Entassement des tentes sous le parvis de l'école St Merri (Photo Le Monde)
Dans une lettre ouverte où la compassion est palpable, le Maire de Paris-centre Ariel Weil s'exprime sur l'occupation de l'espace public par des migrants sans-abri vraisemblablement sans-papiers installés dans nos arrondissements. Nous la reproduisons ci-dessous intégralement.
Avec un commentaire : le Maire fait appel à l’État qu'il rend responsable de la situation. C'est vrai en première instance mais rappelons que l’État c'est nous avec un Président Emmanuel Macron et ces femmes et ces hommes qui constituent l'Exécutif et exercent le pouvoir à l'Assemblée Nationale. Le lien vers nous est le Député que nous avons élu, Clara Chassaniol (suppléante du Ministre Clément Beaune) pour le secteur concerné.
C'est vers elle qu'il faut se tourner pour que nos lois soient telles que ces situations de débordement au caractère indigne ne se produisent pas. S'ils n'y parviennent pas, nous citoyens en tirerons les conséquences démocratiques.
En attendant il n'y a pas d'autre choix que de faire confiance à l'autorité municipale qui fait ce qu'elle peut mais qui elle aussi a le devoir de peser sur l’État et d'agir sur l'Exécutif.
Voici le texte de la lettre du Maire :
Personnes à la rue : la Mairie de Paris Centre met à l’abri toutes les familles
d’enfants scolarisés dans son secteur
Réaction d’Ariel Weil, Maire de Paris Centre, à l’occasion du Conseil de Secteur,
mardi 28 novembre 2023
Paris Centre est comme chacun sait un refuge multiséculaire pour les plus démunis, accueillant une multitude de dispositifs d’aides alimentaires, de prise en charge sociale, et d’accompagnement vers l’insertion grâce à un réseau solidement ancré sur notre territoire d’acteurs de solidarité, de secours et d’assistance : de l’Agora d’Emmaüs Solidarité aux paroisses en passant par les antennes locales de la Croix Rouge, des maraudes quotidiennes ou des centres d’accueil de jour et d’hébergement.
Chaque année lors de la Nuit de la Solidarité, Paris Centre affiche ainsi la plus grande densité de personnes vivant à la rue de tout Paris, de l’Ile de la Cité à Bonne Nouvelle, de Bastille à la Madeleine.
Mais cette année, c’est empreint d’une certaine gravité, d’une émotion sincère que j’exprime ma profonde préoccupation de constater un phénomène que Paris Centre n’a, me semble-t-il, jamais connu, celui d’une présence massive de familles avec enfants en bas-âge et de jeunes vivant à la rue, dans des conditions absolument indignes, dans le froid de l’hiver approchant, sous les abris qu’offre le paysage urbain de la ville.
À l’heure où je m’exprime, très concrètement, près de 200 tentes au total sont présentes chaque soir et chaque nuit sur le Parvis Elise et Célestin Freinet devant la plus grande école de Paris Centre, l’école Saint Merri-Renard, sous les alcôves du BHV le long de la rue de Rivoli, sous les arcades qui longent la Cité Internationale des arts, rue de l’Hôtel de Ville, en passant par les Halles.
Pour l’essentiel, ces tentes sont occupées par des familles avec enfants dont certains n’ont que quelques mois, d’autres scolarisés dans nos écoles publiques, et par des jeunes en recours de reconnaissance de minorité, jugés majeurs en première instance et qui s’accrochent à l’espoir d’une décision en appel favorable à leur séjour en France pour une longue durée. Cette situation dramatique et d’une ampleur inédite est constatée dans tout Paris, des campements sont également présents dans le 12e, le 18e et le 19e arrondissements.
Ainsi au mois d’octobre, chaque soir en moyenne, 1 129 personnes dorment dans la rue malgré leur demande répétée d’une place d’hébergement via le 115, dont j’ai pu moi-même constater la saturation en composant le numéro plusieurs fois, sans jamais parvenir à trouver quelqu'un au bout du fil.
Cette situation dure depuis plusieurs mois, et bien qu’à Paris Centre une grande opération de mise à l'abri organisée fin août a permis l'évacuation des campements du parvis Freinet et du BHV, ces derniers se sont reconstitués depuis les vacances de la Toussaint.
Ils sont soutenus et organisés par des associations comme UTOPIA 56, dans une stratégie de présence visible dans l’espace public pour alerter les pouvoirs publics et notamment les services de l’Etat, qui ont pleines compétences sur l’hébergement d’urgence.
Mais l’État est aujourd’hui le grand absent de la crise des familles à la rue à Paris. Il ne propose aucune solution à même de résorber ces situations indignes pourtant de son ressort et, pire, ne se saisit pas des opportunités d’installation de dispositifs d’hébergement et de prise en charge sociale des publics les plus démunis, lorsque les collectivités lui proposent une mise à disposition gratuite de lieux vacants présents sur leur territoire.
Rien qu’à Paris Centre, j’en ai proposé 6 ces dernières semaines, en lien avec les services de la Ville, qui n’attendent qu’un soutien financier et opérationnel de l’État pour ouvrir, dans le cadre des missions qui lui incombent : désignation d’un gestionnaire, financement de couchages, d’une restauration, d’un gardiennage et d’un travail social d'accompagnement des personnes accueillies.
Ailleurs à Paris, d’autres Maires proposent l’ouverture d’établissements scolaires vacants.
Alors, avec mon équipe municipale nous nous débrouillons seuls, nous faisons avec les moyens du bord, pour venir en aide aux personnes les plus fragiles vivant à la rue, à savoir les familles avec enfants.
Malgré nos nombreux appels au représentant de l’État, nous n’avons aucun retour sur la possibilité de financements de dispositifs d’hébergement dans un des locaux disponibles. Dans ces conditions, j’ai pris l’initiative de mettre à l’abri toutes les familles avec enfants scolarisés dans nos écoles que nous avons identifiées, dans une salle en Mairie et une loge temporairement vacante de gardien d’école, pour leur permettre de dormir au chaud et de recouvrir des conditions de vie décentes et dignes durant tout l’hiver, avec l’aide d’associations
partenaires, de bénévoles habitants, et un financement de la municipalité.
Ce soir, et jusqu’à nouvel ordre, aucune des familles d’enfants scolarisés au centre de Paris ne dormira à la rue.
Nous n'oublions pas les autres publics, les autres familles, les jeunes en recours, pour lesquels des solutions d’hébergement doivent être trouvées en urgence à l’approche de l’hiver.
Le partenariat entre l'État et la Ville de Paris est à cet égard vital pour garantir un déploiement rapide et efficace de dispositifs.
Ariel Weil,
Maire de Paris-centre
Contacts presse
Judith Cytrynowicz - [email protected] - 06 14 45 56 45
Henry Moncany de Saint-Aignan - [email protected] - 06 50 83 78 44