Le Who's, un bar-restaurant au 14 rue St Merri (IVe), avec une extension sous verrière mitoyenne de l'immeuble social Paris-Habitat du 16 rue St Merri. Il ouvre aussi sur le 3 rue Pierre au Lard avec bar et discothèque de fait, génératrice de tapage nocturne et d’occupation bruyante de l'espace public (Photo VlM/ résident du 12 rue St Merri, juin 2018)
Nous apprenons que le Tribunal Administratif de Paris, par jugement n°181419 du 9 novembre 2018 et par jugement n° 1808205 du 17 avril 2019, a rejeté deux requêtes du Who's, la SAS Moovment. La première visait l'annulation de la décision du Préfet de fermer leur établissement pendant 15 jours. La deuxième exigeait l'annulation du refus d'ouverture de nuit ce qui revenait à forcer la Préfecture à donner l'autorisation. (L’arrêté du préfet de police n° 2010-00396 du 10 juin 2010, énonce qu’une autorisation d’ouverture de nuit ne peut être délivrée qu’à la condition qu’il n’y ait aucun trouble à l'ordre public généré par l’établissement).
Depuis la tentative de lancement de ce bar-club en 2011, qui a soulevé une vive opposition des habitants des 12 et 16 rue St Merri et du 24 rue du Renard (IVe), ses promoteurs vont de péripéties en déboires mais poursuivent leur occupation du terrain. Bien qu'ils aient essuyé annulation de permis de construire, fermeture temporaire, refus d'autorisation de nuit et poursuites au pénal et au civil, ils déroulent imperturbablement leur programme d'exploitation d'un bar de nuit/discothèque avec soirées privées où la sonorisation est assurée par le client, sans aucune garantie de respect des dispositions du code de la santé publique en matière de bruit.
Des riverains, dans le cadre du collectif "Pierre au lard", ont engagé une action au civil devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, qui a décidé la désignation d'un expert judiciaire dont les conclusions avancent et seront remises au juge prochainement. Les plaignants sont confiants mais ils souffrent des lenteurs de la justice car ils doivent en attendant affronter des nuisances comme celles de juin, qui ont atteint un niveau insupportable.
Pour les défendre, nous avions rencontré le 3 janvier 2019 le Directeur-Adjoint du cabinet du Préfet de police de Paris, Matthieu Garrigue-Guyonnaud. C'est à son niveau que se traitent les autorisations destinées aux établissements recevant du public. Nous avions exprimé notre étonnement et la déception des plaignants qu'un établissement comme le Who's bénéficie d'autorisations de nuit en dépit des plaintes répétées de riverains, constatées par des procès-verbaux dressés par la police et la DPSP de la mairie de Paris.
Nous avions bénéficié d'une écoute réelle de la part de notre interlocuteur, qui a fait preuve par ailleurs d'un vrai souci de protéger la population dans des secteurs chauds comme le XIe, mais il avait eu la franchise de nous dire que les décisions qui contrarient une activité marchande peuvent être mises en cause par l'exploitant concerné s'il forme un recours contre le Ministre de l'Intérieur devant le tribunal Administratif.
Les décisions dont nous venons de prendre connaissance montrent qu'il n'y a pas lieu d'agir avec frilosité devant ce genre de risque. Dans la mesure où les nuisances sont objectivées, mesurées et constatées par procès-verbaux, on observe que les plaignants sont reconnus dans leur aspiration à vivre et dormir en paix, et la Préfecture de police confirmée dans son droit à faire régner l'ordre républicain en la matière en prenant les dispositions qu'elle estime justes et pertinentes.
NB : Nous pouvons faire parvenir à ceux qui en font la demande en "commentaire" la copie de chacun de ces deux jugements