Le scoot d'Arthur...
Arthur se déplace à Paris en scooter. Pas le genre d'engin élégant aux lignes arrondies et harmonieuses qui font rêver. Il l'avait acheté d'occasion il y a dix ans. Autant dire qu'il ne datait pas d'hier. Il était passablement déglingué ce qui n'est pas étonnant compte tenu de son âge. En clair, il était proche de rendre l'âme.
Soucieux de ne pas tomber en panne et de rater par exemple un rendez-vous capital pour son activité professionnelle, Arthur décida un jour qu'il devait s'en séparer. Un ami se proposait de lui en vendre un autre plus récent et en meilleur état. Il accepta et se dit qu'il regarderait l'adresse sur Internet d'un marchand de pièces détachées susceptible de lui reprendre son vieux scooter pour le cannibaliser.
Nanti de son nouveau deux-roues, il ne se préoccupa plus de l'ancien qu'il laissa croupir sur un parking.
Au bout d'un mois tout de même, il pensa qu'il était temps de régler le sort de son épave. Tel Perrette et son pot au lait il se dit qu'il en tirerait bien 100 € qu'il s'empresserait d'investir judicieusement.
Bercé par cette perspective, il passa une nuit très douce et se rendit le matin au parking où il avait laissé son vieux deux-roues. A sa grande surprise, l'engin n'y était plus. Son étonnement ne fut pas qu'on le lui ait pris mais que les voleurs aient fait ce choix peu judicieux.
Soucieux de ne pas porter la responsabilité personnelle d'incidents qui pourraient se produire avec un véhicule qui était tout de même immatriculé, il se rendit au commissariat de police pour y déposer une plainte pour vol. Il ne dit pas qu'il était presque heureux qu'on le lui eût pris. Il fut bien accueilli et repartit rassuré.
Quelques jours plus tard, dans la nuit, son téléphone sonna. Au bout du fil un officier de police qui lui annonce que son scooter a été retrouvé. Les malfaiteurs avaient été contrôlés car il roulaient de nuit sans lumière. On constata qu'ils n'avaient pas non plus de papiers. La plaque d'immatriculation était trop neuve pour être vraie : la confrontation de son numéro avec celui du moteur convainquit la police qu'il s'agissait d'un véhicule volé.
Le conducteur et son passager furent conduits au poste de police. Là ils racontèrent leur histoire et Arthur ne s'en est pas encore remis.
Le long séjour du scooter sur le parking avait laissé penser aux délinquants qu'il s'agissait d'un véhicule abandonné. Fort de cette déduction, ils avaient considéré qu'ils étaient autorisés à le prendre. Mais dit Arthur, il y avait un antivol ! Le policier lui apprit qu'il y a des filières sur Internet qui fournissent de fausses-vraies clés si on connaît le numéro d'immatriculation...
Arthur a retrouvé son scooter. Avec sa clé d'origine il a pu le mettre en route et ce qu'il a constaté l'a laissé pantois : les voleurs avaient remis l'engin en bon état, les pièces défaillantes avaient été remplacées et il avait désormais bonne mine. Les voleurs avaient simplement commis l'erreur fatale de ne pas remplacer l'ampoule du phare !
C'est 250 € qu'Arthur espère maintenant obtenir de la vente de ce qui n'est plus tout à fait une épave. Tant mieux pour lui. La morale de la fable ne s'appliquera pas mais nous en tirons un enseignement : la police contrôle effectivement les deux roues et elle est capable de consacrer du temps et de l'énergie à résoudre une affaire somme toute banale au service des citoyens.
Quant aux voleurs, ils ont dû s'en sortir avec un rappel à la loi et quelques menues condamnations. Il est choquant de le dire : leurs déboires nous les rendraient presque sympathiques !
GS
NB : il s'agit d'une histoire vraie qui vient de nous être relatée