Entrée de l' hôtel 11, rue des Gravilliers (IIIe)
Une façade grise, du verre et des montants en fer peints qui caractérisent souvent les ateliers d'artistes, donnent un aspect moderne à cet immeuble étroit situé au 11 de la rue des Gravilliers. Il s'agit en fait de l'entrée de l' Hôtel Jules et Jim. Ouvert depuis un peu plus d'un an, il se trouve à l'emplacement même qu' occupaient autrefois les établissements R. Pochat spécialisés dans le traitement des métaux précieux et laissés longtemps à l'abandon (cf notre article du 11 mai 2009)
IN MEMORIAM : Les établissements R. POCHAT
Cinq ans d'études et 19 mois de travaux auront été nécessaires pour parvenir à transformer les lieux en un établissement, non pas de charme, mais "intimiste" tel que l'affirme le publicité. La gageure était ambitieuse puisque tout ou presque a dû être revu, entre démolitions, purge des anciens locaux, pose d'étais impressionnants, renforcement de la façade, construction et réhabilitation. Des tonnes de gravats, de terre (le sol ayant dû être dépollué jusqu'à 5 m de profondeur) et de matériaux sont évacués avant d'effectuer le terrassement, puis de réaliser les fondations des immeubles en béton, dont un de 8 étages, qui abriteront des chambres.
Les chambres dont certaines avec balcon sont réparties dans 3 bâtiments que réunit la cour centrale pavée, sobre et accueillante où chacun peut flâner par beau temps.
Cour intérieure avec son feu à l'âtre
Les travaux ont été exécutés avec beaucoup de soin et le souci du détail, à la suite des études menées conjointement par les architectes y compris l' architecte des bâtiments de France, les décorateurs et les propriétaires. Des "curiosités" ont été installées ici ou là, elles donnent un caractère chic et une note à la fois sophistiquée et "branchée" à l'ensemble, comme ce joli mur végétal (un second va le rejoindre prochainement), cette cheminée à l'âtre dans la cour intérieure pavée, ce bois de pressoir devenu banc ou ces fûts en métal laqués de couleur éclatante qui servent de pots à des buis taillés en boule. Prendre un verre dans cet endroit chaleureux, le feu allumé est apaisant.
La réception de l'hôtel
Les chambres sont simples et bien conçues, garnies pour certaines d'entre elles d'une coque composite translucide donnant un aspect cocon à la pièce. La décoration est épurée. Nous avons remarqué, lors de la visite, des cadres mettant en valeur des "vestiges " trouvés sur place lors des travaux (morceaux de poteries des siècles passés). Le bar qui donne sur la cour est conçu tel un atelier ancien, une partie du sol est couvert d'un plancher récupéré sur place. Une plaque en verre épais a même été insérée parmi les lattes, ce qui permet d'apercevoir la cave éclairée avec ses bouteilles. Des objets décoratifs côtoient les livres et les revues, un appel à la lecture. Le mobilier oscille entre le style Jean Prouvé et le côté vintage des années 50/60.
Un des deux maîtres des lieux,Geoffroy Sciard, nous a fait découvrir l'endroit. La qualité de l'accueil qu'il nous a réservé liée à des commentaires passionnés sur l'histoire récente de l'hôtel et plus ancienne concernant le site rendent cette adresse encore plus sympathique. Il nous précise que des événements sont organisés périodiquement chez Jules et Jim, telle cette exposition de sculptures monumentales de Nicolas Lavarenne ou des projections de films dans la salle de cinéma aménagée à cet effet.
Sculpture "le guetteur" de N. Lavarenne
Pénétrer dans cet hôtel est donc franchement " bluffant" d'autant que derrière la façade, nous sommes loin d'imaginer ce que nous allons découvrir. Il n'a toutefois pas seulement suffi d'une idée, il a fallu aussi une bonne coopération entre tous les intervenants (la Ville, les Administrations, les Bâtiments de France, les architectes, les décorateurs, les spécialistes et les entreprises), un enthousiasme et une volonté proches de la passion pour mener à bien ce projet de longue haleine. La réussite est au rendez-vous et nous espérons que d'autres établissements de cette qualité et avec ce cachet le rejoindront.
Prix des chambres autour de 250 €/nuit, petit déjeuner : 18 €
Dominique Feutry