Ménie Grégoire, dans son appartement de la rue Chapon (IIIe). Elle restera dans nos mémoires l'ardent défenseur des droits de la femme (Photo VlM).
Nous avons appris aujourd'hui, avec tristesse, son décès à l'âge de 95 ans, au lendemain de son anniversaire.
Marie (Ménie) Grégoire est née en Vendée en 1919. Elle voulait être égyptologue, elle devint journaliste. Très jeune, elle s'intéresse au sort de la femme. Il faut se souvenir qu'à l'époque la femme n'avait pas la capacité juridique, ne votait pas, n'exerçait pas l'autorité parentale et était par conséquent subordonnée à l'autorité de son mari, pour ouvrir un compte en banque, signer un contrat .....
Peu d'entre elles occupaient des emplois valorisants. Esclaves de maternités généralement pas souhaitées, elles menaient une vie morose entre leurs enfants, la cuisine et le ménage.
Ménie Grégoire se fait connaitre par des manifestes en faveur des femmes. Elle fait des articles pour "ELLE" et "Marie-Claire", dans les années 60. Son premier livre "Le métier de femme" chez Plon fait sensation en 1965 et un ravage. Il bénéficie d'un fort tirage et attire l'attention de RTL.
En 1967, la chaîne de radiotélévision lui confie une émission journalière de une heure. Ils inventent ensemble la radio interactive, avec intervention directe des auditeurs dans l'émission. Dix pour cent (quand même !) des auditeurs de Ménie sont des hommes, mais l'écrasante majorité sont des femmes. Elles se réunissent par immeuble chez celle qui a le téléphone (tout le monde n'était pas raccordé au réseau) et se confient à Ménie qui sait si bien les écouter et leur parler.
Pendant ses émissions, l'audience de RTL atteignait 3 millions d'auditeurs. Un record pour l'époque, qui valut à Ménie l'estime et la considération de toute la profession et une popularité immense qu'on peut mesurer aujourd'hui aux 100.000 lettres qu'elle a reçues et qui sont désormais rangées aux archives de la ville de Tours.
Membre attentif de notre association, elle nous avait reçus plusieurs fois chez elle. Notre dernière rencontre date du 7 mars 2011. Nous étions accompagnés de journalistes belges qui souhaitaient recueillir une interview. Nous lui avons demandé la permission de faire la photo que nous publions ci-dessus. Elle s'était alors absentée pour se "refaire une beauté" et s'est prêtée ensuite au jeu des photos, de bonne grâce.
Chère Ménie, pour ce que vous avez été et pour ce que vous êtes encore, c'est à travers vous que nous célébrerons chaque année dans le Marais et sur notre blog, en souvenir de vous, la journée internationale de la femme.
Gérard Simonet