Berlin, la porte de Brandebourg
L'an dernier à cette époque, le Maire de Paris, sous la pression insistante des professionnels de la nuit qui brandissaient une pétition sur le thème de "Paris, ses nuits meurent en silence...", confiait à son Adjoint Mao Péninou le soin de les revitaliser à travers des "états généraux de la nuit" qui se sont tenus, on s'en souvient, les 12 et 13 novembre 2010.
"Les nuits meurent ...", c'est le contraire de ce que nous observons sur le terrain. On n'a jamais vu autant de monde le soir et la nuit à Paris - Paris n'est-elle pas la ville la plus recherchée au monde avec quelque 35 millions de visiteurs par an ? Ceux dont l'intérêt est de vendre des boissons alcooliques et des appareils de sonorisation en veulent encore plus. Ils ont donné Berlin et Barcelone en modèle et demandé une aide à la Ville et à la Région (c'est-à-dire à nous-mêmes) pour qu'enfin nos nuits puissent concurrencer les leurs.
Il se trouve qu'on constate actuellement une forte réaction de rejet dans ces villes à l'égard de la fête et des beuveries qui l'accompagnent. Voici ce qu'en dit le très sérieux magazine allemand " der Spiegel" dans son édition du 12 septembre 2011.
Berlin : une ville à bout de nerfs
Des loyers élevés, du tourisme bon marché – les Berlinois vivent dans une métropole mais ils aimeraient avoir « une ville à eux ».
Histoire d’une ville qui se demande à qui elle appartient : à ses habitants ou bien au monde entier ?
(D'après Wiebke Hollersen et Dirk Kurbjuweit : Berlin, die überreizte Stadt, der Spiegel : 12/09/11)
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Les Berlinois doivent faire face à un nouveau défi : Berlin, à la fois capitale du monde et ville à vivre. L’économie de la ville reposant pour une très grande part sur le tourisme, les arguments des gens de l’hôtellerie, de la restauration et de l’immobilier semblent imparables.
Cependant, on assiste à un mouvement de protestation jusque-là jamais vu de la part des résidents berlinois.
On compte actuellement plus de 20 millions de nuitées par an à Berlin, et on en attend 30 millions cette année. L’année dernière, ce même nombre a augmenté de 10,2%, pour la première moitié de 2011, on enregistre une augmentation de 6,5 %.
Berlin attire comme un aimant, on aime Berlin malgré sa laideur. Berlin n’attire pas par ses vieilles pierres, mais par son atmosphère.
Par ailleurs, un des thèmes des dernières élections municipales était l’augmentation des loyers, qui semble aller de pair avec l’augmentation des touristes. Les loyers du centre ville ont augmenté de 14% en deux ans. 20 % de la population qui vivait à Prenzlauerberg a dû émigrer à la périphérie de la ville ne pouvant plus payer les loyers. C’est un des effets de la « boboisation » de ces quartiers que certains déplorent et dont d’autres se satisfont. C’est une conséquence aussi de la rénovation de ces quartiers.
Depuis quelques années, on assiste à la naissance sauvage d’un nouveau Berlin de touristes et de nouveaux arrivants. On entend de plus en plus parler de Berlin comme d’un gigantesque Disneyland.
Les protestations des riverains se multiplient : contre le bruit, contre la hausse des loyers, contre le nouvel aéroport.
D. Dagan a vu se transformer son immeuble en hôtel sans la moindre intervention des services publics. 10 appartements sur 21 sont loués à des touristes qui font la fête tous les soirs, qui jettent leurs ordures dans le hall d’entrée. Rien que dans la rue Wilhelmstraße (Mitte), on compte 257 appartements de vacances illégaux. D. Dagan a créé une association de riverains qui lutte pour un Berlin aux Berlinois.
Marion Mayr et Karsten Mierke luttent eux contre O. Winter, propriétaire de la chaîne d’hôtels « A&O », entre autres, et qui a très vite compris quel attrait représentait Berlin, d’abord pour les groupes scolaires, ensuite pour les touristes "easyjet". Marion et Karsten, Berlinois ordinaires qui vont au travail le matin et souhaiteraient dormir le soir, appellent la police toutes les nuits, ou rédigent des rapports sur le bruit : les bus s’entassent devant leur maison, les filles s’interpellent par les fenêtres de l’hôtel, les garçons grimpent sur les gouttières, les touristes titubent dans les rues et urinent dans les buissons, jettent et cassent les bouteilles de bières par terre.
A Kreuzberg, les écologistes ont appelé les riverains à une réunion avec le mot d’ordre : « au secours, les touristes arrivent ! »
Ce qui était autrefois le Berlin mythique et d’avant-garde est devenu la « partytown », constituée de restaurants, bars et bars à cocktails, qui étendent leur « happy-hour » jusqu’au matin, d’épiceries ouvertes toute la nuit offrant un choix immense de bières et transformant de ce fait les rues en bars géants. La moitié du Wrangelkiez est déjà conquis, de grandes parties du quartier Friedrichshain, la Oranienstraße à Kreuzberg et l’Oranienburgstraße à Mitte. Cette « partytown » commence à s’étendre vers Neukölln, quartier pauvre habité principalement par des immigrés. Là aussi, le combat a commencé.
Les agents immobiliers suivent les bars à la trace. D’abord ils laissent s’installer les bars et de là naît une « infrastructure subculturelle ». E. Skjerven, agent immobiler norvégien, est entré dans la danse il y a 5 ans. Il a déjà acheté plus de 14.000 appartements sur une zone qui s’étend de Pankow jusqu’à Zehlendorf. Il place l’argent de riches Norvégiens qui espèrent que les loyers vont augmenter, mais l’église norvégienne aussi a investi. Il est aussi question d’un fonds danois qui achète maison sur maison pour ensuite revendre après très forte augmentation les appartements séparément.
Berlin est devenu pour beaucoup trop cher et trop bruyant.
La ville a fait savoir il y a peu qu’une quinzaine de clubs étaient menacés de fermeture, suite à des plaintes du voisinage.
Pour reprendre une célèbre phrase d’Hans Magnus Enzensberger : « Le touriste détruit ce qu’il cherche, au moment où il le trouve. »
Synthèse et traduction : SD
Comment peut on laisser une des plus belles villes du monde, par son architecture devenir une ville de beuverie, laisser dégrader nos immeubles, laisser une jeunesse se détruire par les abus d'alcool, et de drogue.Nos constructions n'ont pas été adaptés, à la venue de boites de nuit, et de bars, pourquoi les riverains doivent ils subir dans leur habitation des nuisances sonores, mettant en danger leur santé et celle des enfants.
La vie serait plus agréable, avec toutes sortes de commerce, y compris des bars, mais en quantité modéré, les lieux culturels.
Je souhaite vivement une amélioration, pour pouvoir vivre à PARIS, une des plus belles villes du monde.
Une parisienne dans l'âme
Dominique
Rédigé par : Dominique ALAMICHEL | 08 novembre 2011 à 23:11
J'ai envie d'ajouter mon grain de sel à cette succession de commentaires dont la richesse témoigne de l'intérêt du sujet.
Un petit clin d'oeil déjà pour "l'indépendant du 4ème" à propos du "berliner". Que dire si JFK s'était trouvé à Hambourg ? Aurait-il eu la maladresse de se qualifier de "hamburger" ?
Personne ne rappelle ce qu'a été Berlin jusqu'au 9 novembre 1989 et pendant 28 années : une ville coupée en deux, une ville plus précisément où subsistait un îlot de liberté dans un océan du totalitarisme le plus dur d'Europe de l'Est. Pour compenser le poids de son isolement, la population a vécu dans l'exubérance d'un mode de vie et d'une créativité débridés.
On ne trouve plus aujourd'hui que la trace du mur dans le dessin des pavés mais l'esprit de la ville et son génie gardent la mémoire de ce passé récent.
Gérard Simonet
Rédigé par : Gérard Simonet | 01 novembre 2011 à 09:19
A l'attention de nos lecteurs,
Il est rare que nous supprimions un commentaire. Nous ne résistons pas, toutefois, au plaisir d'épingler celle/celui qui se cache sous le pseudonyme ludovic ou anthony. C'est la même personne.
Nous n'aurons pas la cruauté de dire qu'elle s'est trahie par ses fautes d'orthographe.
Il était plus facile de la confondre avec son adresse "IP" : 193.52.24.125 dans les deux cas.
Il ne nous reste plus qu'à pousser nos investigations pour révéler le commanditaire de ces commentaires qui prônent la fête à tout prix.
Vivre le Marais !
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 31 octobre 2011 à 12:07
Une réponse à marie-véronique:
Qui conseille aux riverains d'aller ce cloitrer dans des "Parcs", et pourquoi pas tant que vous y êtes dans des "cages"? Les lieux de vie pour les habitants du quartier s'ils sont a des kilomètres en banlieu n'ont plus rien de conviviaux et festifs. Nous ne voulons pas que nos rues soient mortes dès 18h. L'animation fait parti intégrante de la ville...
Rédigé par : anthony | 31 octobre 2011 à 10:06
"zone résidentielle" ?? a bon ? que je sache Paris n'est pas réservé ni faites qu'aux habitations dortoirs.. et heureusement. il faudrait presque selon certain ce résigner aux métro, boulot, dodo et tais toi. Non merci pas pour moi cette sinistre vie que l'on veux nous imposer.
Rédigé par : ludovic | 31 octobre 2011 à 07:18
Merci pour cet article
Je connais Berlin et trouve que Paris c'est déjà suffisant!
Que les Bobos aillent faire du bruit dans nos parcs hors zone résidentielle
avec des consignes de propreté pour la nature !
marie-véronique
Rédigé par : marie-véronique | 28 octobre 2011 à 19:25
En tant que jeune je tenais à dire que je péfére bien plus l'animation & les divertissements qui sont proposés à Berlin, au coeur de Londres ou Barcelone. Les ados ont beaucoups plus le choix contrairement à Paris. Je ne me vois vraiment pas prendre le métro en pleine nuit pour aller en Banlieu et passer une soirée entre amies.. Je reste donc dans mon quartier (4em) pour sortir tant qu'il est encore temps et de couvre feu a l'ordre du jour.
Rédigé par : sonia | 24 octobre 2011 à 12:51
Une réponse à Brice...
Je n'ai pas trop envie de dire "Ich bin ein Berliner" car quand JFK a fait cette affirmation en 1963 cela a fait rire sous les manteaux en Allemagne. Le "berliner" est le nom que l'on donne au beignet en allemand et donc en gros, on pouvait comprendre l'affirmation du président US comme un équivalent de "je suis une gaufre"...
Une petite anectdote berlinoise pour détendre l'atmosphère !
Rédigé par : L'Indépendant du 4e | 22 octobre 2011 à 14:40
Musée ou pas, Paris est une ville internationale, et nous devons avoir les infrastructures dignes pour le rester, nous ne pouvons pas rester figé, noyé dans du formol en ayant peur de tout changement. Comme toutes les autres capitales du monde notre ville doit rester animé, vivante et conviviale.
Rédigé par : charlotte | 21 octobre 2011 à 13:07
Mario devrait savoir qu'une "ville musée" c'est une ville qui a fait fuir tous ses habitants traditionnel et qui est livrée au commerce de souvenirs, aux fast foods et appartements meublés loués à la semaine ou à la nuit pour des gens qui viennent faire la java.On a d'autres ambitions pour Paris.
Gina
Rédigé par : Gina | 21 octobre 2011 à 10:24
Donc pour résumer une ville musée attire les touristes, les touristes transforme la ville, la ville à besoin des touristes, certains utopiste ne veulent d'aucune changement.. c'est le serpent qui ce mord la queue!
Rédigé par : Mario D. | 21 octobre 2011 à 08:59
Si les lieux qui accueil le public parisien et les touristes dans notre quartier sont insonorisés, pourquoi pas, même je trouve ça plutôt agréable de voir nos rues animées, commerces et bars vivant plutôt que des rues sombre et morte.
Lucie 75004
Rédigé par : lucie de 4eme | 20 octobre 2011 à 12:39
Retour d'un proche qui avait "fait Amsterdam" pour marquer ses 18 ans:
"Oui, je me suis bien éclaté, il y a des brars autant qu'on veut et on y trouve tout ce qu'on veut toute la nuit si on veut. Remarque, c'est beau aussi et j'ai visité un peu. Mais alors, pas la peine de chercher à parler à un amsterdamois, même pour demander ton chemin. Parait qu'ils ne peuvent plus supporter les touristes. Alors ils leur font la gueule. Remarque, ça peut se comprendre, si j'étais à leur place, je sais pas."
Et à Barcelone, Prague, Rome, Londres etc... ? Même chose pour Paris.
Rédigé par : c'est du vécu | 19 octobre 2011 à 08:38
A l'indépendant du 4ème:
Si vous alliez vous installer à Berlin, vous diriez "ich bin ein berliner" et vous ne supporteriez peut-être plus ceux qui viendraient chez vous vous déranger de jour comme de nuit.
Brice
Rédigé par : brice | 18 octobre 2011 à 21:07
Excellent article ! La veille de "vivre le marais" est toujours efficace.
Merci.
À transmettre de toute urgence à Mao Peninou et consorts, participants et organisateurs des États Généraux de la Nuit
Rédigé par : Fumeur | 18 octobre 2011 à 19:13
Heureusement, Paris n'en n'est pas encore tout à fait au stade de Berlin, mais l'évolution est inquiétante... Nous voyons déjà dans le Marais de nombreux immeubles ou studios transformés en chambres louées à la semaine. Les parisiens, du fait des prix élevés, ne peuvent plus se loger dans le centre, et le cercle vicieux se forme, dont l'ultime étape est la mort du centre ville... Espérons que la municipalité va le comprendre.
Rédigé par : Marie-Anne Stoeber | 18 octobre 2011 à 18:57
On peut ajouter que Bertrand Delanoë devrait surtout prendre pour modèle la propreté de Berlin et des autres villes allemandes !
Rédigé par : L'Indépendant du 4e | 18 octobre 2011 à 18:24
Personnellement j'adore Berlin. Je réfléchis parfois à aller m'y établir ! Après Londres, c'est la ville d'Europe où je me sens le mieux avec bien sûr Paris.
Par rapport à Paris les logements ne sont vraiment pas chers là-bas et le tissus urbain est beaucoup moins dense. On se sent respirer dans cette ville.
De plus globalement, les Berlinois sont plutôt moins stressés que les Parisiens.
Rédigé par : L'Indépendant du 4e | 18 octobre 2011 à 18:12
On constate le même raz le bol chez les habitants de Barcelone.Ils sont pourtant moins gênés car les établissements festifs sont à l'écart des zones résidentielles,contrairement à Paris où l'habitat est dense partout.
Jean Garnier
Rédigé par : Jean Garnier | 18 octobre 2011 à 15:31
Si je comprends bien, nous voilà à Paris avec un train de retard. Nous voulons suivre un modèle obsolète dont les berlinois
ne veulent plus, qu'ils rejettent avec ,semble-t-il plus d'efficacité! Je note que les écologistes allemands initient la lutte contre les abus et sont aux côtés des riverains. Pourquoi est-on à Paris en train de dégrader le mode de vie des habitants ???
Rédigé par : Esten | 18 octobre 2011 à 15:07
Super article!
Je viens de le poster sur mon profil Facebook!
Un riverain du 4ème
Rédigé par : un riverain du 4ème | 18 octobre 2011 à 15:06
Très bien. Il y a quelques semaines, la télévision a décrit les ravages causés par les jeunes Français qui envahissent une station de la Costa Brava pour de bruyantes beuveries, au grand dam des locaux qui n'en peuvent plus.
Ce phénomène, aux conséquences dommageables pour la qualité de vie ET pour la santé publique, devrait être activement combattu par tous les édiles, s'ils s'occupaient VRAIMENT de l'intérêt général. Il est de même nature, et a les mêmes effets lamentables, que l'absorption forcenée d'alcools par les ados lors de leurs soirées festives : on ne vient pas s'il n'y a pas d'alcool !!!
Michel Baillon
Rédigé par : Michel Baillon | 18 octobre 2011 à 14:50