Pied d'immeuble du 37 rue Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe)
Cette rue du IVe rivalise avec la rue des Archives toute proche pour le nombre de flyers au goût douteux qui envahissent les rebords de fenêtres, les voitures garées et tout support qui se prête à leur présentation, avant qu'ils n'aillent croupir en bouillie innommable dans les caniveaux d'où les agents de la propreté ont le plus grand mal à les déloger.
Elle détient désormais le record du plus long placard d'affiches sauvages de Paris : 20 mètres de linéaire d'affiches collées sur le pied d'immeuble du n° 37, en cours de travaux. Un seul et même annonceur s'affiche sur ce panneau, qui n'hésite pas à se livrer à un matraquage publicitaire, d'autant plus scandaleux qu'il est illicite.
Une organisation s'en préoccupe en France. Il s'agit d'une association nationale qui a sa délégation à Paris : R.A.P. pour "Résistance à l'Agression Publicitaire". Trois de ses animateurs nous ont rendu visite aujourd’hui. Ils nous ont exposé leur programme d'action en direction des mairies et de l'assemblée nationale, en coopération avec l'association "Paysages de France" qui lutte contre la pollution visuelle et la préservation des paysages.
Thomas Bourgenot, Khaled Gaiji (président) et Fabien Tipon (derrière l'objectif) de R.A.P. avec Gérard Simonet et Jean-Claude Théodart de "Vivre le Marais !" (Photos VlM)
Ils dénoncent comme nous la prolifération d'agences de communication qui ont fait de l'affichage sauvage leur fonds de commerce avec la complicité des annonceurs dont la plupart sont de grandes marques qui n’hésitent pas à sacrifier le paysage de la rue et même ses monuments à leur appétits marchands.
Les maires d'arrondissements, Pierre Aidenbaum (IIIe) et Jacques Boutault (IIe) notamment, sont montés au créneau pour que l'Hôtel de Ville et Mao Péninou, Adjoint à la Maire de Paris pour la propreté, prennent les mesures qui s'imposent et obtiennent si nécessaire un changement du cadre législatif ou réglementaire. Il faut savoir que le recouvrement d'office que la mairie est en droit d'appliquer et qui coûterait cher aux annonceurs et aux publicitaires, implique qu'il y ait notification d'infraction et un délai d'attente de 15 jours avant retrait des affiches fautives.
C'est largement assez pour que l'affiche ait fait son effet et rempli son but... Largement assez pour dissuader les fonctionnaires de la mairie de s'y lancer. Les statistiques en témoignent.
Il y a autour de nous auprès des riverains une volonté de compenser, par des actions directes, l'incapacité qui dans ce domaine comme dans d'autres caractérise le laisser-aller ambiant dont les citoyens se plaignent en France. Nous sommes convenus avec R.A.P. de canaliser cette volonté et prendre des mesures pour répondre à l'agression de façon rapide et efficace En attendant, chacun peut agir avec les moyens dont il dispose. Nous constatons d'ailleurs que le rejet des affiches sauvages est visible par le traitement que les habitants individuellement leur font subir.