Hôtel de Bérancourt, 28 rue Charlot (IIIe) cour pavée intérieure. Le corps de logis est courbe, agrémenté de tables, de bandeaux et d’encadrements moulurés autour des fenêtres qui ont conservé leurs croisillons (Photos HD)
Au 28 de la rue Charlot dans le IIIe arrondissement on découvre, car il se tapit dans l'alignement des immeubles de cette rue étroite, l'Hôtel de Bérancourt, intéressant à plus d'un titre. En effet, la porte, le balcon, les mascarons, les mansardes, la cour et l’escalier sont inscrits à l’inventaire des Monuments historiques.
Il date du tout début du XVIIIème siècle. On le doit à Jean-Baptiste de la Garde qui lui donna son nom, Il fut dénommé par la suite Hôtel de Polignac, du nom de sa fille qui l'habita en 1745, puis au terme des péripéties de l'Histoire, Hôtel de Bérancourt.
On constate que l'édifice a bénéficié d'une rénovation générale, qui souligne sa qualité. Une anomalie cependant subsiste : dans la cage d'escalier, une construction parasite qualifiée de "cagibi", défigure et déprécie l'escalier classé. Dès 1984, l'ABF (architecte des bâtiments de France) de l'époque Françoise Commenge signalait la nécessité de le démolir au titre du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais.
L'escalier classé, à gauche, et l'entrée à droite qui dessert l'escalier par une grille et le cagibi par une porte en bois
On constate que 34 ans plus tard le cagibi est toujours là et sa propriétaire Mme R. vient de signer une promesse de vente pour un appartement qu'elle possède au rez-de-chaussée et qui se prolonge sur ce "cagibi", une "verrue" qui a vocation a être détruite...
Il convient d'ajouter que les trois ouvertures qu'on voit sur la photo de droite donnent sur le cagibi au lieu d'éclairer la cage d'escalier comme elle devrait le faire !
L'ABF actuel, Sophie Hyafil, a pris position le 20 juin dernier par écrit pour demander que le cagibi soit exclu de la transaction et vendu à la copropriété à des fins de démolition. On se demande d'ailleurs dans ces conditions comment la direction de l'urbanisme de la mairie de Paris pourrait délivrer le certificat d'urbanisme qui conditionne la vente....
Si le vendeur accepte, à des conditions économiques raisonnables, ce que les défenseurs du Marais et de ses trésors architecturaux souhaitent, le problème pourrait trouver une fin heureuse. Il peut aussi choisir de "passer en force" pour maximiser ses intérêts financiers, avec tous les risques que cette attitude comporte. La question ne se poserait évidemment pas si le Ministère de la Culture dont dépend l'ABF disposait de tous les moyens pour faire appliquer le règlement du PSMV du Marais.
Voilà plus de 30 ans que la propriétaire Mme R., à qui Françoise Commenge écrivait que l'édicule en question "déshonorait considérablement la présentation de cet Hôtel de qualité" (lettre du 7 janvier 1987), maintient le statu quo et résiste aux injonctions qui lui sont faites. Nous pensons qu'il serait raisonnable qu'elle voie avec la copropriété comment on pourrait sortir par le haut de la situation.
Gérard Simonet