu'il est précisé aux usagers des Vélib qu'il ne faut pas rouler sur les trottoirs, pourquoi les infractions ne sont-elles pas plus sévèrement réprimées ? Il est vrai que d'une part on ne voit plus de policiers dans les rues (sauf en petits groupes armés et occupés à surveiller autre chose) et d'autre part qu'il est facile à un vélo non immatriculé de prendre impunément la fuite. Pour finir, je dirai que tous les cyclistes ne se comportent pas ainsi mais il suffit d'une grosse minorité qui le fasse pour produire l'impression générale.
Ensuite les motos. Le motard a trop souvent un comportement asocial, au sens où il pense que les règles c'est pour les autres. S'il a une moto, c'est pour affirmer hautement (et souvent bruyamment) sa liberté de mouvement. Il est courant, dans le centre de Paris de voir des motards rouler sur des trottoirs et même en zone piétonne pour éviter de faire un détour. Et cela à des vitesses excédant largement celles d'un piéton. En cas de choc le motard ne risque rien et le piéton beaucoup.
J'ai été témoin aujourd'hui d'un tel comportement rue de la Tacherie. La partie de cette rue entre le Quai de Gesvres et l'avenue Victoria est occupée par la rampe d'accès/sortie du parking et il n'y a pas de chaussée permettant le passage de véhicules. Le seul passage possible y est celui des piétons. Le trottoir où je marchais entre le bâtiment de la Préfecture et le garde-corps de la rampe d'accès au parking est étroit (< 1.5 m). Une moto venant du Quai est arrivée par derrière moi à une vitesse 10 ou 15 km/h. Son guidon a rasé mon bras. Si je l'avais un peu écarté le choc avec le guidon l'aurait cassé. Le motard s'est ensuite arrêté au feu permettant aux piétons de traverser l'avenue Victoria. En arrivant à sa hauteur je lui ai dit qu'il m'avait dangereusement frôlé sur un trottoir. Pour toute réponse j'ai eu droit à un "au revoir" ironique et un démarrage ostensiblement bruyant. De tels comportements sont inadmissibles.
Décidé à attirer votre attention sur ce problème des deux-roues sur les trottoirs j'ai voulu demander à l'accueil de la mairie (situé rue de Rivoli) comment vous faire parvenir le présent message. Au moment d'entrer dans le bâtiment, j'ai failli être renversé par un vélo qui remontait à vive allure la rue sur le trottoir, sous l'œil parfaitement indifférent du personnel de sécurité posté à l'entrée.
Je vous demande de faire en sorte que des directives énergiques et sans ambigüité soient données aux personnels chargés de faire respecter la loi pour tous.
Recevez, Madame La Maire, l'assurance de ma haute considération.
Claude Mercier
Postscriptum du 13 juillet
Christophe Najdovski a lu notre article et y répond par le message suivant :
Bonjour
A la suite de la lecture de l’article sur la circulation sur les trottoirs, j’ai demandé à la Section Territoriale de Voirie du Centre d’étudier la mise en œuvre une inscription du type « priorité piétons » sur la piste cyclable du quai de l’Hôtel de Ville pour indiquer la priorité aux piétons aux endroits où la piste croise les passages piétons.
Bien cordialement,
Christophe Najdovski
Maire-Adjoint de Paris, chargé des transports, des déplacements,
de la voirie et de l’espace public