Deux images de la technoparade du samedi 15 septembre 2007 : des chars tonitruants qui se préparent au défilé, place de la Bastille ; des capteurs de bruit de Bruitparif disséminés sur le trajet, ici sur les toits du 2 rue au Maire, IIIe arrondissement.
A l'issue de ses deux premières années d'existence, Bruitparif dresse un bilan encore incomplet mais prometteur. Chargé de réconcilier la "carte du bruit" que la Mairie de Paris a distribuée hâtivement en 2005, avec la réalité du terrain, Bruitparif a choisi neuf sites caractéristiques pour y installer ses matériels d'enregistrement. Ce seront, notamment : le périphérique (porte des Lilas et un élément couvert), les zones héliportuaires (XVe et hôpital Georges Pompidou), les boulevards des Maréchaux, un lieu de vie (place Saint Michel), une zone ferroviaire (gare de Lyon), le métro aérien et un marché (Bd de la Chapelle). Rappelons que le Marais a déjà été contrôlé en décembre 2006, sur l'axe passant par la rue des Haudriettes.
Ces travaux sont indispensables pour que la Ville de Paris, contrainte par une directive de Bruxelles, déploie un plan d'actions contre le bruit dès le 31 juillet 2008.
Les prémices de ce plan ont été annoncées en février 2006 Plan de lutte contre le bruit - Paris.fr mais aucune mesure concrête n'a encore vu le jour. Les rencontres nécessaires avec les acteurs concernés, notamment la Préfecture de Police de Paris, et les ministères de l'Equipement et de l'Environnement n'ont pas eu lieu. Notre espoir de voir les klaxons jugulés dans les villes reste entier mais personne ne semble pour le moment s'en saisir.
En attendant, Bruitparif a fait ses griffes sur une manifestation considérée comme culturelle, cultuelle même pour ses thuriféraires, la Technoparade, ce défilé de chars équipés de matériel sonore de forte puissance. A ce titre, la manifestation est soumise aux règles de limitation d'émergences de bruit définies au code de santé publique article R 1334-33. La surenchère à laquelle se livrent les participants en matière de volume sonore a conduit les pouvoirs public et leur bras armé Bruitparif à dresser un bilan environnemental, qui porte sur le voisinage immédiat de la parade mais aussi sur un périmètre autour du trajet qui, cette année encore, a choisi le Marais.
Le rapport d'étude est maintenant disponible : Bruitparif: Rapport d'étude
Que doit-on en conclure ?
Force est de constater que cette manifestation suscite un fort engouement. 400.000 personnes ont défilé avec les chars, des jeunes pour l'essentiel. Il ne faut pas les en priver, seulement les mettre en garde sérieusement contre les risques qu'ils encourent pour leur audition. Cette année, 50.000 paires de bouchons d'oreilles ont été distribuées gratuitement par Bruitparif. Il reste donc 350.000 personnes qui ont subi l'assaut des décibels sans protection. Inquiétant quand on sait que le niveau sonore maximum imposé aux chars (105 décibels) a rarement été respecté.
Et que dire des riverains ?
Pour ceux qui étaient sur le trajet, ils ont été exposés à une tempête sonore de 94 décibels à 30 mètres, une "émergence" de 24 décibels par rapport au niveau de bruit habituel. Sachant que 3 décibels représentent un doublement de puissance ambiante, 24 décibels équivalent à 256 fois cette puissance.
Le capteur installé sur l'immeuble du 2 rue au Maire, à 500 mètres environ du passage du cortège, a relevé une émergence de 4 décibels, soit 2,5 fois le volume sonore habituel.
La conclusion est facile a tirer : oui à la Technoparade, en la réglementant et en mettant les participants en garde contre les risques qu'ils encourent pour leur santé. Non au choix, chaque année, du même parcours. Le Marais a déjà payé un large tribut. Nous demandons à la Préfecture de Police de suggérer, l'année prochaine, un autre itinéraire