In Memoriam : Valentino, 13 rue des Archives (IVe) - "Le flux les apporta, le reflux les remporte... - Corneille - Le Cid - acte IV scène 3"
Du 9 au 13 de la rue des Archives (IVe), cinq boutiques de luxe ont été ouvertes il y trois ans dans les immeubles qui appartiennent au BHV/Marais (Groupe Galeries Lafayette). Cinq griffes prestigieuses y ont installé leur boutique : Gucci (Kering), Givenchy (LVMH), Moncler (Remo Ruffini), Fendi (LVMH) et Valentino (propriété d'un fonds qatari).
La population les a accueillis froidement en dénonçant le caractère austère et répétitif de leurs devantures. D'autres se sont plaints de l'évolution de leur environnement familier vers un luxe qui leur devenait inaccessible. Tout en reconnaissant que ces réactions étaient légitimes nous avons fait plusieurs fois observer que ces commerces ne créaient aucune nuisance et que si leur esthétique ne contribuait pas à égayer la rue elle ne l'enlaidissait pas pour autant.
Ce que nous jugions plus préoccupant avec ces boutiques c'était leur absence de fréquentation. On a pu constater pendant ces trois années qu'en dehors des deux ou trois employés qui assuraient l'accueil, il n'y avait jamais personne à l'intérieur. Chacun y est allé de son explication : "les marques veulent une vitrine dans le Marais et sont prêtes à en payer le prix..." ou "ces boutiques sont le fruit d'une erreur marketing dont les conséquences seront tirées un jour...".
Il semble que Valentino ait décidé de faire droit à la deuxième hypothèse. Une affiche annonce sa fermeture et l'occupation prochaine de la boutique par un horloger de luxe "Royal Quartz Paris" qui ouvrira au printemps prochain. A vrai dire, on note le changement mais on est en droit de se dire qu'on ne change pas de paradigme : on est et on reste dans le luxe et le prestige.
Pourquoi pas. Mais qu'en sera-t-il des autres si, comme on le craint, ils perdent de l'argent depuis trois ans ? Quelle est leur capacité de résistance ? et celle surtout de leurs actionnaires ? Peut-on croire qu'en dépit de l'ambiance qui règne dans cette partie du Marais, qui n'a rien de l'avenue Montaigne, les acheteurs du golfe qu'on attendait rue des Archives décident effectivement de s'y encanailler un peu ?
Gérard Simonet