Le grand hangar LISSAC (au second plan) vu du 5ème étage du 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe). Au premier plan, (vue sur pignon) la verrière du Centre Culturel Suisse. Deux constructions qui doivent disparaître conformément au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, quand les conditions sont satisfaites.
Depuis plusieurs années maintenant, le hangar LISSAC est inactif. Inscrit en orange (*) dans le PSMV du Marais, il est voué à la démolition. Les plans parcellaires précisent "espace vert à réaliser". Rappelons que l'objectif du PSMV est progressivement d'éliminer les constructions parasites pour rendre à nos quartiers la pureté de leur architecture originelle et donner de la respiration à un bâti très dense qui offre trop peu d'espace et de verdure.
En vertu d'un contrat signé avec la Ville de Paris, LISSAC avait obtenu le droit de conserver le bâtiment jusqu'à fin 2006, sous réserve de le céder gratuitement à la municipalité à cette échéance.
Dès que nous avons été avisés de l'affaire, nous en avons informé le conseil de quartier et le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum, qui nous a alors assurés, après en avoir référé à l'Hôtel de Ville, que les dispositions du PSMV seraient appliquées et que l'espace libéré par la démolition (600 m² environ) serait transformé en jardin public. Nous nous sommes naturellement réjoui de cet engagement.
Le projet a achoppé toutefois sur une contestation des héritières de LISSAC, au motif que le contrat conclu avec la Ville comportait des vices de forme qui le rendaient inopposable. Le litige est allé devant les tribunaux, mais en cours de procédure, les plaignantes ont renoncé au recours.
Le champ est libre par conséquent. La mairie devra naturellement s'assurer de la faisabilité du projet. L'accès, en particulier, pose un problème. Il peut se faire aujourd'hui par le passage des Arbalétriers mais cette voie est privée. Un accord avec ses propriétaires devrait être recherché. Il existe une alternative, l'accès par la rue Vieille du Temple ou par la rue Barbette, mais les préalables sont du même ordre.
Quoiqu'il en soit, l'attente est forte de la part des riverains et des amoureux du Marais, qui n'oublient pas le caractère historique du lieu. C'est là en effet, suivant certains témoignages, que venant de l'Hôtel Barbette où il était allé souper chez la reine (et, disent les pipistrelles, sa maîtresse) Isabeau de Bavière, et se dirigeant vers l'église Saint Paul, le Duc d'Orléans tomba dans un traquenard ourdi par des sbires du Duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui le laissèrent sur la chaussée, le poignet tranché et le crâne fendu (récit de Gourdon de Genouillac). Il est donc établi qu'à l'époque on pouvait cheminer de la rue Barbette vers la rue des Francs-Bourgeois par le passage des Arbalétriers ou accéder directement à la rue Vieille du Temple.
La création d'un jardin public et l'aménagement d'une promenade sur le parcours du Duc d'Orléans seraient d'un haut intérêt environnemental et touristique. La ruelle est aujourd'hui maltraitée. Ravalée sur sa rive droite (merci au Centre Culturel Suisse et aux autres copropriétaires) elle attend un traitement identique en face où les murs sont délabrés et couverts de graffiti. Elle témoigne pour nous des XIIIe/XIVe siècles dont elle a conservé l'architecture et la voirie et il y règne un parfum de moyen âge qui dépayse agréablement.
Les candidats aux municipales sont friands de projets phare. Celui-ci l'est particulièrement, y compris dans sa difficulté de mise en oeuvre qui implique persévérance, imagination et diplomatie du fait des nombreuses copropriétés concernées. On appréciera de connaître leur point de vue et leur motivation à le mener à terme. Pour sa part, Pierre Aidenbaum a déjà pris des initiatives, nous espérons qu'il est animé du désir de conclure.
La ruelle des Arbalétriers, qui borde le 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe), (anciennement "rue des poulies")
(*) Les "taches jaunes" sont des constructions dont la démolition est demandée. Les "taches orange" accordent aux bâtiments concernés un répit tant qu'ils abritent une activité économique.