On nous l’avait promis, le nouveau plan d’urbanisme de Paris (PLU) ferait l’objet de la vaste concertation que la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) impose en la matière. Les associations et les conseils de quartiers ont travaillé des mois sur les dossiers qui leur étaient soumis. On était prêt à reconnaître que, dans cette affaire, la démocratie de proximité avait bien fonctionné. C’était sans compter sur le coup de théâtre déclanché par le rapport de la commission d’enquête.
Ce rapport, dont le contenu nous a été révélé début juin, émet un avis favorable sous réserve de trois conditions. Cette formulation interdisait pratiquement au Maire de les refuser. S’y ajoutent vingt trois recommandations, des suggestions qui n’ont pas un caractère obligatoire.
Pour l’essentiel, les réserves introduisent une hausse du coefficient d’occupation du sol de 20% pour les logements sociaux et une autre hausse de 20% pour les constructions à hautes performances énergétiques ou utilisatrices d’énergies renouvelables. Le total fait 40 ou 44% de surface habitable en plus, suivant le mode de calcul.
Le coefficient (COS) est égal à « 3 » actuellement. Il passera donc à 4,2 voire 4,32. Ainsi un immeuble de cinq étages pourrait être surélevé de un à deux étages supplémentaires.
On se demande si cette politique est raisonnable quand on sait que Paris a une densité au m² qui est une des plus fortes du monde. A titre de comparaison, avec 20.137 hab/km² et 24.448 hab/km² (*) en excluant les bois de Boulogne et Vincennes, on avoisine Manhattan en laissant Londres loin derrière avec ses 8.663 hab/km².
Ces mesures s’ajoutent à l’obligation contenue dans le PLU de réserver 25% de logements sociaux dans les constructions nouvelles de plus de 1.000m². Les promoteurs et les banquiers avaient déjà plébiscité cette disposition qui, au prix d’une remise symbolique sur le prix, les assurent de vendre en bloc dès le départ 25% de leur programme à des investisseurs-bailleurs institutionnels, à l’exemple de la rénovation Cogedim du 21 rue Charlot.
On relève aussi dans les recommandations, la possibilité pour les mêmes motifs de dépasser le plafond des 37 mètres de hauteur pour les tours.
Qu’en sera-t-il du Marais ?
A priori, le PLU ne nous concerne pas car l’urbanisme dans nos quartiers est régi par le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV). Et c’est là que le bât blesse l’échine du Maire de Paris. Aussi a-t-il demandé sa révision. Il l’obtiendra sans doute car un certain nombre de bonnes raisons militent dans ce sens, notamment son inadaptation aux situations créées par la mise hors la loi de constructions parasites qui ont tendance à se pérenniser. Nous devrons veiller, toutefois, à ce que des constructions anarchiques et disgracieuses ne viennent pas dégrader la valeur architecturale de ce secteur historique qui attire les visiteurs du monde entier.
Nous devrons nous méfier des dents creuses qu’une extension du coefficient d’occupation pourrait inciter à combler. Mais aussi de la tentation de construire des étages supplémentaires sur des immeubles existants.
(*) source wikipedia—année 1999
On nous répond que les Bâtiments de France sont là pour veiller au respect de l’harmonie architecturale du Marais. Nous savons leur compétence mais nous pouvons craindre cette solidarité envers les architectes contemporains qui les conduit souvent à valider des projets innovants en apparence mais qu’on regrette ensuite amèrement
Exemple d’immeuble qui peut susciter des convoitises (rue St Antoine)