Coureurs à pieds à Paris avant l'épidémie
LIBRE EXPRESSION :
Joggeurs et piétons : une cohabitation à risques
par Claude Mercier - 26 mai 2020
La présence, parmi les piétons, d'une proportion importante de joggeurs qui se déplacent à une vitesse plus élevée que les marcheurs pose le problème de l'observance des distances destinées à réduire le risque de transmission du virus. Ce risque est augmenté du fait de la respiration intense et haletante des joggeurs, rejette beaucoup plus de gouttelettes que celle des marcheurs. Ces gouttelettes, émises par des porteurs de virus qui souvent s'ignorent, sont le principal vecteur de transmission du virus à ceux qui les inhalent.
La distance recommandée entre marcheurs est de un mètre au moins. Cette distance doit être augmentée en cas de forte respiration et de risque de projection de gouttes de sueur. Plusieurs études recommandent qu'elle soit portée à plusieurs mètres. Or c'est loin d'être la cas avec la plupart des joggeurs. Leur proportion parmi les piétons après 19h avait progressivement augmenté après le 7 avril au point qu'ils étaient par endroit majoritaires.
Trop peu étaient soucieux d'observer des distances minimales, souvent assumées par les seuls marcheurs. Il était courant de se faire "raser" par des coureurs qui vous dépassaient et qu'on n'avait pas vu venir. Cet état de fait a perduré après la fin du confinement et a même été aggravé par la densité plus grande de la population dans les rues et un relâchement net des comportements.
Que ce soit pas inconscience ou par égoïsme des joggeurs, qui estiment peut-être que c'est aux seniors, généralement plus âgés et plus exposés aux risques liés au virus, de se garer, cela est inadmissible. Il faudrait que le port du masque, déjà obligatoire pour les acheteurs dans les magasins et les usagers des transports en commun, le devienne aussi pour les joggeurs dans la rue.
La sécurité de tous vaut bien une minuscule gêne respiratoire des joggeurs. Il faudrait aussi que cela soit contrôlé et éventuellement sanctionné. Les responsables politiques auront-ils le courage d'être plus fermes que pour l'invasion des trottoirs par trottinettes et vélos ?
Claude Mercier