Corine Faugeron, conseillère du IVe arrondissement, élue "EELV" en 2008, vit dans le Marais depuis 1981
Nous l'avons reçue aujourd'hui au siège de l'association, au plus fort du déluge qui a sévi en début d'après-midi. Son suppléant, Boniface N'Cho n'avait pu se joindre à elle.
Mme Faugeron est historienne et archéologue de formation. Elle a travaillé pour le Musée National des Arts & Traditions Populaires et exerce à présent comme conservatrice de la collection du Musée privé Gaumont.
Notre entretien a démarré sur Paris. Elle affirme que "le Maire Bertrand Delanoë, depuis 2008, ne répond plus à l'attente des habitants". Il faut se rappeler que les Verts ont eu de l'influence à l'Hôtel de Ville au cours de la première mandature (2001-2008). Ils l'ont perdue depuis. Elle cite comme des erreurs : "les tours, l'extension de Roland Garros, les Berges de la Seine, le projet des Halles".
L'aménagement des berges de la Seine, qui nous touche directement, avec les quatre barges destinées à accueillir des bars-restaurants pour trois d'entre elles (la quatrième serait une "librairie" mais personne ne croit qu'elle puisse réussir ce qui devrait la condamner à devenir un bar elle aussi). Ces "lieux de vie" qui viendraient s'ajouter à la maison de l'octroi sous le quai des Célestins (dite la "Maison Rouge") transformée pareillement en lieu de restauration, ne feront que renforcer l'hyper-activité dont souffre déjà le secteur : accroissement du trafic auto sur la partie haute des berges, pollution et nuisances en tous genres pour les riverains.
Elle affirme que son parti et elle-même sont soucieux avant tout de la qualité de vie des habitants. Ainsi, elle se dit à l'unisson du conseil municipal pour affirmer son opposition au projet de boite de nuit rue Pierre au Lard, que les riverains rejettent. A propos des terrasses, elle voterait à l'assemblée nationale avec son groupe la hausse des amendes pour occupation illicite de l'espace public. Elle considère que ces décisions sont des mesures "de santé publique" dans la mesure où elles visent le bruit.
Au plan national, elle rappelle la position de son parti sur le nucléaire. Mis à part Fessenheim, "on ne se précipitera pas". "Les centrales seront démontées au rythme de l'introduction des solutions alternatives" pour une énergie renouvelable. Ce processus selon elle "pourrait prendre vingt ans".
De façon un peu provocante, elle souligne que l'abandon du nucléaire ne sera pas destructeur d'emplois puisque le démontage par lui-même nécessitera la présence ne nombreux ingénieurs et techniciens. (On peut avoir des doutes sur leur motivation à scier la branche qui les porte !)
Dans cet ordre d'idée, elle est naturellement et logiquement opposée à la poursuite des recherches sur la fusion nucléaire dans le cadre du projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor).
Pour finir sur la qualité de vie dans les villes, nous lui avons fait remarquer que la maitrise de la pollution s'est heurtée au remplacement des voitures par les motos qui bénéficient, dit-elle, "d'une indulgence invraisemblable". Elle indique notamment que "les deux roues motorisés devraient payer le stationnement comme tout le monde" y compris sur les trottoirs aménagés à cet effet, "avec un tarif adapté à leur taille".
On en est venu à la gestion de la dette. Pour Corine Faugeron, qu'on a trouvée un brin candide sur ce dossier, il faut continuer à financer notre économie car nous devons éviter absolument une récession génératrice de désordres sociaux et de révoltes. Nos créanciers doivent comprendre et accepter qu'on puisse ne pas les rembourser. On lui a rétorqué que ceci s'appelait "une faillite", elle reste dans un déni du problème en refusant l'austérité au nom de la "paix sociale" qui doit primer sur le reste.
Elle est tout de même favorable à des mesures qui visent à rétablir l'équilibre budgétaire. "Arrêter les projets débiles qui plombent la France : ceux de Paris dont on a déjà parlé et d'autres en province comme l'aéroport de Notre-Dame des Landes à Nantes" (que le Maire de Nantes, notre nouveau premier Ministre Jean-Marc Ayrault, semble avoir prudemment décidé de geler). Mère de quatre enfants, elle considère que l'argent est mal utilisé à l'Education Nationale et qu'il y a là aussi des gisements importants d'amélioration des performances "en travaillant autrement" car "les insuffisances de l'Education Nationale ne se limitent pas à des problèmes financiers".
Pour conclure sur l'équilibre, elle préconise "une hausse juste et équitable des impôts sans pénaliser les plus fragiles".
Nous sommes restés dans l'actualité en commentant la prise de position de la Ministre EELV Cécile Duflot sur le dépénalisation du cannabis. Elle confirme qu'elle est de cet avis car la dépénalisation est la meilleure façon d'arrêter les trafics qui font tant de dégâts dans la société.
Elle rappelle qu'un "voeu" a été voté en Mairie de Paris pour la création d'une "salle de consommation" (on dit aussi salle de "shoot") où l'usage de drogues serait possible (à défaut d'être légal ?) et contrôlé, à l'image d'expériences identiques qui ont eu lieu à Madrid, Genève et Bâle. "Même si le cannabis n’y sera pas interdit, les salles de consommation concernent les drogues dures et là il s’agit d’une mesure de santé publique pour éviter les contaminations par l’usage d’aiguilles sales par exemple. Et permettre aussi aux usagers de rencontrer des médecins".