Aucun consensus ne se dégage dans une association comme la nôtre sur la politique conduite à Paris en matière de déplacements. Les opinions divergent assez fort depuis la reconnaissance qu'il faut agir par tous les moyens contre la pollution des véhicules à moteurs thermiques car c'est une question de survie pour les parisiens jusqu'à la conclusion que la mairie fait tout le contraire de ce qu'il faut pour y parvenir.
Un effort de synthèse de ces opinions conduit à un pot-pourri de déclarations qui comportent leur part de vérité, d'illusions, d'intérêt personnel, de stupidité, de mauvaise foi et même d'érudition quand il s'agit de chimie de l'atmosphère, de production d'énergies alternatives ou de santé publique.
On entend que depuis des mois, la mairie de Paris met en place un plan anti voitures, en jouant sur les restrictions de circulation, dans l'espoir, porté par Anne Hidalgo et par le Maire-Adjoint de Paris en charge de la voirie et des déplacements Christophe Najdovski, d'un changement des comportements en faveur d'une baisse de la circulation automobile au profit des transports collectifs, de la marche à pieds, des vélos, des deux-roues électriques, mais aussi, à plus long terme, d'une baisse des nécessités de déplacement grâce au rapprochement de l'activité économique des zones résidentielles ou l'inverse.
Sa politique en faveur du vélo est jugée insuffisante et contre-productive, attentatoire au rayonnement de Paris et son attractivité.
Ceux qui la soutiennent font valoir que ce qui est visé en priorité est un rééquilibrage à somme nulle, - voire croissante - à tous les points de vue entre Paris intra-muros et la petite et la grande couronnes.
Par ailleurs, en renvoyant vers le RER le métro et le bus une partie des usagers, la mairie s’occupe de sujets qui ne sont pas directement de sa compétence. En effet, dans la division entre État et collectivités, c’est à la région Île-de-France qu’incombe exclusivement l’autorité sur les transports publics. On leur répond que les transports ne sont certes pas de sa compétence mais la Ville de Paris pèse lourd dans le STIF qui en est chargé. Quant à la lutte contre la pollution, on nous répond que seule la Ville en est comptable dans l'opinion des citadins même si cette pollution vient d'ailleurs ...
Aux yeux des érudits, Le "Grenelle de l’Environnement" (septembre-décembre 2007) a introduit le bonus/malus pour diminuer les rejets d’échappement en CO² des moteurs à combustion. Il se trouve que les moteurs à essence en rejettent beaucoup plus à puissance égale que les moteurs diesel. Les constructeurs ont donc choisi de développer les moteurs diesel pour échapper au malus … pour découvrir ensuite que les diesels rejettent des particules fines (PM 2,5) !
Les Normes européennes – voir tableau ci-dessous – la constante amélioration des carburants, l’ajout de filtres à particules, les nouveaux moteurs ont maîtrisé la pollution. Le hic c’est que le parc automobile est vieux et ne bénéficie pas de toutes ces améliorations. Pour échapper à la malédiction du diesel on nous vante la voiture électrique (très chère) … et pourquoi pas la voiture à essence ? (Elle rejette du benzène hautement cancérigène).
On en conclut que la voiture électrique est la solution. On ne peut pas ignorer cependant le pillage de la Mongolie par la Chine et de la Bolivie par les autres nations pour se procurer les terres rares (lanthanides) et le lithium nécessaires à la fabrication des batteries.
Pour finir, il faut bien les recharger ces batteries ! Si l’on tient compte du parc automobile français actuel, il faudrait construire l’équivalent de 4 centrales nucléaires type EPR pour fournir l’électricité … (au minimum 8 années pour chacune) sachant que la section des câbles électriques est trop faible et les transformateurs aussi pour une telle surcharge !
Quel bazar ! Sans oublier les bornes de recharge (dont les normes ne sont encore définies). Elles sont encore très rares et pour le moment on ne parle que des voitures car les camions, véhicules légers et tracteurs seront toujours au diesel.
Avec un peu de bon sens ne pourrait-on pas :
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Construire des voitures légères (la consommation est impactée par le poids), des voitures à 3 litres aux 100 kms ?
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Les camions : rejets des gaz d’échappement comme aux États-Unis (au dessus de la Cabine et non au ras du sol).
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Admettre que les voitures diesel très récentes ne polluent presque plus
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Faire évoluer les batteries sans dévaster encore la planète ?
Tableaux des Normes
Les normes pour les véhicules Diesel sont plus strictes que pour les véhicules essence :
DIESEL
ESSENCE
Norme
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Euro 1
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Euro 2
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Euro 3
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Euro 4
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Euro 512
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Euro 6b13
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Oxydes d'azote (NOx)
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150
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80
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60
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60
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Monoxyde de carbone (CO)
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2 720
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2 200
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2 200
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1 000
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1 000
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1 000
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Hydrocarbures (HC)
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200
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100
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100
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100
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Hydrocarbures non méthaniques (HCNM)
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68
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68
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HC + NOX
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Particules (PM)
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5* 1
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4,5* 1
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Particules (PN) (Nb/km)
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6×1012* 2
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Valeurs sauf PN exprimées en mg/km.
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↑ a et b Uniquement pour les voitures à essence à injection directe fonctionnant en mélange pauvre (combustion stratifiée).
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↑ Le règlement n° 459/2012 autorise les voitures à essence à injection directe à émettre 6 × 1012 particules jusqu'en 2017 ; au-delà, elles seront limitées à 6×1011 comme les véhicules Diesel.
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Source Wikipedia sur les normes Euro des émissions des moteurs. Donne des précisions sur les moteurs.
Pour ceux qui sont intéressés par leur contribution à la pollution automobile, voici le site officiel de simulations :
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R18602
Avec la contribution de Jean-Claude Théodart