Tout a commencé en 2010 avec des mains qui se joignent...
Il a fallu en 2010 une campagne commanditée par les professionnels de la nuit, les débitants de boissons et les fabricants de matériel de sonorisation, dans le but de catalyser des nuits parisiennes jugées trop molles par ceux qui en vivent, pour que plusieurs associations de quartiers dans Paris, qui souffraient déjà de nuisances dues à l'occupation abusives de l'espace public et du tapage nocturne d'établissements recevant du public, s'unissent sous le nom de réseau "Vivre Paris !" pour obtenir un entretien avec Bertrand Delanoë.
Mao Péninou nous fut désigné comme interlocuteur. Chargé à l'époque du "bureau des temps", une responsabilité un peu absconse, il nous confirma qu'il organiserait des "états généraux de la nuit" en novembre 2011. Nos représentants y prirent part et l'impression qu'on en conserve avec le recul est que les habitants, les parisiens, y occupèrent une place que les prémices de cette manifestation ne laissaient pas franchement espérer.
Réunion en 2014 avec Frédéric Hocquard (de face au centre) à l'Hôtel de Ville
La mouvance "Vivre Paris !" ne cessa de se développer par l'adhésion de nouvelles associations et l'organisation de manifestations en France et à l'étranger. Les élections municipales de 2014 et la mise en place d'un nouveau conseil de Paris sous l'autorité d'Anne Hidalgo, fut à l'origine de nos premières déconvenues. En effet, il parut clair à nos yeux que le "conseil de la nuit" rattaché à l'élu Frédéric Hocquard ayant rang de Maire-Adjoint, pourvu d'un véritable staff et rattaché au Premier-Adjoint Bruno Julliard, avait plus vocation à promouvoir la nuit parisienne qu'à se préoccuper de la santé et de la tranquillité des parisiens.
Les entretiens que nous avons eus avec M. Hocquard ont été dans l'ensemble courtois et constructifs, plutôt agréables, mais les mesures qui se sont succédé, à notre grand regret, n'ont pas été à la hauteur de nos espérances.
Dans les débats qui se sont déroulés au sein de la "Plateforme de la vie nocturne", en septembre 2017, la prise en compte du phénomène de l'alcoolisme des jeunes et ses effets catastrophiques sur leur santé ont été éludés. Une après l'autre, à l'exclusion bien entendu de celle de notre représentant, les interventions se sont appliquées à réfuter les nombreuses nuisances qui découlent des festivités nocturnes. Il est apparu évident que cette manifestation, qui portait l'espoir d'une entente sur des mesures concrètes pour réguler la relation entre les commerçants de la nuit et les habitants, n'avait été qu'un instrument de promotion du marché des noctambules.
De la même manière, Frédéric Hocquard s'applique en ce moment à mettre en place dans les arrondissements, des commissions chargées de suivre les établissements connus pour leurs nuisances. Il y en a des dizaines dans un arrondissement comme le XIe. Ces commissions regroupent des représentants de la mairie, de la police, de la DPSP (lutte contre les incivilités) et des syndicats de la profession des débitants de boissons. Vous avez bien lu : il n'y a personne pour parler au nom des habitants ! Certes, la mairie est censée le faire, mais pourquoi se priver du témoignage direct de ceux qui souffrent et ne pas leur donner l'occasion de s'exprimer et de se défendre ?
Que dire aussi du fait que ces commissions se dessaisissent des dossiers dès qu'une procédure judiciaire, trop souvent inévitable, est entamée ?
Sur le terrain, chez nous en tout cas dans le Marais, dès qu'un dossier devient sensible, les autorités les plus qualifiées se mobilisent et interviennent. On en rend compte à longueur d'articles sur ce blog... Nous sommes naturellement impliqués en tant qu'association représentative et c'est généralement le Maire en personne, le Commissaire central et le Directeur de cabinet du Préfet de police qui agissent.
Occupation de l'espace public et tapage nocturne au Who's rue Pierre au Lard (IVe)
Nos attentes envers l'Hôtel de Ville sont principalement un cadre transverse, une méthodologie générale pour le traitement des litiges en circuit court, un guide pour la lutte contre la drogue et l'hyper alcoolisation, notamment chez les jeunes, et une propagande intelligente pour prôner le respect des autres, de leur intégrité, de leur tranquillité et de leur sommeil. La délégation de Frédéric Hocquard nous a envoyé un signal positif dans ce sens au début de l'été. C'est une piste qu'il faut poursuivre.
C'est le rôle de la mouvance "Vivre Paris !" de conduire cette recherche de dialogue et de concorde avec les élus actuels si on y parvient mais aussi avec les candidats aux élections municipales de 2020. Notre devoir est de les éclairer sur ce que les parisiens-électeurs attendent. Cette entité informelle qui a résisté longtemps aux forces centrifuges qui sévissent souvent dans les corps sociaux est éclatée aujourd'hui en plusieurs composantes. Comme dans les partis politiques, des courants existent chez les représentants de "Vivre Paris !" Des ego s'expriment et quelques fois s'opposent sur la façon de procéder mais leur but à tous est identique : le respect de l'espace public et la tranquillité des riverains.
Il apparaît évident aux gens de bon sens et de bonne volonté que ces groupes doivent se rapprocher pour constituer une entité "Vivre Paris !" structurée, dirigée et unique, habilitée à s'exprimer au nom des parisiens et éclairer les dirigeants de demain sur les exigences qui sont les nôtres.
Gérard Simonet