17 boulevard Morland - IVe - Le siège de la Direction de l'Urbanisme de la Mairie de Paris
C'est dans ce bâtiment contemporain, austère et sans âme, qu'Alexandre Gady qualifie de "soviétique", que s'élabore le Plan Local d'Urbanisme (PLU) de Paris. C'est là aussi que sont instruits les dossiers de demande de permis de construire. Les cordonniers, c'est bien connu, sont souvent les plus mal chaussés.
Adopté en octobre 2007, après une passe d'armes avec les "Verts" qui se battaient contre les tours, le PLU nous est déjà soumis pour avis avant modification. Une enquête publique est en route. Le dossier pourra être consulté dans les mairies, celle du IIIe les 7 et 28 janvier 2009, celle du IVe, les 22 décembre et 31 janvier. Attention aux horaires, qui sont indiqués sur les panneaux d'information.
De quoi s'agit-il ? en quoi sommes nous concernés ?
Le but est de modifier certaines dispositions et d'en ajouter d'autres.
A première vue, nous ne sommes pas impliqués puisque le PLU ne s'applique pas au Marais, qui bénéficie d'un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV). Mais ce plan est en cours de révision pour, précisément, le mettre en harmonie avec le PLU de Paris. A la clé, une hausse du COS (coefficient d'occupation des sols) de 20% pour le logement social et 20% pour les bâtiments écologiques, des dispositions contre l'entreposage de marchandises en environnement résidentiel et une tentative de protéger le commerce traditionnel, en instance de jugement en appel, devant le Tribunal Administratif. On voit que ces dispositions nous concernent potentiellement.
Dans les modifications proposées, on trouve pêle-mêle des mesures : pour favoriser le développement durable, comme l'acceptation de saillies sur les immeubles si leur finalité est d'économiser ou produire de l'énergie (panneaux solaires, éoliennes** ... ), pour humaniser l'urbanisme par la création de voiries nouvelles, ou construire de nouveaux logements sociaux en assurant la récupération d'espaces délaissés.
On trouve aussi des corrections d'erreurs de jugement dans l'élaboration du plan initial. Par exemple, pour les nouvelles constructions, une hauteur de plafond pour les rez-de-chaussée de 2,50 mètres est, à la réflexion, jugée insuffisante. On décide de la porter à 3,50 mètres. Cette intention paraît légitime. Mais comme la hauteur de l'immeuble est limitée, il faut soit supprimer un étage, ce qui met en cause l'économie du projet, soit accepter une augmentation des hauteurs de un mètre. C'est ce qui est proposé.
Une volonté qui anime autant la Mairie de Paris que le Gouvernement va faire grincer des dents. De part et d'autre, on veut contrarier le développement des locations de logements meublés aux touristes. On sait que ces activités rapportent beaucoup plus que la location de logements vides. On va décourager cette pratique. Comment ? Le gouvernement pourrait peser sur la fiscalité des loueurs en meublés professionnels et non professionnels. Quant à la Mairie de Paris, nous attendons de savoir quels leviers elle pourrait actionner.
On trouve d'autres modifications dans le projet mais elles nous paraissent mineures ou ne concernent pas nos quartiers, notamment l'ajout d'une quarantaine d'immeubles sur la liste "protection Ville de Paris" (qui en comporte 5.000), en exécution d'un voeu de la Commission du Vieux Paris.
** qu'on se rassure, il ne s'agit pas d'éoliennes à hélices, avec leurs pales gigantesques, mais de turbines moins encombrantes.