Niche sans sa Vierge depuis juin 2011 à l'angle des rues de Turenne et Villehardouin (IIIe)
Lorsque nous avons rédigé un article sur Marseille devenue en 2013 la capitale européenne de la culture (article du 5 janvier 2013), nous avons donné certaines caractéristiques concernant la ville sans citer parmi bien d’autres celle qui attire rapidement l’œil du touriste que parcourt les rues, à savoir la présence de nombreuses statues religieuses, le plus souvent représentant la Vierge dans des niches aménagées à cet effet dans les immeubles. Une sorte de multiplication à l’infini de la grande statue de Notre Dame de la Garde honorée par tous les habitants et les marseillais de cœur de toutes les religions. J’ai d’ailleurs eu le privilège de pénétrer à l’intérieur même de la Bonne Mère par l’escalier que cache sa robe et admirer, au travers de ses yeux, l’immense et unique panorama de Marseille et de ses environs.
Si je parle de cette particularité de Marseille, c’est parce que nous la retrouvons de façon moins marquée dans d’autres villes, notamment à Paris. La seule différence est qu’à Paris les niches sont très souvent vides, la Révolution est passée par là, alors qu’à Marseille les statues sont toujours dans leur habitacle, même si elle a pu être remplacée au cours du temps. Sur la Rive Droite de la Seine les plus nombreuses sont dans le IIe arrondissement. On en trouve en effet face à Notre Dame des Victoires en face de l’église du même nom, rue Notre Dame de la Recouvrance, les femmes enceintes venaient la prier, ou rue Saint Sauveur à l’emplacement d’une église du même nom disparue.
La même niche avec sa statue de la Vierge
Le Marais a aussi ses statues de la Vierge. L’une d’elles, assez récente, est située au coin de la rue Aubriot et de la rue Sainte Croix de la Bretonnerie, on peut y lire d’ailleurs une mention inscrite « Ecce Mater Tua », ce qui veut dire Voici la Mère. Elle a été placée à cet endroit en 1936 par les Amis du Vieux Paris.
Nous voudrions par contre attitrer l’attention sur une Vierge qui, jusqu’en juin 2011, trônait dans une jolie niche du XVIIIe, à l’angle des rues de Turenne et de Villehardouin. Malheureusement depuis le ravalement de l’immeuble durant l’été 2011, le logement de « Notre Dame de la rue de Turenne » reste désespérément vide. D’après le peu de renseignements que nous possédons, il s’avère que la copropriété a profité de ces travaux pour faire restaurer la statue, semble t-il en plâtre, classée à l’ISMH et dont ce n’était pas la première remise en état.
Statue en terre cuite à l'angle des rues Aubriot et Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe)
Mais qu’est –elle devenue ? Il est triste de ne plus voir « la jeune fille rieuse et couronnée qui saluait les passants » depuis son pied d’estale. Est –il prévu de la remettre ou d’en mettre une autre moins fragile ? Elle manque véritablement dans le paysage du quartier.
Il est important que ces maigres témoignages du passé subsistent et que chacun s’emploie, lorsqu’il le peut, à ne pas les laisser disparaître trop facilement. Il est possible que l’un de nos lecteurs ait une réponse pour expliquer les raisons soit d’une attente qui nous apparaît longue, soit d’une véritable disparition. Mais alors qu’est devenue la Vierge de la rue de Turenne et où se trouve-t-elle ?
Dominique Feutry