Devanture du commerce de restauration rapide Sweetbaker, 96 rue St Antoine (IVe) (Photo VlM/DT)
Plusieurs résidents du Marais (IVe) nous ont signalé cette incongruité. L'un d'eux a saisi l'Architecte des Bâtiments de France qui est intervenue et a constaté le 20 décembre 2024 : "la réalisation de travaux sans autorisation, car l’UDAP [unité départementale pour l'architecture et le patrimoine] de Paris n’a pas été saisie pour avis. Ces travaux par leurs dispositions (de couleur, rayures et grilles de ventilation toute hauteur notamment) portent atteinte au Site Patrimonial Remarquable [du Marais] et son Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV)."
Que va-t-il se passer maintenant ? C'est l'occasion pour nous de rappeler l'évolution de la réglementation en matière d'urbanisme et ses conséquences en matière de sauvegarde du patrimoine dont nous sommes dépositaires dans le Marais.
Jusqu'en 2008 l'ABF était un point de passage obligé pour les municipalités qui devaient impérativement soumettre les travaux d'urbanisme à son Visa Conforme. L'ABF disposait de moyens et dressait procès-verbal avec risques de poursuites pénales, avec ou sans l'appui de la municipalité.
Ces pouvoirs de l'ABF faisaient grincer des dents et de nombreux commentateurs en dénonçaient ses effets malthusiens sur le niveau des affaires.
Le gouvernement de Nicolas Sarkozy décida alors de partager également le pouvoir d'appréciation de la conformité entre l'ABF et le Maire. En même temps les moyens dédiés aux services territoriaux dont dépendaient l'ABF étaient soumis à une cure d'austérité. C'est ainsi que l'ABF qui gérait le Marais IIIe et IVe en 2008 est en charge aujourd'hui du Marais, de son SPR (site patrimonial remarquable) et des Xe et XVIIIe arrondissements.
Ce n'est pas faire injure aux ABF que de dire que leur influence, aux côtés de la mairie et de la technostructure de l'Urbanisme dont les moyens sont considérables, est difficile à exercer. Nous pensons que ce déséquilibre n'est pas à l'avantage de la protection du patrimoine.
On le sent bien dans la conclusion de notre ABF Avila TOURNY : "Afin de revenir à un état normalisé, j’en ai informé la Direction de l’urbanisme de la Ville de Paris qui en tant qu’autorité compétente en matière de délivrance des autorisations d’urbanisme est chargée de procéder aux verbalisations des infractions."
Le Sous-directeur du permis de construire et du paysage de la rue, à la Direction de l'urbanisme, lira vraisemblablement notre article. On espère qu'il reconnaîtra le bien-fondé de la demande et sanctionnera l'infraction.
Gérard Simonet