Bâtiments XVIIème de l'Hôtel Voisyn, 80 rue de Turenne (IIIe), côté rue
Construit au milieu du XVIIe siècle, l'Hôtel Voisyn qui est situé à quelques dizaines de mètres de l'église Saint-Denys du Saint-Sacrement, est un des grands hôtels particuliers typiques de l'époque. Le corps de logis principal est encadré par une cour pavée, que l'on découvre à l'entrée depuis la rue par un "bâtiment porche", sur la façade avant et un jardin sur la façade arrière.
Le grand jardin privé à l'arrière était bordé latéralement par un corps de logis secondaire ou galerie, longeant le mur gauche.
Des modifications sont apportées au XVIIIème siècle. L’Hôtel Voysin fut remis au goût du jour dans le style épuré du siècle des Lumières. Au siècle suivant, l’Hôtel fut transformé en atelier comme la plupart des immeubles du quartier, Il fut par ailleurs surélevé et un bâtiment industriel fut construit le long du jardin. Au XXème siècle, il est occupé par des artisans et peu à peu abandonné. Racheté en 2011 pour devenir un "immeuble de prestige". Le projet de rénovation a été confié par le promoteur à l’architecte Bertrand Monchecourt, architecte du patrimoine diplômé de l'Ecole du Louvre.
Maquette de l'Hôtel Voysin après rénovation (cabinet B. Monchecourt)
Les travaux ont débuté depuis lors et l'Hôtel n'est plus qu'un immense chantier. Cet édifice doit son nom à l'un de ses occupants, Daniel Voysin de la Noiray (1655-1717) qui fut un protégé de Madame de Maintenon qui appréciait son épouse (celle-ci n'a aucun point commun, malgré son nom, avec la « Voisin » mêlée au scandale de l'affaire des poisons). Cette proximité avec la maîtresse du roi Louis XIV a permis à Daniel Voysin de devenir directeur de l'école de Saint- Cyr, puis Secrétaire d'État à la Guerre et Chancelier de France .
Il fut mêlé à des affaires troubles de la fin du règne de Louis XIV. Au XVIIIe siècle, l'Hôtel sera un lieu privilégié par les grands personnages de l'État. Son dernier occupant célèbre fut le malheureux Marquis Jourdan de Launay, gouverneur de la Bastille qui fut massacré le 14 juillet 1789, c'est sa tête qui fut brandie au bout d'un pic ! L'Hôtel revint alors à l'une de ses filles, la baronne de Jumilhac, puis fut vendu en 1841 à Guillaumet de Chrétien et ensuite, en 1880, à un nommé Touchard.
La rénovation prévoit l'aménagement d'une cinquantaine d'appartements et 9 logements sociaux (représentant une surface totale de 553 m2 préemptés par la Ville pour un montant de 2,67 millions € en partie financés par des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations d'une durée de 40 et 50 ans, cf délibération du Conseil de Paris des 19 et 20 mars 2012).
Les surfaces des logements proposés à la vente oscilleront entre 30 et 120 m2. Une partie d'entre eux se situera dans l'ancien bâtiment industriel qui a été préservé. Il représente en effet un témoignage intéressant de l'architecture du XIX eme.
Un des 2 escaliers XVIIéme
Deux cages d'escaliers du XVIIème encore conservées seront sauvegardées. Les jardins seront en partie reconstitués. Augurons que cette rénovation respectera l'esprit voulu par les concepteurs des différentes parties de cet ensemble qui il est vrai a été bien malmené durant deux siècles...
Dominique Feutry