En présence du Directeur de l’Etablissement Public, de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques et des différents intervenants, le Maire du 3e a organisé une réunion publique relative au chantier du Musée Picasso. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, la réouverture au public est fixée au 1er octobre 2013.
Après un bref historique sur le monument construit en 1656 pour le Fermier des gabelles, Pierre Aubert de Fontenay, l’Hôtel Salé, le plus grand corps de logis construit à cette époque, a subi des transformations au XVIIIe siècle puis fut vendu à la Révolution pour devenir un immeuble de rapport (Balzac y logea). Quelques années plus tard, il abrita l’Ecole Centrale des Arts et des Manufactures.
Un amphithéâtre est érigé sur la cour d’honneur et des salles de classe occupent les jardins. Après le déménagement de l’Ecole Centrale, à la fin du XIXe, un bronzier d’art s’y installe et aménage les appartements en « show-room ». Une école de formation aux métiers d’art le remplace juste après la seconde guerre mondiale. Des projets (musée de la mode, centre des archives de la Seine) sont envisagés durant les années soixante, mais la décision est prise d’y loger la dation Picasso. Des travaux sont entrepris sous la direction de l’architecte Roland Simonet et le musée ouvre en 1985.
Au fil des années, face à l'afflux des visiteurs, du fait que le projet initial n'a pas été réalisé en totalité pour des raisons de coûts, du fait aussi de l'entrée en vigueur de nouvelles normes, le musée présentait un certain nombre de défauts : une sécurité insuffisante, des accès (ascenseurs…) et une capacité d’accueil étriqués, des surfaces d’exposition limitées, une climatisation et des installations électriques à revoir…
Le but de la rénovation est donc de pallier ces problèmes et d’en profiter pour terminer le grand projet initial. Ce qui représente un coût de 51 millions d’€ (l’Etat et la Région apportent 19 millions €, une politique de prêts payants de œuvres durant la fermeture permet de compléter en partie le financement). Cette dépense très élevée comprend les travaux et des investissements dont l’acquisition de l’immeuble du 20, rue de la Perle où sera transférée l’administration du musée. Une boutique-galerie sera installée au 4, rue de Thorigny, elle ouvrira dans les toutes prochaines semaines et servira de lieu d’échanges avec le public sur le projet jusqu’à la livraison, prévue en mai prochain.
Nous retiendrons de la présentation à laquelle nous avons assité les évolutions les plus importantes. Ainsi les surfaces d’exposition passeront de 1600 à 5000 m2 soit 500 œuvres accrochées en permanence contre 300 auparavant. L’éclairage de l’escalier d’honneur et des vestibules qui ont traversé le temps est entièrement changé et sera plus doux. L’éclairage des façades sera entièrement revu. L’entrée se fera toujours par le porche (en restauration) rue de Thorigny et l’accès par un espace (emplacement de l’ancienne basse-cour) largement agrandi avec, au-dessus, l’installation d’un café prolongé d’une grande terrasse.
Projection non définitive du hall d'accueil (photo Bodin et associés Artefactory Lab.)
La circulation à l’intérieur du musée sera facilitée par la réouverture de portes qui avaient été condamnées. Le sous-sol des jardins sera organisé en réserve technique, salle de conférence de 100 places et locaux polyvalents car l’objectif est de recevoir 75 000 scolaires par an (une plage horaire de 9h00 à 11h00 leur sera consacrée chaque jour). Un accès dans les locaux, réservé au personnel, à la livraison de œuvres, sera possible à partir de la rue Vieille de Temple le long du square et du jardin côté rue de la Perle ou seront installés des édicules qui « s’inséreront dans la paysage » dont une sorte d’orangerie avec un habillage de plantes grimpantes « …plutôt que des buis ». Les tilleuls seront préservés et a priori l’emprise du square ne serait quasiment pas réduite. Ces installations nouvelles changeront toutefois l'aspect général de ce côté de l' Hôtel Salé auqel nous nous étions habitués.
Des échanges avec la salle, il ressort que la demande des riverains de réunir en un seul espace, le jardin et le square Léonor Fini ne sera pas possible pour des raisons de sécurité. Afin d’améliorer l’accès et les conditions de sécurité des réflexions sont en cours pour les aménagements des abords extérieurs du musée. En effet 800 0000 visiteurs par an sont attendus contre 300 0000 auparavant et davantage de scolaires. Beaucoup s’étonnent de la dangerosité de la rue de Thorigny, étroite ouverte à la circulation, où se situera l’entrée. Le Maire n’a pas caché qu’il ne pouvait pas grand'chose quant au choix de l’entrée qui est imposée. En revanche, il faut qu’il revoie le plan de circulation puisque pour l’instant tout est à l’état de réflexion.
Il ne savait plus d’ailleurs si un groupe de travail ad hoc avec des habitants existait. Sa préconisation, afin de faciliter l’accès pompiers mais aussi de réduire les nuisances sonores, serait de supprimer les places de stationnement de la rue des Coutures Saint-Gervais afin d’élargir la chaussée. Toutefois il y verrait bien une quarantaine de places de stationnement en épi pour les motos. Enfin, le mur côté musée, le long de cette même rue, n’est pas d’époque mais dans l'esprit, il devrait être maintenu. Nous devons donc être très vigilants et ne pas hésiter à donner notre point de vue (groupes de réflexion, espace échanges 4, rue de Thorigny…) car ces travaux d’aménagement des abords du musée seront réalisés pour longtemps en cette période de restrictions budgétaires.
Cette réunion a permis de mieux connaître le projet et son état d’avancement. La réouverture du Musée sera un événement culturel majeur pour Paris et notre quartier.
Gageons, comme l’ont souligné les participants, que des moyens suffisants, dignes de l’enjeu, soient engagés afin d’amélioration la circulation, la signalisation, la propreté, la sécurité du quartier et la qualité de vie de ses habitants. Il serait dommage que la coûteuse valorisation du musée et le travail des nombreuses personnes qui ont oeuvré à ce chantier soient mis à mal par une sous-évaluation de ces problématiques bien réelles.
Dominique Feutry