On ne peut pas dire que les habitants de Boston soient des plaisantins. Héritiers des migrants du Mayflower (les Pilgrim Fathers) qui aborda les côtes du Massachusetts en 1620, ils vivifient une métropole de près de cinq millions d’habitants qui accueille les plus grandes universités du monde, le M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology) et Harvard. Et Princeton, qui hébergea Albert Einstein, n'est pas loin ...
Les habitants de Boston viennent de se déterminer : ils disent NON à une candidature aux Jeux Olympiques de 2024. Leur Maire, Marty WALSH, vient de l'annoncer, en souhaitant avec une pointe d'humour, bonne chance à d'autres villes plus dignes que la sienne d'organiser une manifestation de cette envergure....
Parmi elles Paris, dont la Maire Anne Hidalgo a été un temps hésitante puis a cédé au lobby qui va du président François Hollande à tous ceux dont c'est l'intérêt que la Ville se lance dans l'aventure au risque de se trouver face à un déficit financier dont elle aura du mal à se remettre et que les contribuables parisiens devront bon gré mal gré assumer. Il faut méditer sur Londres, dont le budget initial des JO de 2012 était de 3 Milliards d'€ et qui a fini par atteindre la bagatelle de 13 Milliards d'€. Sans que les retombées soient au rendez-vous (voir à ce propos l'article très documenté de "The Economist" de février 2015 "Just Say No !")
L'erreur majeure de cette candidature ne s'arrête malheureusement pas à cette considération financière.
Paris, qui étouffe sous une densité d'habitants record en Europe (24.000 habitants au km², alors que Boston par exemple n'en affiche que 5.000), dont l'activité économique aspire ou stérilise celle de sa périphérie et engendre une demande de logements qu'on ne peut pas raisonnablement satisfaire. Paris dont la pollution aux particules fines est devenue intolérable et cause des ravages sur la santé de ses habitants. Paris où il est devenu impossible de faire régner un semblant de propreté tant les foules qui l'occupent deviennent incontrôlables avec un record mondial de 35 Millions de visiteurs par an (*). Paris ne peut pas assumer et ne veut pas d'un évènement qui ne peut qu'accentuer ses souffrances.
Un haut-lieu de Paris : l'eau du canal Saint Martin (Xe) (Dossier "Marion", habitante du Xe) Article "Les Inrocks"
A l'image des habitants de Boston, qui sont tout aussi respectables que ceux de chez nous, il faut que les parisiens fassent savoir urbi et orbi qu'ils ne sont pas d'accord pour que leur ville fasse acte de candidature. Le Comité International Olympique est sensible à l'accueil que réservent les citoyens au projet. Nous comptons sur de nombreux commentaires de nos lecteurs pour enrichir ce dossier.
Dire comme on l'entend que les français y sont favorables n'a pas de sens. Ce sont les parisiens exclusivement qu'il faut consulter et nous maintenons qu'un référendum doit être organisé à Paris, puisque c'est la Ville de Paris qui postule.
Nous demanderons aux médias de nous relayer. Les temps ont changé : sous la mandature précédente, les équipes dirigeantes de la Mairie de Paris pouvaient à coup de communication savante et de pseudo concertation ou démocratie de proximité faire passer des vessies pour des lanternes. Aujourd'hui, avec Internet et les réseaux sociaux, il n'est plus aussi facile de nous infantiliser avec un enfumage subtil car nous raisonnons et nous échangeons.
L'opposition mérite d'être fustigée son tour. Elle a cédé au chant des sirènes des promoteurs de la "Tour Triangle", elle a voté comme un seul homme en faveur des Jeux Olympiques de 2024 (sachant que nous sommes déjà concernés par les Jeux Gay de 2018 et l'Exposition Universelle de 2025), elle vote à chaque conseil de Paris le déluge de subventions aux associations qui emplissent les ordres du jour (voir celui des 29-30 juin et 1er juillet 2015) et vident nos poches. Il y a des élections importantes en décembre (Régionales). Il faudra que les masques tombent et que des engagements crédibles soient pris pour que nos bulletins aillent vers ceux qui partagent réellement nos convictions.
Gérard Simonet
(*) Ces 35 millions de visiteurs effectuent 4 nuitées environ par séjour. Ceci se traduit par un excédent "d'équivalent population" dans Paris de 350 à 400.000 personnes